Charline Grillon: «J’étais catholique. Je suis devenue musulmane»

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Et vous comment ça va ?

«Ça va bien. Je suis en train de terminer mon travail de master en psychologie à l’UNIL. Je me suis intéressée à la représentation du psychothérapeute au cinéma. Dans l’idéal, j’aimerais devenir psychologue clinicienne pour aider les gens à moins souffrir dans leur vie. La question qui me turlupine est de savoir si l’on peut les aider. Si je ne suis pas trop jeune pour ça. N’importe qui peut apporter quelque chose à l’autre, s’il est prêt à recevoir. L’important, c’est d’être sensible à ce que la personne ressent. Bien écouter, c’est écouter avec ses oreilles, ses yeux et son cœur.

J’ai été baptisée catholique, j’ai fait ma communion, puis ma ratification. J’ai toujours cru qu’il y avait une force. En grandissant, je me disais: «C’est pas possible qu’il y ait des gens qui fassent du bien, d’autres du mal, et quand on meurt il n’y a pas de différence entre les deux.» J’ai besoin de croire que le bien va être récompensé, sinon je n’avance plus. Je crois tellement à la bonté. Ça me permet de faire du bien autour de moi et de ne pas me venger quand on me fait du mal. J’essaie également de ne pas juger et de ne pas blesser. Souvent, on me dit que je suis naïve. Ce n’est pas le cas. Ma façon de me battre, c’est d’être gentille et de prendre soin des autres.

J’ai essayé de prier dans ma religion. J’ai essayé de faire carême, mais je n’ai pas eu de feeling. Il y a quelques années, je me suis intéressée à la religion musulmane. L’écriture arabe m’attire beaucoup et la culture m’intéresse. Sur Facebook, j’ai commencé à lire de petites histoires avec une morale à la fin. Elles me permettent de garder espoir. Parfois, elles disent juste: «Ne juge pas les autres. Si ton frère fait une erreur, trouve-lui dix excuses. Et si tu n’en trouves pas, dis-toi qu’il avait une bonne excuse.»

De fil en aiguille, j’ai lu des versets du Coran, puis tout le Coran. Puis j’ai fait ramadan. Le fait de ne pas manger et de ne pas boire rend sensible à plein de choses. Mon cœur est alors calme. J’ai fait la chahada, chez moi, dans ma chambre. C’est l’attestation de foi. On atteste qu’il n’y a de Dieu que Dieu et que Mahomet est le messager. Certains disent qu’on doit faire ça à la mosquée. Mais si l’on y croit vraiment, Dieu le sait.

Il n’y a pas de mosquée à Echallens, où j’habite. Je prie chez moi ou dans la salle de méditation de l’UNIL. Prier cinq fois par jour, ça permet de faire une pause. Je me sens bien dans cette religion. Au début, mes parents avaient peur. Depuis, ils se sont habitués. Ça aurait moins gêné mon père que je devienne bouddhiste. J’aimerais bien écouter des prières à la mosquée, mais j’ai peur que mes parents le prennent mal. Lorsque l’occasion se présentera, j’irai.

La bonne religion

Quelque chose qui correspond à ma sensibilité m’a profondément touchée dans l’islam. Mon père et ma mère pensaient que j’étais devenue musulmane pour les provoquer et que ça passerait. Ma foi ne passera jamais, mais je ne sais pas si je prierai toute ma vie. Je ne porte pas le foulard. Si je le mettais, ce serait une provocation dans ma famille. Je pense que chacun doit faire comme il en a envie, mais je sais que le voile est une des grandes questions dans le monde musulman.

Certains disent que son port est obligatoire, d’autres disent le contraire. Généralement, je m’habille avec des habits longs. La piscine? Je n’aime pas ça. La pudeur, et pas seulement la pudeur physique, et le respect sont des qualités dans la religion musulmane. Ce que mes amis disent de ma reconversion? «Si ça te fait du bien, on est contents pour toi.»

Parallèlement à mes études, je joue aux échecs. J’ai été championne suisse féminine des moins de 16 ans. J’ai participé aux Olympiades en 2014 et je fais de la compétition au niveau suisse. Je donne des cours aux enfants, dans le cadre d’un club. Mais le sport qui me passionne par-dessus tout, c’est la boxe thaïlandaise. C’est un sport qui permet d’oublier ses tracas et ses tensions. Le club, c’est une famille: tout le monde prend soin les uns des autres et se soutient. Je m’entraîne deux ou trois heures par jour. Je suis en T-shirt et en short de boxe avec un legging. Je combats contre des filles d’autres clubs. La boxe thaïlandaise m’a permis de me rendre compte de tout ce que je suis capable de faire, de dépasser mes limites physiques et mentales.

Dans la vie, j’aimerais que chacun essaie de prendre soin de tous ceux qui sont autour de lui, avant lui-même. D’autres personnes prendront soin de lui. Je sais que c’est une utopie. Et je sais que ce n’est qu’une petite goutte dans 50 milliards d’océan. Mais une goutte, c’est déjà ça.»

Hebdo

Eric Zemmour provoque le malaise sur le plateau de «C à vous» avec des propos islamophobes

Dérapage d’Eric Zemmour dans C à Vous : le CSA s’empare de l’affaire après 700 plaintes

Eric Zemmour a tenu une nouvelle fois un discours interprété comme anti-musulmans tout au long de son passage dans l’émission de France 5. Scandalisés, les téléspectateurs ont saisi le CSA qui a réagi sur Twitter. « Plus de 700 signalements concernant l’émission #CàVous (6/09) ont été reçus. Le dossier sera instruit prochainement« ,

Télé Star


Zemmour : les musulmans doivent choisir entre la France et l’Islam


Eric Zemmour provoque le malaise sur le plateau de «C à vous» avec des propos islamophobes

Invité dans l’émission « C à vous », Eric Zemmour a une nouvelle fois choqué avec ses propos tendancieux au sujet des musulmans et des étrangers. Il a même provoqué la colère de certains internautes sur Twitter.

Eric Zemmour était l’invité d’Anne-Sophie Lapix, ce mardi 6 septembre dans l’émission C à vous. Et fidèle à son habitude, il a mis le feu au poudre avec de nouvelles sorties de route. L’éditorialiste présentait son livre « Un quinquennat pour rien ». Un titre trompeur pour l’animatrice qui l’attaque dès son arrivée en plateau : il s’agit d’un livre sur l’Islam « que vous amalgamez avec l’islamisme », lance Anne-Sophie Lapix. Eric Zemmour s’explique.

Pour lui, l’Islam est une religion de guerre et de soumission. « Il n’y a pas de musulmans modérés », selon lui, « il y a ceux qui appliquent à lettres et ceux qui n’appliquent pas, il y a des bons et des mauvais musulmans ». Ulcéré, Patrick Cohen l’interpelle : « ce n’est pas à vous de dire qui est un bon ou un mauvais musulman ».

MALAISE SUR LE PLATEAU DE « C À VOUS »

Durant toute son interview, Eric Zemmour, qui a été humilié par Léa Salamé dans ONPC, va expliquer que le djihad fait partie de l’Islam, ce qui a le don d’outrer les chroniqueurs de C à vous. Anne-Sophie Lapix tentera de mettre Eric Zemmour devant ses aberrations : « si l’Islam est l’ennemi juré, on fait quoi ? On interdit l’Islam ? » L’éditorialiste ne répondra pas à la question. Il bottera en touche et pour lui, en France, religion rime avec catholicisme. Autour de la table, les chroniqueurs sont dubitatifs.

Les sorties de route d’Eric Zemmour n’ont pas qu’outré Pierre Cohen, Anne-Sophie Lapix et Pierre Lescure, les internautes aussi n’ont pas caché leur colère sur Twitter.

Notamment, une phrase : « Donner un prénom qui n’est pas français à son enfant c’est se détacher de la France« . La phrase reprise par les twittos a notamment été moquée par le community manager de l’émission qui citera la phrase et accompagnera le message d’un drôle de hashtag : « #lesdylanvsêtesmals ». 

Non stop

Contrairement à ce qu’elle affirme, Caroline Fourest avait bien menti face à Aymeric Caron

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Mais faites votre boulot correctement, les journalistes! Non, Fourest ne disait pas vrai à ONPC et la justice ne vient pas de lui donner raison.

La justice vient, pour une raison technique, d’annuler la procédure qui avait, dans un premier temps, mené à la condamnation de Fourest pour diffamation à l’égard d’une jeune fille voilée qui avait été agressée. La justice vient donc de se prononcer, plus d’un an après le passage de l’essayiste dans le fauteuil d’ONPC. Or que nous disait-elle exactement ce soir-là? Piqûre de rappel:

«- Est-ce que oui ou non vous avez été condamnée pour diffamation pour une chronique sur France Culture?
-Aymeric Caron j’ai gagné mon procès et ce que vous venez de dire est totalement inexact. Non je n’ai jamais été condamnée pour diffamation, j’ai gagné mon procès.
-Comment se fait-il, si vous avez gagné le procès, que toute la presse à ce moment-là a dit que vous l’aviez perdu ?
-Parce que la presse n’a pas corrigé ensuite quand j’ai gagné »

La justice, en se prononçant cette semaine sur un aspect procédural du dossier, vient donc de confirmer que Fourest mentait bien ce soir-là sur le plateau d’ONPC: elle n’avait rien gagné du tout. Or elle allait même jusqu’à se plaindre que « la presse n’ait pas corrigé quand elle avait gagné en appel ».

La chance qui permet à son avocat de s’appuyer sur un aspect technique (un délai de prescription dans le renvoi d’un document par la poste) pour finalement faire annuler la condamnation n’efface rien au mensonge originel.

Journalistes, faites votre boulot!

Aymeric Caron

Le FN et Robert Ménard applaudissent les dérapages de Chevènement

Marianne : L’extrême droite félicite Manuel Valls


https://twitter.com/RobertMenardFR/status/770527088579403776

Islam : Chevènement multiplie les propos indignes. Le reflet d’une vision post-coloniale

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Tout le monde semble rentré de vacances, y compris Jean-Pierre Chevènement qui, ce lundi matin passait chez Patrick Cohen pour défendre sa nomination à la Fondation de l’islam de France. C’est dommage, il a pourtant besoin de beaucoup de repos. Même s’il a toutes les qualités requises : c’est un homme, il a 77 ans et n’est pas musulman.

Il a par ailleurs récemment donné un conseil fort de circonstance aux musulman-e-s de France : la discrétion. Un conseil vivement apprécié si l’on en croit les réactions notamment sur les réseaux sociaux.

Mais revenons à l’émission de ce lundi matin. Même si ce que dit Chevènement n’est pas toujours intelligible, il a nettement dit ceci : « À Saint-Denis, il y a 135 nationalités et il y en a une qui a quasiment disparu« .

Laquelle ? Que fait l’Insee ? On voit bien où veut en venir Chevènement qui, le disant plus ou moins, ne veut pas de société multiculturelle. Tout comme Manuel Valls sur le marché d’Evry, d’une certaine façon, il fustige le fait qu’il n’y ait pas assez de « white », de « blancos » à Saint-Denis.

Une vision post-coloniale des musulmans de France

C’est très grave. Pour Chevènement, la nationalité française est liée à la couleur de peau, blanche de préférence. Or, quelles que soient leurs couleurs, les habitantes et les habitants de Saint-Denis sont français pour les trois quarts d’entre eux.

Oui, noir et français, arabe et français, musulman et français… Pour avoir tenu de tels propos, Nadine Morano a été fort justement privée de son investiture aux dernières régionales.

Le souci dans le cas de Chevènement – en dehors du fait qu’il n’en est pas à sa première abjection verbale – est qu’il est nommé à la tête de la Fondation pour l’islam de France. Une nomination qui ne fait pas du tout l’unanimité et qui traduit pour le moins une vision post-coloniale des musulmanes et des musulmans de France. Réserves que je partage davantage aujourd’hui.

En tant qu’élu de Saint-Denis chargé de la lutte contre discriminations, je suis outré par l’absence de condamnations de ces propos, notamment dans les rangs du gouvernement.

L’Obs Le Plus

Des prières de rue catholiques en plein Paris

Plusieurs milliers de fidèles ont défilé lundi dans le centre de Paris au départ de la cathédrale Notre-Dame à l’occasion de la traditionnelle procession de l’Assomption, événement placé sous sécurité renforcée, a constaté une journaliste de l’AFP.

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Dans la foule, les fidèles de tous âges, certains venus en famille et égrainant pour beaucoup des chapelets, marchaient dans les rues des îles Saint Louis et de la Cité en reprenant des chants à la gloire de la Vierge Marie, dont l’Assomption marque pour les catholiques la montée au ciel.

La procession s’est élancée peu avant 17 heures du parvis de la cathédrale, autour duquel les mesures de sécurité avaient été renforcées compte tenu de la menace terroriste en France.

Le parcours a été un peu changé par rapport aux années précédentes « en raison des impératifs de sécurité », a expliqué au micro le recteur archiprêtre de Notre-Dame, Mgr Patrick Jacquin.

La station de métro Cité avait été fermée et l’accès à la cathédrale interdit pendant la procession précédant la messe solennelle prévue à 18h30. 

 

Comme chaque année, le cortège pédestre avait été précédé dimanche soir d’une procession fluviale sur la Seine, avec une quinzaine de bateaux autour des îles de la Cité et Saint Louis.

BFM

Chevènement «donne un conseil de discrétion» aux musulmans de France

L’ancien ministre de l’Intérieur se dit prêt à présider la Fondation pour l’islam sauf si sa nomination devait entraîner «des problèmes insolubles»…

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« Aucun responsable ne peut s’y dérober. » Dans une interview au Parisien, Jean-Pierre Chevènement se dit prêt à présider la Fondation pour les œuvres de l’islam de France, censé permettre une meilleure intégration de l’islam dans la République.

« Je ne m’y déroberai pas, assure-t-il. Sauf si ma nomination devait entraîner des problèmes insolubles qui me forceraient à me retirer. » Pressenti depuis quelques semaines pour présider cette Fondation, l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui âgé de 77 ans, a tout de même posé deux conditions : « que les financements étrangers [des lieux de culte] soient prohibés » et qu’il puisse toujours bénéficier de sa « liberté d’expression en tant qu’homme politique au long cours ».

« Je n’entends nullement m’immiscer dans la sphère du religieux »

Suscitant un début de polémique, sa nomination avait été critiquée par plusieurs personnalités qui estimaient qu’il fallait un musulman pour présider cette fondation. Un point sur lequel l’ancien responsable politique du MRC a répondu dans cette interview. « Le futur président de cette fondation ne sera pas chargé de promouvoir l’islam. Je ne suis pas musulman. Je suis un républicain laïc. Je n’entends nullement m’immiscer dans la sphère du religieux ».

Et Jean-Pierre Chevènement ne compte pas perdre de temps si sa nomination est validée. Evoquant « la formation profane » des imams, il compte demander que leur soit enseignée « la citoyenneté française, le cas échéant la langue française, les principes généraux du droit… »

« L’effort de recourir à la ‘’raison naturelle’’ »

Et surtout, il se permet déjà de donner un conseil de « discrétion » aux musulmans de France, comme l’a fait « le recteur de la mosquée de Bordeaux ». Ce qui risque, avant même sa nomination, de faire grincer des dents.

« Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu’ils comprennent que, dans l’espace public où se définit l’intérêt général, tous les citoyens doivent faire l’effort de recourir à la ‘’raison naturelle’’ ».

20 Minutes

 

Chevènement a la tête de la Fondation pour l’Islam : proposer quelqu’un qui n’est pas musulman pose interrogation

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Devant l’association de la presse présidentielle, mardi dernier, François Hollande a plébiscité la candidature de l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement pour prendre la direction de la Fondation pour les oeuvres de l’islam de France, censée, à l’automne prochain, contrôler le financement privé des lieux de culte musulman.

À gauche, des critiques s’élèvent

La nomination de Jean-Pierre Chevènement ne semble pas faire l’unanimité dans les rangs de la gauche. Au sein même du gouvernement, une voix s’est élevée pour remettre en cause le choix du président de la République : celle de Laurence Rossignol, ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes. Invitée mercredi à s’exprimer au micro de France Info, elle a décliné les caractéristiques qu’elle souhaitait voir chez le prochain président de la fondation : « Le bon profil, selon moi, c’est d’abord quelqu’un de culture musulmane, qui ait une connaissance de la subtilité humaine de l’islam… »

Plus à gauche sur l’échiquier politique, Esther Benbassa s’est également montrée critique à l’égard de la nomination de Jean-Pierre Chevènement.

Au centre et à droite, la légitimité de Chevènement remise en question

François Bayrou, invité jeudi matin sur le plateau d’i>Télé, s’est montré particulièrement dubitatif : « C’est un choix surprenant et qui pose des questions », explique le président du MoDem. « Proposer, pour prendre la tête de cette organisation, quelqu’un qui n’est pas de culture musulmane, qui n’est pas de sensibilité musulmane et qui n’est pas de culture religieuse, pour moi, c’est une interrogationComment voulez-vous que les musulmans de France aient ce sentiment de responsabilité si on leur dit en fait : C’est de l’extérieur et par des responsables tout à fait estimables – Jean-Pierre Chevènement est dans ce cas-là –, mais qui ne partagent ni votre foi, ni votre culture, ni votre manière de voir, qu’on va régler le problème du financement de vos lieux de culte. »

C’est aux musulmans de choisir le président ou la présidente de #OEIF

Toujours au centre – quoiqu’un tantinet plus à droite –, la parlementaire UDI Nathalie Goulet a, elle aussi, montré son profond désaccord. La sénatrice de Normandie a multiplié les cris du coeur numériques sur Twitter, entre quelques gazouillis sur la guerre américaine en Irak, la taxe halal et Pokémon Go.

Même son de cloche du côté des Républicains, à l’image de Brice Hortefeux au micro de RTL jeudi matin. L’ex-ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy n’a pas compris le choix de François Hollande  : « C’est un choix quand même surprenant puisque [Jean-Pierre Chevènement] est totalement étranger à la religion musulmane. C’est comme si, pour la présidence de la Conférence des évêques de France, on faisait appel à un bouddhiste », a-t-il déclaré.

Le Point

Hauts-de-Seine : la supérette ne vend ni porc ni alcool, la mairie LR veut l’expulser

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Un magnifique rayon fruits et légumes, des épices, légumes secs et semoules à foison, des loukoums, des théières argentées, des horloges avec calligraphies arabes… A l’image de la musique douce diffusée en fond sonore, l’ambiance est orientale à la supérette Good Price de Colombes (Hauts-de-Seine), située dans le quartier populaire des Grèves. Des rayons bien rangés et bien achalandés, mais pas trace ni d’alcool ni de porc. La viande est halal et au rayon charcuterie le jambon comme le salami sont de dinde et les saucisses de bœuf. Quant au rayon boissons, il ne propose que des jus et des sodas.

« Cette supérette est communautariste »

Les locaux appartiennent à Colombes Habitat Public (CHP). Alerté par des habitants, le bailleur social municipal a déposé un recours devant le tribunal de Nanterre afin d’obtenir la résiliation du bail qui court jusqu’en 2019. « Originellement, c’était un Franprix qui vendait de tout, explique le directeur général de CHP, Olivier Virol. Sans arriver au terme du bail, le gérant a cédé à un repreneur, ce qui est tout à fait légal. Mais il faut que la nouvelle enseigne respecte les conditions spécifiques du bail à savoir une alimentation générale. Juste avant que le local n’ouvre au public, une banderole sur le fronton annonçait ici bientôt une boucherie halal. Nous sommes allés voir le notaire pour spécifier que les normes n’étaient pas les mêmes et que le bail prévoyait une alimentation générale. »

Le magasin ouvre sous enseigne Good Price en avril 2015. « Cette supérette est communautariste à cause de ce qu’on n’y trouve pas — porc et alcool — mais aussi à cause de ce qu’on y trouve : de la viande à 95 % halal et des tapis de prière, souligne Olivier Virolle. Malgré les constats d’huissiers sur ordonnance du tribunal effectués depuis 2015, rien n’a changé ou à la marge. Je m’y suis moi-même rendu avec la maire (NDLR : Nicole Gouéta (LR)) pour demander au gérant d’installer un petit rayon d’alcool et de charcuterie pour répondre aux attentes de la population du quartier, vieillissante, et qui ne peut pas forcément se rendre jusqu’au Leclerc. »

« Je fais du commerce »

« Nous aussi nous avons fait appel à un huissier et à un avocat pour faire valoir nos droits », explique Soulemane Yalcin, le responsable de Good Price, qui se défend fermement de tenir un magasin communautaire. « Je fais du commerce, je regarde autour de moi et je cible ce qui peut s’y vendre, affirme le gérant. Le bail prévoit alimentation générale et activités connexes. Tout dépend de la façon dont on interprète les activités connexes. »

Concernant la bière ou le vin, le gérant avance l’argument sécuritaire. « Tous les magasins qui vendent de l’alcool sont confrontés à des problèmes de sécurité ». Et le jambon ou les lardons ? « C’est parce qu’il y a beaucoup de pertes au rayon charcuterie, assure-t-il Nous l’avons vu dans les chiffres de vente du Franprix. En tant que commerçant, on essaie de viser une clientèle de masse. Tant pis si ça déplaît à une petite partie de la population. »

Ce sera à la justice de trancher. L’affaire doit être examinée par le tribunal le 13 octobre prochain.

Les habitants divisés 

« Il n’y a plus de mixité ! s’étranglent Patricia, Eugénie, Annie et Jeanine, qui habitent depuis plus de trente ans dans les gigantesques tours beiges emblématiques de ce quartier populaire. Nous vivons tous ensemble. Il n’est pas normal de ne pouvoir acheter ni alcool, ni porc. Quand on reçoit des amis et qu’on veut une bouteille de vin, on est obligés d’aller jusqu’à l’hypermarché Leclerc alors qu’on a cette supérette de quartier juste en bas de l’immeuble. Pourquoi privilégier une communauté plutôt qu’une autre ? »

« C’est un magasin communautaire. Mais comme l’Hyper Casher l’est aussi. Qu’est-ce ça peut faire ? », réagit pour sa part Mongi, qui fume sa cigarette sur le trottoir pendant que sa femme fait les courses. « Si la précédente supérette a fermé, c’est parce qu’elle ne trouvait pas sa clientèle, renchérit-il. Lui, il répond à la demande. »

Catherine, qui revient du Monoprix du centre, abonde dans ce sens. « J’aurais préféré qu’il vende de tout, mais c’est ce que la population ici recherche. Il y a la queue certains dimanches, constate la retraitée. Personnellement, je n’y allais pas beaucoup avant non plus. Je me dépanne, c’est ouvert 7 J/7 et j’achète les choses lourdes. »

Le Parisien 

A 75 ans, le député allemand d’extrême droite Werner Klawun se convertit à l’islam

Le député allemand du Parti Démocratique National (NPD) d’extrême droite, Werner Klawun s’est convertit à l’islam à 75 ans.

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Klawun qui était connu auparavant pas son opposition à l’immigration et les réfugiés, est devenu aujourd’hui le plus grand soutien des migrants venant de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

Faisant des explications au journal allemand Bild et choisissant Ibrahim comme nouveau prénom, Klawun affirme avoir souhaiter connaitre l’islam de plus près après avoir lu le Divan oriental et les poésies louant le prophète de l’islam Mohammed(paix et salut soient sur lui) du grand poète allemand Johann Wolfgang von Goethe.

Il affirme avoir décidé de se convertir à l’islam après avoir lu le Coran en allemand. 

Klawun indique que ses idées ont totalement changé après sa conversion à l’islam.

« Il n’est pas suffisant pour moi de rompre les liens avec mon passé en tant que membre d’un parti d’extrême droite anti-islam et anti-musulman. J’ai souhaité faire de plus grands travaux pour effacer les traces du passé. J’ai commencé à aider les migrants » a-t-il continué.

Klawun fait savoir qu’il a commencé à héberger 4 migrants syriens âgés entre 18 et 30 ans chez lui, après que son épouse l’a quitté en 2014 avec ses enfants. Il dit que les migrants sont devenus sa famille.

TRT

Trump: Pointer l’islam du doigt et idéaliser le christianisme est une abjecte hypocrisie

Évoquant les nombreuses félicitations qu’il a reçues après le massacre d’Orlando pour avoir eu raison sur l’islamisme radical, Donald Trump a une nouvelle fois insisté sur le fait que ce qui a tué des gens au Pulse n’était pas un fusil d’assaut, mais l’islamisme radical, parce qu’au dernier étage de la Trump Tower, ça ne peut pas être les deux.

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Le monde de Donald Trump est en effet binaire. C’est tout l’un ou tout l’autre. Soit c’est un fusil d’assaut qui tue, soit l’islamisme radical, mais pas les deux. Dans ce monde, une seule religion peut être mauvaise et par conséquent, le christianisme c’est le bien et l’islam, c’est le mal. Le christianisme est pacifique et l’islam est violent. Le christianisme est tolérant et l’islam intolérant. Tous deux ne peuvent être que tout l’un ou tout l’autre, un schéma immuable et gravé dans le marbre en terme de comportements de leurs fidèles respectifs.

Cette vision du monde est partagée par des gens qui soutiennent Trump comme par d’autres, qui ne le soutiennent pas. En termes religieux, nous pourrions qualifier cette vision de «manichéenne», une vision binaire entre la lumière et les ténèbres, le bien et le mal. Mais il convient de se souvenir que ce terme a été à l’origine utilisé pour décrire une religion dont l’influence s’étendait de la Perse jusqu’à l’Afrique de l’Est et du Nord romaines au IIIe siècle après Jésus-Christ, une religion qui a fortement influencé les premiers chrétiens.

Si «manichéen» a aujourd’hui une connotation négative, c’est parce que le manichéisme a été considéré comme une hérésie par l’Église catholique, et qui devait donc être éradiquée du monde chrétien. Et de la manière la plus brutale qui soit: les adeptes de la vision manichéenne du christianisme virent tous leurs biens confisqués et furent mis à mort, même s’ils s’étaient convertis à la vraie foi chrétienne, pour peu qu’ils aient conservé des liens avec des manichéens. Même Saint-Augustin appela à des persécutions les plus énergiques à leur endroit.

Le christianisme, une religion d’amour?

La raison pour laquelle je vous parle des manichéens, c’est que je suis lasse d’entendre Bill Maher et Donald Trump expliquer que l’islam est intrinsèquement violent. Je suis plus lasse encore d’entendre affirmer que le christianisme est intrinsèquement pacifique. J’ai assisté maintes fois à ce genre de débat, et même lors d’une soirée où Laura Ingraham demandait aux autres participants de lever les mains s’ils pensaient que l’islam était une religion morbide. La plupart des convives (conservateurs sur le plan politique) levèrent les mains avant de m’expliquer en long en large et en travers comment, à l’inverse de l’islam, le christianisme était intrinsèquement une religion d’amour.

L’Église chrétienne s’est montrée impitoyable avec les personnes dont la foi déviait du canon religieux, torturant et immolant les hérétiques par le feu.

Si ces affaires ne sont que des perversions du christianisme, comme certains l’affirment, ou l’effet du hasard, alors pourquoi ne pas étendre ce mode de pensée jusqu’à la conquête du Proche-Orient par les musulmans ou, oserai-je la comparaison, à Daech? Il n’est pas possible d’un côté de s’appuyer sur des exemples historiques pour affirmer qu’une religion est intrinsèquement violente et balayer ensuite d’un revers de la main les exemples équivalents dans l’histoire du christianisme en affirmant qu’ils ne sont que l’exception qui confirme la règle.

Les Croisades sont, aujourd’hui encore, une plaie ouverte au sein du monde musulman, mais il est également facile d’oublier les massacres commis par les croisés contre les Juifs d’Europe. De manière répétée, en traversant l’Europe pour se rendre en Terre sainte, les croisés ont massacré les Juifs sur leur passage. Ils les réunissaient dans des synagogues avant d’y mettre le feu. Les croisés ont tué tant de Juifs au nom de la foi chrétienne que les Croisades ont porté le coup démographique le plus terrible à la communauté juive d’Europe avant l’Holocauste. Un Holocauste qui, rappelons-le gentiment au passage, s’est déroulé il y a soixante-dix ans au cœur de l’Europe chrétienne et civilisée.

Une histoire récente

Si vous ne croyez pas ce que je vous raconte sur la brutale répression des chrétiens manichéens, lisez donc ce passage qui lui est consacré dans l’encyclopédie catholique (une publication qui «chronique les accomplissements des artistes, éducateurs, poètes, scientifiques et hommes d’action catholiques dans leurs différentes provinces»). L’Église chrétienne s’est montrée impitoyable avec les personnes dont la foi déviait du canon religieux, torturant et immolant les hérétiques par le feu.

Lorsque Martin Luther eut l’idée d’afficher ses thèses sur la porte d’une église, donnant involontairement naissance à une nouvelle forme de christianisme, il en résulta des centaines d’années de guerre ouverte ou larvée entre chrétiens, chacun répandant sans compter le sang des autres en étant fermement convaincu d’être les plus fidèles à la parole du Christ. Il ne s’agit pas d’une histoire ancienne: les violences entre protestants et catholiques ont continué d’ensanglanter l’Irlande chrétienne jusqu’à la fin du XXe siècle.

«L’islam radical est anti-femme, anti-gay et anti-Américain, a déclaré Donald Trump le 13 juin dernier. Je refuse de laisser l’Amérique devenir un endroit où les gays, les chrétiens et les juifs sont la cible des persécutions et des intimidations de la part d’islamistes radicaux qui prêchent la haine et la violence.»

Trump tente ainsi de démontrer que les adeptes de l’islam radical (quels qu’ils soient) seraient si mal à l’aise face à ceux qui ne partagent pas leur foi qu’ils ne pourraient pas faire autrement que de se montrer violent contre eux. L’islam radical peut, en effet, ressembler à cela, et même davantage, mais le bilan du christianisme n’est pas meilleur.

Persécutions et intimidiation

Prenons par exemple l’inquiétude formulée par Trump de voir les juifs «devenir la cible de persécutions et d’intimidation». Voilà qui est fort émouvant, mais au cours des 2.000 dernières années, avant que des pays musulmans ne se mettent à expulser leurs populations juives en 1948 après l’occupation de la Palestine, les juifs ont été les cibles constantes de persécutions et intimidations –pour le dire gentiment– de la part des chrétiens.

Dans les pays musulmans, la vie quotidienne des juifs, qui faisaient certes face à de nombreuses restrictions, devaient porter des vêtements particuliers et faisaient face à des flambées sporadiques de violence, était bien moins sanglante que dans l’Occident chrétien civilisé. Il y a tant d’exemples que le pourrais mentionner –des chrétiens massacrant des juifs accusés d’être responsables de la peste; le fait que le mot ghetto vienne des quartiers fermés dans lesquels les juifs étaient contraints de vivre à Venise au Moyen-Âge; les pogroms durant lesquels l’Église Orthodoxe russe encourageait ses ouailles à massacrer les juifs incroyants.

Je pourrais vous parler des phénomènes modernes, comme ce troll pro Trump, qui me désigne régulièrement comme «assassin du Christ»

Et si, à votre goût, nous remontons un peu trop loin dans l’histoire, pensez donc au mois de juillet 1988, millénaire de la conversion de la Russie: Moscou bruissait de rumeurs évoquant la possibilité d’un pogrom pour célébrer l’avènement du christianisme en Russie et que la police donnait les adresses des Juifs. (C’est cette année-là que ma famille a décidé de fuir la Sainte Russie.)

Et si Trump s’inquiète de voir les Juifs victimes de persécutions de la part de «prêcheurs islamistes radicaux», ce n’est pas des musulmans radicaux que j’ai peur aux États-Unis, en tant que juive. Certes, le monde musulman peut déborder de haine et d’antisémitisme, mais la haine et l’antisémitisme que je subis quotidiennement ne vient pas des musulmans. Ils viennent des supporters blancs et chrétiens de Trump.

Je souhaiterais donc plutôt le voir se préoccuper de la persécution de journalistes juifs par ses propres soutiens, dont certains mélangent sans complexes les symboles chrétiens, les références au white power et des menaces violentes dans leurs communications. Mais Trump ne règle pas ce problème, et ne les désavoue certainement pas. Il a même affirmé n’avoir «aucun message» à leur adresser. Il ne s’intéresse qu’aux musulmans radicaux.

Regarder Trump et la droite chrétienne montrer du doigt l’homophobie de l’Islam est proprement renversant. Si une communauté de ce pays a démontré son opposition aux gays, c’est bien celle des chrétiens conservateurs qui, depuis des décennies, diffusent leur haine des gays.

L’appel à la haine

Un pasteur chrétien que l’on a beaucoup vu aux côtés de Bobby Jindal, Mike Huckabee et Ted Cruz a ainsi déclaré récemment que, selon la Bible, les homosexuels «méritent la peine capitale».

Et pourtant, juste après le massacre d’Orlando, certains Chrétiens ont pris soin de nous dire ce qu’ils pensaient de ces gays tués au Pulse. Un prêcheur chrétien a ainsi posté un sermon vidéo dans lequel il s’est réjoui du massacre d’Orlando en déclarant notamment que «la bonne nouvelle, ce que l’on compte désormais 50 pédophiles de moins dans ce monde car, vous savez, ces homosexuels sont une bande de pervers abjects et de pédophiles».

Nous avons également eu droit aux très ardents American Christians qui tracent un lien explicite entre christianisme et armes à feu, qui s’achètent des armes sans compter tout en vouant une immense admiration aux belliqueux sarrasins. Dans les faits, la violence et l’intolérance dont les chrétiens conservateurs font preuve, non seulement à l’égard des éléments les plus radicaux, mais à l’encontre de tous les adeptes d’une religion, ressemble aussi étrangement que fortement au type de violence et d’intolérance dont ils accusent les Musulmans de faire preuve.

Mi-juin, nous avons «fêté» le triste anniversaire du massacre commis par Dylann Roof, qui massacrait neuf personnes au milieu d’un cours d’étude de la Bible à Charleston, en Caroline du Sud. Avant qu’il ne commette son crime, il avait rédigé un manifeste déclarant son allégeance à la cause des suprémacistes blancs et désigné le Council of Conservative Citizens, qui affirme adhérer aux «valeurs et croyances chrétiennes» comme une source majeure d’inspiration et d’information. Selon certains, Roof venait d’une famille qui se rendait régulièrement à l’Église et se rendait dans des camps d’été chrétiens. Roof a-t-il tué ses coreligionnaires parce qu’il était dérangé ou parce que le Christianisme est violent?

 

Un peu de nuance!

Aucune religion n’est intrinsèquement violente. Aucune religion n’est intrinsèquement pacifique. Les religions, toutes les religions, sont avant tout une question d’interprétation et c’est souvent de cette interprétation que peut naitre la beauté ou la laideur – ou, le plus souvent, pour peu que nous soyons assez mûrs pour émettre des pensées nuancées, quelque chose entre les deux?

Slate

Adrien Candiard : «Penser connaître l’islam en ouvrant le Coran est illusoire»

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Si le Coran est la source de toutes les traditions, peut-il être pour autant considéré comme le « vrai visage » de l’islam ? 

La référence à la révélation coranique est classique, mais penser connaître l’islam en ouvrant le Coran est tout à fait illusoire. On peut le lire et l’interpréter de manières très différentes. Ce livre saint est polysémique. On ne connaît pas le sens de tous les mots anciens avec certitude. Quelqu’un doit nous en donner la clé. La tradition musulmane, via ses différentes écoles, compose diverses clés. En tant que non-musulmans, nous ne pouvons pas définir qui a raison. Il serait tentant de considérer que l’approche historico-critique est la vraie interprétation, car c’est le sens que l’Occident veut lui donner. Mais cela ne nous concerne pas. Son sens apparemment littéral n’est pas nécessairement son sens véritable.

Dans l’interprétation du Coran, quelle place occupe le raisonnement logique face au texte révélé ? 

En regardant l’histoire de l’interprétation coranique, on s’aperçoit que tout est possible. Le chiisme a ses propres règles et, au sein du sunnisme, on retrouve une grande diversité. La plupart des musulmans s’attachent aux interprétations de la Tradition, avec une vraie diversité en son sein. On a pu donner des interprétations spirituelles de certains versets très juridiques.

Mais aujourd’hui, une approche plus littéraliste a le vent en poupe. Elle interprète les versets sans raisonnement, essentiellement à partir de la tradition prophétique. Pour aborder la question de la rationalité en islam, il faut néanmoins différencier l’approche occidentale – marquée par les Lumières et une affirmation rationaliste comme sortie possible de la religion – de la civilisation islamique où le rationalisme n’apparaît pas toujours comme la voie vers la tolérance.

Ainsi, au IXesiècle, des mouvements rationalistes ont pu être violents. Le calife abbasside Al-Mamun a décidé de faire de la théologie mutazilite – une version rationnelle du credo musulman – la forme officielle de la religion. Malgré une tentative d’imposition par la force à l’aide de la Mihna, l’inquisition musulmane, il n’y est pas parvenu. Encore aujourd’hui, la raison est très souvent affirmée par certains fondamentalistes comme fondement de leurs certitudes.

Vous affirmez que, si le Coran est la théorie, la pratique de l’islam découle plutôt des hadiths, les propos du Prophète. 

À côté du Coran, un vaste corpus de textes racontant les paroles et actes du Prophète a été rassemblé à partir d’une tradition orale, deux siècles après la mort de Mahomet. Objets de nombreuses discussions sur leur authenticité, ces hadiths ont une importance considérable. Il s’agit de chercher la source du droit concret. Si le Coran affirme qu’il faut prier, il ne dit pas comment. Ce sont les hadiths qui racontent comment le Prophète priait, et enjoignent les musulmans de l’imiter. La vie du Prophète sert ainsi d’interprétation du Coran.

En Occident, le terme de sharia fait peur et est souvent associé à un corpusjuridique. Cette expression, qui désigne « la voie de Dieu », est-elle un véritable ensemble législatif ? 

La sharia, c’est la voie que Dieu trace pour nous, ce qu’il nous demande. Difficile pour un musulman de se prononcer contre la sharia : cela signifierait qu’il est contre la volonté de Dieu. En général, ce terme est employé pour parler de l’Arabie Saoudite, sharia devenant synonyme d’arriération totale et de barbarie. En réalité, ce pays applique des règles traditionnelles de l’école hanbalite, particulièrement rigoriste. Mais cette application n’est qu’une manière d’envisager la sharia. D’autres écoles traditionnelles de droit proposent des règles différentes. Parfois, ces applications ne sont pas forcément juridiques : pour certains groupes soufis, la volonté de Dieu est d’abord du niveau de la spiritualité. Enfin, les juristes rédigeant aujourd’hui les codes civils dans les pays musulmans n’ont pas l’impression de s’éloigner de la volonté de Dieu.

Le Monde Des Religions

La plus vieille bibliothèque du monde, créée par une femme musulmane, a rouvert ses portes

Au Maroc, la plus ancienne bibliothèque du monde, Al Quaraouiyine , située à Fès au Maroc et fondée en 859 apr. J.-C. par Fatima El-Fihriya, a rouvert ses portes grâce au travail de l’architecte maroco-canadienne Aziza Chaouni. Cette dernière a restauré l’établissement reconnu par l’UNESCO grâce aux financements fournis par l’organisation à but non lucratif TED.

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La bibliothèque Al Quaraouiyine, située à Fès au Maroc, fait partie de ces joyaux patrimoniaux : fondée entre 859 et 877 apr. J.-C., selon les sources, elle fait partie d’un ensemble comprenant une mosquée et une université. Fatima El-Fihriya, surnommée Oum al Banine, originaire de Tunisie, a créé ce complexe avec sa fortune personnelle : décédée en 880, elle suscite un immense respect à Fès, qui abrite de fait une des universités les plus anciennes du monde.

Entre ses murs ont lu et étudié Ibn Arabi, poète mystique et philosophe du XIIe siècle, ou encore l’historien et économiste Ibn Khaldoun, au XIVe siècle.

La réouverture de l’établissement est effective depuis la fin du mois de mai dernier, après plus de trois ans de travaux dirigés par Aziza Chaouni, elle-même originaire de Fès. « Quand vous grandissez dans cette ville, vous êtes happé par ces architectures et ces détails », explique-t-elle. Sa tante était elle-même architecte, et son apprentissage chez l’Italien Renzo Piano lui a fait réaliser quelle architecte elle souhaitait devenir.

La rénovation de la bibliothèque a été pour elle l’occasion de mener un projet chargé d’histoire et de symboles : Al Quaraouiyine a représenté pendant des siècles les échanges entre le Maroc et l’Europe, et Chaouni a tenu à utiliser des technologies d’énergie renouvelable, comme des panneaux solaires et des récupérateurs d’eau. 

Les rénovations n’étaient pas un luxe pour cet établissement, ouvert depuis des années à un public très restreint. La bibliothèque était peu isolée, et manquait d’un système de drainage moderne, ce qui a endommagé les sols et une partie des murs, d’où sortaient parfois des fils électriques. Sans oublier les manuscrits : « Quand j’ai visité la bibliothèque pour la première fois, j’ai été choquée », explique Aziza Chaouni. « Dans des salles abritant des manuscrits du VIIe siècle, température et humidité n’étaient pas contrôlées, et les plafonds étaient complètement fissurés. »

L’architecte a dû trouver l’équilibre entre le respect du bâtiment et la nécessité de le transformer pour qu’il devienne à nouveau un lieu de savoir, de partage et de culture : Aziza Chaouni a particulièrement apprécié la rénovation des fontaines, et a même réalisé de nouvelles installations, à partir de matériaux récupérés sur place. D’une manière générale, Chaouni a eu recours, dès que cela fut possible, à des réalisations d’artisans locaux.

La nouvelle bibliothèque comprend ainsi une salle de lecture, une autre destinée aux conférences, un laboratoire de restauration de manuscrits, et une collection de livres rares, sans oublier des bureaux rénovés et un café. Un espace sera également destiné à l’accueil d’expositions, avec une collection permanente et des événements temporaires.

Actua Litté

Intissar Kherigi : Les femmes musulmanes sont les premières à subir les conséquences de l’islamophobie en Europe

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Intissar Kherigi est une chercheuse tuniso-britannique et doctorante à Sciences Po Paris en sociologie politique comparative. Elle est titulaire d’une licence en droit du Kings College (université de Cambridge) et d’un master en droits de l’homme de la London School of Economics. Elle est avocate et a travaillé à la Chambre des Lords, aux Nations unies et au Parlement européen.

Les femmes musulmanes sont les premières à subir les conséquences de l’islamophobie en Europe. Il s’agit de la conclusion clé du premier rapport de recherche européen portant sur la discrimination à l’encontre des femmes musulmanes, réalisé par le Réseau européen de lutte contre le racisme, lancé à Bruxelles la semaine dernière.

Le rapport, impliquant huit pays européens, se concentre sur la discrimination lors de l’accès à l’emploi, mais également dans l’éducation et les crimes de haine. Il illustre le fait que les femmes musulmanes doivent faire face à une « triple sentence » – elles sont victimes de la même discrimination liée au genre que les autres femmes, à laquelle viennent s’ajouter discriminations raciale et religieuse du fait de leurs origines, de la couleur de leur peau et de leur foi.

Ces formes de discrimination se manifestent de plusieurs façons, aussi complexes soient-elles – par exemple, au Royaume-Uni, 1 femme blanche sur 30 explique avoir illégalement été questionnée sur ses intentions de se marier ou d’avoir des enfants, alors que cela concerne 1 femme pakistanaise sur 8 – cela représente 4 fois plus de femmes. Un employeur sur quatre au Royaume-Uni admet également qu’il hésiterait à embaucher une femme musulmane du fait des stéréotypes culturels, insistant sur le fait que tout ce qui concerne garde et soins apportés aux enfants seraient un problème.

De plus, un autre problème vient, bien évidemment, du fait que les femmes musulmanes portant le voile subissent des niveaux plus élevés de préjudice que les autres. Malgré les réglementations juridiques mises en place pour lutter contre la discrimination à l’embauche sur la base de la religion ou de la foi, les femmes musulmanes restent régulièrement exclues des opportunités professionnelles en Europe.

Quarante-quatre pour cent des employeurs belges déclarent que le port du voile a une influence négative lors de la sélection des candidats. En France, des tests montrent que les demandeuses d’emploi avec un nom à consonance française et que celles avec un nom à consonance arabe portant un voile présentent un écart de 71 points concernant les réponses positives suite à un entretien.

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