Mis en cause pour « apologie du terrorisme » sur les réseaux sociaux avant d’être finalement blanchi par la justice,Yacine Chaouat, assistant parlementaire d’un sénateur socialiste, contre-attaque sur le terrain judiciaire.
Son avocat, maître Antoine Casubolo Ferro, a déposé plainte ce jeudi avec constitution de partie civile pour « diffamation » et « dénonciation calomnieuse » auprès du doyen des juges d’instruction de Paris.
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Sur BFMTV, Florian Philippot lâche ainsi le nom de Yacine Chaouat ainsi que du sénateur qui l’emploie. « Je le donne [les noms] parce que l’AFP n’a pas fait son boulot […] Les Français ont droit de le savoir« , s’époumone-t-il.
L’hebdomadaire satirique comme le responsable frontiste sont visés par la plainte pour « diffamation » déposée par Yacine Chaouat. « M. Chaouat, qui a toujours été républicain et profondément attaché à la démocratie, se voit gravement atteint dans son honneurlorsque l’on veut lui imputer une sympathie avec le terrorisme djihadiste, alors qu’il le combat par son engagement politique même », écrit maître Antoine Casubolo Ferro, dénonçant un « préjudice d’une extrême gravité ».
La conseillère municipale de Metz et conseillère régionale FN Françoise Grolet est renvoyée devant le tribunal correctionnel ce mercredi 17 mai. L’élue avait posté sur sa page Facebook le 5 janvier 2017 une fausse information : elle annonçait « un Mettis attaqué par balles » la veille au soir [le Mettis est le bus à haut niveau de service de l’agglomération messine].
La mairie de Metz avait porté plainte et le procureur de la République a décidé de poursuivre l’élue Front national pour « diffusion de fausse nouvelle susceptible de troubler la sécurité publique« .
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Le réseau de bus de l’agglomération de Metz, le Met, est formel pour cette soirée du 4 janvier 2017 à laquelle Françoise Grolet fait référence: il n’y a pas eu de tir à balles réelles sur le Mettis, pas de caillassage de bus non plus, ni d’agression de chauffeur. Le maire de Metz, Dominique gros, avait vu rouge quand il avait appris que l’élue FN relayait cette fausse information.
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François Grolet dit avoir hésité à retirer son message sur Facebook mais au final, elle ne l’a pas fait car dit-elle, « on n’a jamais su le fin mot de l’histoire« , malgré le démenti public du maire.
Marion Maréchal Le Pen a partagé sans vérifier un article accusant Macron d’être financé par l’Arabie saoudite. Il s’agissait en fait d’un faux, imitant un article du quotidien belge «le Soir».
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«L’information» a été reprise très rapidement par des comptes Twitter de soutien à Marine Le Pen et à François Fillon, mais aussi par le site d’extrême droite identitaire Fdesouche.
Jamais l’AFP ni le Soir n’ont publié une dépêche avec de telles informations. Le site LeSoir.info est en fait un «clone» du site d’information du quotidien belge le Soir, dont la véritable adresse web est LeSoir.be.Entre l’original et la copie, seule l’adresse Internet et le contenu de l’article changent puisque les designs des deux sites sont en tout point les mêmes et que tous les liens de l’article sur Macron sur LeSoir.info renvoient vers LeSoir.be.
La rumeur est née de deux éléments : l’arrestation d’un suspect d’origine marocaine sur les lieux de l’attentat. Par ailleurs, « un témoin qui préfère garder l’anonymat » affirme que le tueur aurait crié « Allahu akbar » avant de tirer.L’attentat serait donc le fait de terroristes islamistes. D’ailleurs, le deuxième suspect, Alexandre Bissonnette, est « probablement un converti ».
Une théorie reprise notamment par, là encore par plusieurs médias le compte Twitter de la chaîne américaine Fow News… qui s’est finalement excuséed’avoir « commis une erreur ».
Car, après quelques heures en garde à vue, les enquêteurs n’ont plus aucun soupçon : cet homme n’est pas un suspect mais un témoin. D’après son témoignage recueilli par Radio Canada, il a été interpellé alors qu’il tentait de venir en aide aux victimes de l’attentat.
#Attentat de #Quebec Suite à l’enquête, l’autre individu est maintenant considéré comme témoin.
Après avoir réussi à placer leur candidat à la tête des Etats-Unis, certains militants de Donald Trump s’organisent pour faire gagner Marine Le Pen en 2017. Comme franceinfo auparavant, des journalistes du site américain BuzzFeed ont réussi à intégrer un groupe de discussion en ligne nommé « La grande libération de la France ». Dans cette conversation, une personne sous le pseudo de Trumpwin2016 demande aux internautes de créer de faux comptes Facebook et Twitter qui semblent français pour alimenter des pages pro-Marine Le Pen avec notamment des messages de soutien ou de diffuser des blagues sur François Fillon.
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Pour que cette manipulation des réseaux sociaux ne soit pas trop visible, il est demandé de créer des comptes bien particuliers : « Dans l’idéal des jeunes, des filles mignonnes, des gays, des juifs, en gros tous les gens qui ne sont pas censés être pro-[Front national]« , explique Trumpwin2016 dans l’un de ses messages postés sur la conversation.
Des images « prêtes à l’emploi » sont aussi disponibles pour créer des messages de propagande et les diffuser sur ces réseaux. « Aujourd’hui, il y a une sorte d’alliance molle entre des néo-fascistes russes (…) et ‘l’alt-right’ internationale« , explique un utilisateur anonyme aux journalistes de BuzzFeed.
Le maire de Béziers a été sacré pour ses mensonges répétés sur l’immigration. Il succède à Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy.
Après Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy, Robert Ménard a remporté le Grand Prix du meilleur menteur en politique 2016. Il a été distingué pour son incroyable constance dans le mensonge lorsqu’il évoque l’immigration. Notamment lorsqu’il imagine qu’un festival réserve une zone aux femmes… à cause des migrants, lorsqu’il prétend que 75% de l’immigration actuelle vient du Maghreb et de Turquie , lorsqu’il soutient que le regroupement familial représente 40% de l’immigration , lorsqu’il imagine que les cours de turc et d’arabe remplacent les cours de français et lorsqu’il manipule des chiffres pour montrer que les demandeurs d’asile hébergés à Béziers «ne repartiront jamais».
Manuel Valls a été sacré premier dauphin pour son retournement de veste spectaculaire (49.3, heures sup défiscalisées) en devenant candidat à la primaire du PS. Nicolas Sarkozy, qui avait remporté le Grand Prix en 2015, a obtenu à l’unanimité le prix spécial du jury pour l’ensemble de sa carrière. Nicolas Bay et Florian Philippot sont arrivés à égalité pour le prix du jeune espoir, qui récompense le meilleur menteur de moins de 45 ans.
Ce prix du menteur en politique, créé en 2015 à l’initiative du politologue Thomas Guénolé, vise à inciter la classe politique à moins mentir et encourager le grand public à vérifier les discours politiques.
Le vice-président du parti d’extrême droite, Florian Philippot, a justifié la campagne contre le candidat Les Républicains en réécrivant complètement l’histoire.
Des internautes diffusent une vidéo censée montrer des musulmans détruire un sapin de Noël en France ou en Suède. C’est faux.
Une vidéo censée montrer des musulmans en train d’attaquer un sapin de Noël a largement circulé sur les réseaux sociaux depuis le début du mois de novembre. Certains internautes et sites Internet d’extrême droite laissent entendre plus ou moins directement qu’elle aurait été tournée en France ou en Suède et la présentent comme une insulte aux coutumes occidentales. Ces images ont en réalité été complètement détournées de leur contexte.
« Voilà le respect […] envers la France et nos coutumes », lit-on par exemple dans un post Facebook accompagné de la vidéo, visionné près de 2 millions de fois depuis le 2 novembre.
Une autre version, véhiculée par les sites d’extrême droite resistancerepublicaine.eu, dreuz.info ou lesobservateurs.ch, indique que la vidéo aurait été tournée en Suède, avec les mêmes conclusions : « Eux se permettent de s’attaquer à nos croyances, à nos traditions, à nos coutumes… »
Cette rumeur a également largement circulé sur les réseaux sociaux aux Etats-Unis. « C’est pour cela que nous ne voulons pas de musulmans en Amérique », s’insurge ainsi cet internaute nationaliste dans un message partagé des milliers de fois sur Twitter.
Ces présentations sont en réalité complètement erronées. La première occurrence de la vidéo que nous avons pu retrouver sur les réseaux sociaux a été publiée le 4 janvier 2016 sur YouTube. L’auteur affirme alors qu’elle a été tournée au centre commercial Mall of Arabia, au Caire (Egypte).
A l’image, on voit une foule bruyante massée autour d’un sapin. Plusieurs personnes grimpent sur celui-ci et lancent des objets. La vidéo s’interrompt au bout d’une minute et trente-six secondes, sans intervention de personnels de sécurité. Le sapin est alors toujours debout et décoré.
Des enfants qui ont enlevé des décorations de l’arbre
Le centre commercial Mall of Arabia du Caire confirme au Monde que cette scène s’est bien déroulée dans son enceinte lors de la période des fêtes de Noël 2015. On nous précise en revanche que l’incident n’est pas allé plus loin que ce que l’on peut voir à l’image :
« Il s’agissait d’enfants qui ne savaient pas ce qu’ils faisaient et notre équipe de sécurité s’en est occupée dès qu’elle les a vus. »
On est donc bien loin du prétendu « massacre » de sapin de Noël par une population hostile aux valeurs occidentales.
Le parti d’extrême droite diffuse une série de tracts qui oppose la situation des migrants aux étudiants, agriculteurs ou mal-logés français. Avec des arguments trompeurs et erronés.
Des cadres du Front national, Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen en tête, partagent depuis jeudi 3 novembre des messages signés « Jeunes avec Marine » qui opposent la situation des migrants avec différents groupes de citoyens français. Chacune de ses publications a été partagée des centaines de fois sur Facebook et Twitter, comme on peut le voir sur la seule page du sénateur FN David Rachline.
Sauf que cette campagne de communication se base sur des exemples déformés, voire complètement malhonnêtes.
1. L’agriculteur qui « vit avec 284 euros par mois »
CE QUE DIT LE FN
POURQUOI C’EST FAUX
Aucun détail n’est donné sur « Pierre », l’agriculteur en retraite, mais cette présentation est pour le moins étonnante. Toute personne de nationalité française de plus de 65 ans qui réside dans le pays peut en effet bénéficier au minimum de l’Allocation de solidarité aux personnes âges, qui représente 801 euros par mois pour une personne seule sans revenus.
Plus largement, les exploitants et salariés agricoles n’ont pas un régime de retraite des plus favorables. Certains agriculteurs percoivent certes des pensions inférieures à 800 euros par mois. Mais dans ce cas, ils peuvent demander un complément de l’Aspa calculé en fonction de leur rente mensuelle, si les revenus du foyer ne dépassent pas le plafond de prévu. Ce qui est faux dans tous les cas, c’est d’affirmer qu’un agriculteur seul n’a pas le droit à des aides s’il touche une faible retraite.
Du côté des demandeurs d’asile, le chiffre de 330 euros mensuels correspond à l’Allocation pour demandeur d’asile versée à une personne seule sans place d’hébergement (le montant est de 204 euros avec hébergement). Cette aide ne concerne que le cas de l’asile, pas les autres migrants.
Il est donc erroné d’affirmer qu’un agriculteur retraité serait moins bien loti qu’un migrant qui touche 330 euros par mois.
2. Les migrants logés au détriment des étudiants
CE QUE DIT LE FN
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Là aussi, aucune précision n’est donnée sur le cas de cette prétendue « Julie ». On sait en revanche sur quels critères le Centre régional des œuvres universitaires (Crous) de Lille gère son parc de logements étudiants, comme il l’explique sur son site Internet :
« Les logements sont attribués en priorité aux étudiants déjà logés qui demandent leur maintien dans la même résidence, aux étudiants boursiers gérés par Campus France, aux étudiants de niveau BAC + 5 et plus, puis aux étudiants dont le niveau d’études est le plus élevé. »
A titre d’exemple, un étudiant enfant unique dont la famille gagne 25 000 euros annuels est boursier, selon le calculateur du Crous. C’est également le cas pour un foyer avec trois étudiants dans l’enseignement supérieur qui déclare 60 000 euros par an de revenus.
L’académie de Lille accueille environ 160 000 étudiants chaque année, selon les chiffres ministériels, pour seulement 10 175 places de logements au Crous de Lille. L’académie fait à ce titre partie des plus mauvais élèves en France, selon un rapport de la Cour des comptes publié en 2015.
Tous les publics ne sont pas affectés de la même manière par cette situation. « Pour les étudiants boursiers, ça va, mais c’est très compliqué d’avoir accès aux logements étudiants pour les autres, surtout les étudiants étrangers », note Anouar Benichou, président du syndicat étudiant UNEF à Lille.
Quant aux migrants accueillis à Lille après le démantèlement du camp de Calais, il s’agit de « 80 bénéficiaires de l’asile, inscrits par ailleurs à l’université Lille-III », indique-t-on au Centre national des œuvres universitaires (Cnous). Par ailleurs, la résidence Galois sur le campus de Villeneuve-d’Ascq, qui accueille ces demandeurs d’asile, est vouée à la destruction et ne devait accueillir personne au cours de l’année universitaire 2016-2017. La nature du bâtiment utilisé ainsi que le faible nombre de cas concernés fait qu’il est pour le moins disproportionné d’imputer le manque de logements étudiants à Lille à ces demandeurs d’asile.
3. Les logements sociaux « saturés par l’immigration »
CE QUE DIT LE FN
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Le FN prend là aussi des libertés avec la réalité, pour plusieurs raisons :
1. Les Français ne sont pas privés d’aides. D’abord, le parti d’extrême droite occulte les différents dispositifs d’hébergement d’urgence, de transition, puis de réinsertion dont les Français peuvent bénéficier. Sans nier l’ampleur du mal-logement, qui touche selon la Fondation Abbé-Pierre 3,8 millions de Français, dont 141 500 sans domicile et 85 000 dans des habitations de fortune, il est trompeur de laisser penser qu’une femme avec un enfant serait privée de toute aide de l’Etat.
2. Les migrants n’ont pas tous accès au logement social. Les migrants en situation irrégulière ou en cours de régularisation n’ont pas accès aux logements sociaux. Les réfugiés, quant à eux, ne peuvent y avoir accès qu’à la marge, dans des zones qui disposent de logements vacants, comme l’explique le ministère de l’intérieur sur son site.
Quant aux nouveaux arrivants en France en situation régulière, ils étaient 26 % à occuper un logement social en 2010, selon des statistiques ministérielles. Sachant qu’ils paient dans ce cas un loyer, comme tout autre occupant.
Il faut également rappeler qu’un peu plus d’une personne sans domicile sur deux (53 %) est de nationalité étrangère, selon les chiffres de l’Insee pour l’année 2012. Alors que les étrangers représentent 6,4 % de la population.
3. Les logements sociaux ne sont pas « saturés » uniquement à cause de l’immigration. Les ménages immigrés (naturalisés français compris) représentaient environ un résident en HLM sur six (16,5 %) en 2006, selon les chiffres du ministère de l’intérieur.
Gilles Kepel accuse le Bondy Blog d’être devenu une filiale des Frères Musulmans et s’en prend aux « islamo-gauchistes » qui sont selon lui des « charlatans ! »
A 61 ans, il est parfois temps de laisser la place aux jeunes. Gilles Kepel semble persuadé, comme il l’assène depuis longtemps, qu’on assiste à une « radicalisation de l’Islam » en France, là où Olivier Roy voit plutôt une « islamisation de la radicalité. » Mais son dada, à Gilles Kepel, c’est surtout de dénoncer les accusations d’islamophobie.
Pour lui, qui utilise toujours ce mot entre guillemets, reconnaître l’existence de l’islamophobie serait une façon de faire le jeu des djihadistes. Alors qu’Olivier Roy assure que l’islamophobie se développe en France, Gilles Kepel y voit plutôt de la victimisation qui ferait le jeu des terroristes. Et quand il est taxé de faire le jeu des islamophobes, Kepel s’emporte.
Je viens d’apprendre qu’on avait totalement été repris en main par les frères musulmans. Notez l’importance du « totalement » 😭😭😭 pic.twitter.com/lr8bedc6zd
Dans une interview au Nouvel Obs, aux journalistes du Bondy Blog qui l’avaient poussé dans ses retranchements, Gilles Kepel répond que ce média a « été totalement repris en main par cette frange frériste qui a fait de l’’islamophobie’ son principal slogan. » Selon l’ »islamologue », le Bondy Blog serait donc une filiale des Frères musulmans.
Dans son livre « La Fracture », tout juste publié, Gilles Kepel assure d’ailleurs que les intellectuels de gauche sont des « idéologues utiles des islamistes. » L’auteur y tire à boulets rouges sur les « islamo-gauchistes », qu’il qualifie de « charlatans. » En février déjà, Gilles Kepel reprenait à son compte, dans son livre « Terreur dans l’Hexagone », la théorie fumeuse selon laquelle le terme « islamophobie » avait été inventé « dans les années 1990 » par « les salafistes et les Frères Musulmans. »
« Trois nouveaux radars installés sur la rocade de Bordeaux » Le titre qui s’affiche à la « une » du site infos-bordeaux.fr, ne pose que peu question. Mais les autres articles mis en avant sur ce qui a tout l’air d’un site consacré à l’actualité bordelaise sont plus étranges :« Le local du Front national de nouveau vandalisé » ; « Des soldats d’Odin [milices d’extrême droite scandinaves] patrouillent dans les rues de Bordeaux » ; « Tentative d’incendie du futur centre de migrants » ; annonce d’une conférence d’Eric Zemmour…
Sur la page d’accueil d’Infos Bordeaux, on trouve dix occurrences du terme « migrant », mais pas une seule pour évoquer le classement de la ville en tête des cités les plus « branchées » selon le guide Lonely Planet, qui a pourtant fait la une de la presse locale.
Le phénomène est le même sur Breizh Info, un site qui dit traiter « de l’actualité bretonne et internationale », et qui affiche dès sa page d’accueil douze fois le terme « migrants » et huit fois celui d’« islam »…
On pourrait faire le même constat sur Rhône-Alpes Info, là encore un site censément neutre et consacré à l’actualité régionale, sur Nord Actu, pour les Hauts-de-France, ou sur Lengadoc Info, son équivalent pour le Sud : autant de sites qui ressemblent à de petits portails d’information locale et qui n’annoncent jamais leurs réelles intentions, bien différentes. Seul un mot peut mettre en garde, et encore faut-il en connaître le sens : tous ces sites d’apparence banale évoquent le concept de « réinformation », une formule chère à l’extrême droite.
La mouvance identitaire, qui gravite autour du Bloc identitaire, groupuscule d’extrême droite héritier d’Unité radicale (dont l’un des militants, Maxime Brunerie, avait tenté d’assassiner Jacques Chirac en juillet 2002), est en pointe dans ces nouvelles stratégies. Et à l’instar des ultracatholiques d’Alliance Vita et de leur réseau de vrais faux sites d’information sur l’IVG, des groupes de militants d’extrême droite ont, ces dernières années lancé toute une série de vrais faux sites locaux.
Un réseau de sites « faux nez »
Malgré des apparences de sites d’information « neutres », il suffit de se promener quelques minutes sur Info Bordeaux, Rhone-Alpes Info et leurs homologues pour constater que quelques sujets (migrants, islam, chrétienté, insécurité) y occupent la majeure partie de la couverture éditoriale.
Plus ou moins mis à jour et fréquentés, il en existe désormais un par région française ou presque. Ils présentent de nombreux points communs, tant par leur nom que par leur forme générale, comme l’a noté le site « Debunker de hoax » spécialisé dans la vérification de rumeurs venues de l’extrême droite, qui a déniché nombre de ces faux nez.
LES « RÉGIONAUX » :
– Sur Rhone-Alpes Info, l’orientation du site n’est pas très difficile à deviner si l’on prend la peine de chercher un peu : le site mentionne dans sa page « A propos » (quelque peu cachée) le nom de Sébastien Jallamion comme directeur de publication. Celui-ci est relativement connu dans les cercles de l’extrême droite. Policier proche du FN (il est membre du mouvement « frère » SIEL, Souveraineté, identité et libertés), il écrit ainsi régulièrement sur le blog islamophobe Riposte laïque ou sur le site Boulevard Voltaire, lancé par Robert Ménard.
– Breizh Info se trahit également à quelques détails, comme ce titre de rubrique« La Bretagne orange mécanique » (allusion à un livre, La France orange mécanique, très populaire à l’extrême droite) ; cette interview du fondateur très islamophobe de l’Observatoire de l’islamisation,Joachim Véliocas ; ou cette annonce d’un forum de la Fondation Polémia (créée par Jean-Yves Le Gallou, le théoricien cité plus haut). Parmi les membres de la rédaction, on compte d’ailleurs l’ancien président du mouvement identitaire Jeune Bretagne Yann Vallerie, ou un ancien candidat FN à Nantes, Thierry Monvoisin.
– Lengadoc Info est du même tonneau : parmi ses rédacteurs, Philippe Lambertin, qu’on retrouve dans les intervenants d’un colloque des identitaires du Midi en 2012 ; ou encore Jordi Vives, lui aussi présent sur le site des identitaires de la région, et contributeur au site d’extrême droite suisse Les Observateurs.
– Nord Actu ressemble fort, graphiquement, aux autres sites de notre liste. Ici, le seul responsable identifié se nomme Antoine Decoster, un nom qui ne renvoie à aucun autre résultat. Par ailleurs, le nom de domaine est enregistré au nom de l’association Réinformation en Nord. Là aussi, il suffit de quelques clics pour y trouver un « entretien exclusif » avec le patron de Génération identitaire Flandre-Artois-Hainaut, ou de nombreuses reprises d’autres sites de la mouvance, comme Breizh Info.
LES « CITADINS »
– Infos Toulouse est un autre site local, auquel le site de France 3 Midi-Pyrénées a consacré un article, expliquant qu’il était tenu par quelques « étudiants », qui admettent leur proximité avec l’extrême droite. On y trouve ainsi des « tribunes libres » de militants de La Manif pour tous, une rubrique « islamisation » et une autre « vivre ensemble », deux mots-clés du jargon des militants d’extrême droite, ou une annonce pour le prochain « opus » de Dieudonné, « fin connaisseur de la haine médiatique ».
– Infos Bordeaux est le plus discret : nulle mention de ses responsables dans la page « A propos », qui se contente d’évoquer une « agence de presse indépendante », qui « analyse les faces cachées de l’actualité, dont les grands médias ne parlent pas ». Plusieurs éléments permettent pourtant de deviner qui est derrière ce site : un renvoi vers TV libertés, webTV d’extrême droite ; ou celle d’un bandeau guidant vers un dossier sur le « mariage » homosexuel, où le terme est placé entre guillemets. Le nom du directeur de la publication du site, Bertrand Lescure, qui pourrait être un pseudonyme, ne renvoie aucun écho, sinon une chaîne YouTube contenant une quinzaine de vidéos stigmatisant les migrants, le mariage homosexuel ou l’islam.
– Paris Vox : La région parisienne dispose aussi de « son » site local de réinformation. Là encore, sous une apparence « banale », les titres et les sujets traités laissent peu de place au doute : évocation régulière d’actions de militants identitaires ou de militants de la mouvance La Manif pour tous, sans parler des conférences de la Fondation Polémia de M. Le Gallou. Quant aux contributeurs de ce site, le directeur de la publication, Xavier Neman, comme le rédacteur en chef, Pierre d’Her, sont tous deux membres actifs de la mouvance identitaire. Le premier est chroniqueur à Elements, la revue du Gréce (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne, l’un des creusets de l’extrême droite moderne); le second est trésorier d’une association, Solidarité identités, qui gravite dans la sphère identitaire.
– Nice Provence : Une nouvelle fois, sous des dehors de site d’informations locales, Nice Provence cache mal un certain tropisme identitaire. Et pour cause : son rédacteur en chef, Georges Gourdin, fut membre du bureau directeur du Bloc identitaire en 2012. Un autre chroniqueur, Pierre Lance, est également une figure intellectuelle à l’extrême droite.
Faire masse et tromper le public
L’objectif de tous ces sites est de contribuer à gonfler les résultats des recherches sur quelques thèmes, toujours les mêmes : islam, immigration, insécurité, défense des traditions, etc.
Forts tout au plus de quelques milliers de militants, les identitaires, grâce à ces tactiques, se font plus gros que ce qu’ils sont, et contribuent avec bien d’autres à mettre en avant des thèmes qui correspondent à leur agenda politique, bernant au passage des lecteurs qui cherchaient simplement une information locale. Le Monde