
La saga Paris Habitat n’en finit pas. Epinglé fin janvier par le Parisien pour les généreuses rémunérations de ses dirigeants – et le parachute doré de 500 000 € accordé à Stéphane Dambrine, son directeur général, qui émarge déjà à 14 000 € par mois, avec voiture de fonction et chauffeur –, le premier bailleur social d’Ile-de-France a du souci à se faire.
Système de double facturation
L’histoire concerne, cette fois, la régie de Paris Habitat, située rue de Santeuil, dans le Ve arrondissement. L’un des chefs d’atelier, qui a quitté l’office HLM en juin 2015, avait mis au point un système de double facturation qui lui permettait de puiser abondamment dans les fournitures et la main-d’œuvre de Paris Habitat. Au cours de l’été 2014, la réfection d’un appartement de deux pièces situé au 49 ter de l’avenue de Flandre, dans le XIXe arrondissement, a été facturée plus de 48 000 €, alors que le coût des travaux réels se montait à 9 262 €. Cinq fois plus cher !
Dans la cuisine du deux pièces de l’avenue de Flandre, la dépose du papier peint ainsi que la peinture des murs, du plafond et des boiseries ont représenté, par exemple, une journée et demie de travail (11,25 heures) effectuée par un seul ouvrier, et 264 € de fournitures (toile de verre, colle pour toile, impression à l’eau, enduits, masques, lessives), soit un total de 849 €. C’est ce qu’atteste le bon de travaux émis en mai 2014. Rien à redire ici. Sauf qu’un deuxième bon puis un troisième, concernant la même cuisine du même appartement, mais édités le 23 juillet, aboutissent, au total, à la somme faramineuse de 14 120 € !
Une somme destinée aux travaux d’un autre appartement… privé
En additionnant les bons de travaux bidon, on constate que la remise en état de ce T2 aurait occupé huit ouvriers pendant 852 heures (l’équivalent de trois semaines à temps plein par tête de pipe !) et aurait coûté 4 382 € de matériels en tout genre. Pour gonfler la note, le chef d’atelier a même ajouté la peinture d’une mystérieuse troisième pièce, pour un montant de 7 372 €.
Les 48 000 € dépensés par Paris Habitat dans cette opération n’ont pas été perdus pour tout le monde, car des travaux, couvrant tout ou partie de cette somme, ont bien été réalisés. Pas avenue de Flandre, mais à une autre adresse… Bon camarade, le chef d’atelier aurait envoyé ses ouvriers restaurer le logement – privé – d’une collaboratrice de Christian Grimaud, le patron de la régie de Paris Habitat. Un bel appartement, double séjour avec moulures, situé dans l’est de la capitale.
Marianne