Après Juppé et les mosquées, l’intox du FN sur Fillon et les minarets

Le vice-président du parti d’extrême droite, Florian Philippot, a justifié la campagne contre le candidat Les Républicains en réécrivant complètement l’histoire.

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Le FN a vraiment envie de camper François Fillon en candidat des minarets, fut-ce au prix de plusieurs intox… Des affiches dénonçant des positions supposées sur l’islam et les migrants ont d’abord fleuri dès l’annonce dimanche soir de la victoire du candidat à la primaire de la droite sous le hashtag #LeVraiFillon. On y voit des citations sorties de leur contexte, mais sourcées et datées. L’une d’entre elle l’est du 4 décembre… 2016.

Comme la date le laisse deviner, la phrase de Fillon n’a pas été prononcée le 4 décembre 2016, c’est-à-dire dans cinq jours, mais en 2009, lors d’un discours sur l’identité française.

Interrogé sur cette grossière manipulation (ou erreur, pour être indulgent) par Patrick Cohen dans l’émission C à Vous, lundi soir, Florian Philippot a reconnu une erreur sur la date… mais n’a pu s’empêcher de remplacer une intox par une autre. «On m’a signalé cette coquille, ça doit être 2010, je crois. C’était au moment où il avait inauguré… c’était le premier Premier ministre de l’histoire de la Ve République qui était allé inaugurer officiellement une grande mosquée, à Argenteuil [dans le Val-d’Oise, ndlr]. 3 000 m² avec dôme et minaret. Donc on lui avait demandé à l’époque, enfin l’AFP lui avait demandé son avis sur les minarets, il avait dit « Moi ça ne me choque pas »…»

Référendum suisse

Sauf que cette phrase n’a pas été prononcée en 2016, mais pas davantage en 2010 dans le cadre de l’inauguration d’une mosquée, comme le dit Philippot. C’est le 4 décembre 2009 que François Fillon a prononcé ces mots, six mois avant l’inauguration de la mosquée d’Argenteuil, et dans un tout autre contexte. Ce jour là, l’institut Montaigne organise un colloque sur «Qu’est-ce qu’être français ?» dont François Filllon prononce le discours de clôture. En plein débat sur l’identité nationale, le Premier ministre de l’époque fait référence à la votation suisse sur l’interdiction de la construction de nouveaux minarets (approuvée à 57 % en novembre 2009).

Ce qu’il a dit : «Le récent référendum suisse sur les minarets suscite des débats. Je l’aborde avec quelques convictions simples et claires […] La France est laïque, mais la France est tout naturellement traversée par un vieil héritage chrétien qui ne saurait être ignoré par les autres religions installées plus récemment sur notre sol. Il est normal et légitime que les pratiquants puissent exercer leur foi dans des conditions dignes. Et on ne dira jamais à quel point il faut préférer des mosquées ouvertes à des caves obscures. Quant aux minarets, qui sont d’ailleurs assez peu nombreux en France, je dis simplement qu’ils doivent s’inscrire de façon raisonnable et harmonieuse dans notre environnement urbain et social.»

Un discours sur l’identité nationale

Ce n’est donc pas interrogé par l’AFP que Fillon s’est prononcé sur les minarets mais dans un discours sur l’identité nationale, repris par l’AFP, où il rappelle à plusieurs reprises «l’héritage chrétien» et «la tradition chrétienne» de la France. Et poursuit : «Ce qui doit être combattu, mesdames et messieurs, c’est l’intégrisme, mais surtout pas les musulmans. Il ne faut pas tout confondre. Ce qui doit être recherché, c’est un islam de France, plutôt qu’un islam qui s’impose en France. Et c’est cet objectif que le gouvernement poursuit avec les représentants de la communauté musulmane.»

Son discours in extenso, qui n’est franchement pas en faveur des minarets, est d’ailleurs en ligne. Mais il était sûrement plus simple pour Florian Philippot de le lier à l’inauguration d’une mosquée qu’à un discours sur l’identité nationale. Il faut croire qu’après avoir grimé Alain Juppé en Ali Juppé, l’extrême droite n’a pas trop l’intention de s’embarrasser avec les faits pour dépeindre François Fillon en fondamentalisme islamiste.

Libe

6 réflexions sur “Après Juppé et les mosquées, l’intox du FN sur Fillon et les minarets

  1. Fillon amalgame musulman et terrorisme. Pas que lui remarque. Toute la classe politique française. Et les médias plus encore.
    Les musulmans posent un problème disent-ils.
    De Hollande en passant par Fillon ou le Pen, tous le disent.
    Daesh amalgame les chrétiens aux guerres occidentales.
    Nous nous amalgamons terrorisme et musulman.
    Les deux ont le meme logiciel. Aussi barrés l’un que l’autre.
    Les occidentaux croisés tueurs de musulmans versus les musulmans radicalisés et ennemis de la république.
    Deux memes propagation et endoctrinement.
    Nos politiques et médias n’ont rien à faire que sunnites ou chiites soient massacrés tout autant que des chrétiens, d’ailleurs on n’en massacre nous memes.
    Ce qui leur importe est de susciter la haine à l’endroit des musulmans, comme daesh. Meme logiciel.
    L’ennemi d’une autre confession. L’ennemi musulman.
    L’occident relais la meme propagande que daesh mas à l’envers.

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  2. Fillon a dit, Assad doit rester autrement, si les sunnites dirigent ils tueront les chrétiens. Il est en guerre de religion contre les sunnites donc et pas contre daesh.
    Daesh est un groupe terroriste sunnite, Fillon décrète donc les sunnites comme étant des ennemis. Complètement fou.

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