Charles Beigbeder s’est fait remarquer cet été lors de sa sortie sur le FN. Depuis, l’homme d’affaires se fait discret et tente de fédérer un mouvement à droite de la droite pour peser sur les primaires de 2017. Portrait d’un Donald Trump à la française.
La vie d’élu est une nouveauté pour Charles Beigbeder. Elle date de début 2014 quand l’entrepreneur, furieux de ne pas avoir obtenu de siège sur les listes de NKM à Paris, lance une liste dissidente, “Paris Libéré”. Le mouvement fait le grand écart entre partisans de la Manif pour tous et proches de l’UDI. Il est largement battu un peu partout, sauf dans le VIIIe, où Charles Beigbeder sauve la mise : 24,2 %. Pas de quoi siéger au conseil de Paris. Il devra se contenter du conseil d’arrondissement. Celui des Champs-Elysées, des ambassades et des sièges d’entreprise. La sienne, d’ailleurs, – Audacia, une société de gestion – est située à deux pas.
En mars dernier, accompagné de Charles Million, il lance avec fracas “Phénix” qui a pour but de présenter chaque mois un programme pour 2017. Quatre mois plus tard, rien n’a été finalement publié et le collectif est fondu dans “l’Avant-garde”, nouveau think-tank utlra-conservateur, qui regroupe le même Charles Million, mais aussi Julie Graziani, égérie de la Manif pour Tous ou Christian Vanneste, l’ancien député du Nord, dont les déclarations homophobes ont fait scandale.
“Nous nous inspirons de ce qui se fait aux Etats-Unis”, explique Beigbeder, manière d’évoquer les très conservateurs Tea Party, qui n’hésitent pas à lorgner très à droite pour se faire entendre. Quelques jours après le lancement du mouvement, Beigbeder déjeune d’ailleurs avec Marion Maréchal Le-Pen – “une maturité incroyable pour son âge” – et annonce à un journaliste qu’il “n’hésiterait pas une seconde à voter FN”. De quoi émouvoir jusqu’au sein du Medef et des Républicains.
Ce catholique pratiquant entend par exemple peser pour remettre en cause la loi Taubira. Sur la question des migrants, ce catholique pratiquant assure qu’il “faut respecter ce beau principe de l’asile, qui est d’ailleurs un héritage de la chrétienté”. Mais tempère aussitôt : “Mais si on accueille des gens et que ça se termine en guerre civile, c’est pas un cadeau.”
“Nous sommes des libérateurs enracinés !” conclut Begbeider, en sortant une petite fiche cartonnée sur laquelle il a griffonné un graphique. “Regardez, j’ai fait ça il y a deux jours pour expliquer notre position à un ami”. Sur le papier, deux axes : “libérateur/étatistes” et “enracinés/déconstructeurs”.
Les Inrocks