
La fuite de milliers d’e-mails d’une fonctionnaire de la République populaire de Donetsk, proclamée par les séparatistes pro-russes, démasque leur réseau de supporters français.
Le 3 août, un tweet rendait public le contenu de la messagerie électronique d’une certaine Tatiana Egorova, attachée au service de presse de l’autoproclamée République Populaire de Donetsk (DNR) – la zone tenue par les séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine. Une mine de 1 400 e-mails et autant de pièces jointes, reçus durant l’année passée, que Ouest-France a pu consulter.
Cette fuite, dont l’origine reste inconnue, révèle d’innombrables informations sur l’administration séparatiste, des histoires d’amour, des complots, des conflits internes, une paranoïa générale due à la peur d’espions étrangers… Mais, surtout, une présence importante de Français sur place.
Depuis l’été dernier, Laurent B, un Bourguignon installé à Donetsk, était par exemple chargé d’espionner les journalistes français, et de refuser la venue de ceux qui ne respectaient pas les éléments de langage imposés. Il en a mis un grand nombre sur liste noire – dont nos correspondants.
De nombreux « intellectuels », chercheurs, écrivains, tous proches de l’extrême droite, sont également venus légitimer la république séparatiste. Figurent dans les e-mails, deux proches du député lepéniste Gilbert Collard : l’avocat Josy-Jean Bousquet venu débusquer « les crimes de guerre ukrainiens » et Jacques Clostermann, délégué national du FN, de passage à Donetsk en janvier.
Les données personnelles de Français venus combattre aux côtés des séparatistes pro-russes apparaissent également dans ces messages. Dont un Rouennais, néonazi et membre de l’Unité continentale, mouvement ultranationaliste implanté à Donetsk.
Comme beaucoup, après s’être battu des mois contre l’armée ukrainienne, ce Normand est rentré en France… comme un simple touriste.
Enfin, il y a cette lettre, dans laquelle Pascal Ellul, le président des jeunes de la Droite populaire, le courant des Républicains animé par le député Thierry Mariani, propose un « partenariat » aux séparatistes et écrit : « Nous serions ravis et surtout très honorés de pouvoir constater par nous-mêmes la réalité du terrain et pouvoir être des relais en France de ceux qui se battent pour la liberté. »
Ouest France