Enquête sur les assistants des eurodéputés FN: perquisition en cours au siège du parti

Selon plusieurs sources, une perquisition est en cours au siège du Front national, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Cette procédure concerne le statut de plusieurs assistants parlementaires des députés européens du parti.

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Deuxième jour agité pour le Front national. Une perquisition était en cours ce mercredi matin au siège du Front national dans l’enquête sur les assistants des élus FN au Parlement européen, indique une source proche de l’enquête, confirmant une information d’iTÉLÉ

Dans ce dossier, les soupçons portent sur les salaires versés à 20 assistants d’élus frontistes au Parlement de Strasbourg, dont les noms figuraient aussi dans l’organigramme du FN au démarrage de l’enquête, lancée par le parquet de Paris en mars 2015.

Ces doubles étiquettes laissent supposer aux enquêteurs qu’ils sont affectés à d’autres tâches que le seul Parlement tout en étant rémunérés sur des fonds européens.

Saint-Cloud : perquisition en cours dans la villa de Jean-Marie Le Pen

Une perquisition est en cours ce mardi dans la villa de Jean-Marie Le Pen de Montretout à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). L’ancien président du front national se trouve sur place avec une douzaine de policiers, arrivés à 11 heures.

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 La perquisition intervient dans le cadre de l’enquête sur les assistants parlementaires du FN. Les interrogations portent sur des salaires versés à 20 assistants, apparaissant dans l’organigramme du FN, laissant supposer qu’ils sont affectés à d’autres tâches que leurs seules fonctions parlementaires.

Le Parquet de Paris a ouvert une enquête fin mars 2015. Quelques jours auparavant, le Parlement européen avait annoncé avoir saisi l’organisme antifraude de l’Union européenne, rappelant que les assistants parlementaires « doivent nécessairement et directement travailler à l’exercice du mandat des députés européens ».

Le Parisien

Perquisition administrative : Hervé condamné pour détention de drogue et non pour terrorisme

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Hervé J., 32 ans, a eu droit à un premier électrochoc, le 26 novembre dernier lorsque douze policiers et le chien Bouly ont déboulé chez lui après avoir défoncé la porte de son appartement d’Audincourt, à 1 h du matin. Une intervention hors des heures légales justifiées par ces fameuses perquisitions administratives décidées dans la foulée des attentats de Paris, dans le cadre de l’état d’urgence.

« Où est le djihad ? », s’emporte l’avocat belfortain qui ironise en évoquant les cheveux rouges de la compagne de son client ou encore la barbe de ce dernier. Il parle de « zèle administratif et policier » ou encore de « l’aubaine qu’offre l’état d’urgence pour régler de vieilles affaires » sans lien avec le terrorisme.

Des réquisitions modulées en fonction du « contexte », dixit le procureur

Chez l’Audincourtois, les policiers n’ont trouvé ni ceinture d’explosif ni Kalachnikov. Juste une carabine de calibre 12 ainsi que 91 grammes de cannabis, 14 grammes de cocaïne et trois timbres de LSD.

Sur ce chapitre, l’avocat de la défense se déchaîne. Il rappelle au tribunal que la première condamnation de son client remonte à plus de 10 ans et qu’à l’époque il avait écopé de 150 € d’amende pour plus d’un an de consommation de stupéfiants et pour une rébellion. En 2012, il avait été condamné à cinq mois de prison ferme dans le cadre d’un trafic. « Et on vient requérir un an de prison ! »

Ira-t-il pour autant derrière les barreaux ? C’est un point qui restera à définir avec la juge d’application des peines. 

Vosges Matin

Islamophobie, sexisme: les flics se lâchent pendant la perquis’ d’un foyer pour femmes

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Mardi soir, les policiers débarquent dans un foyer pour femmes d’Argenteuil. Pendant la perquisition, la police se serait lâchée : « C’est du gâchis [de porter le voile]. Vous êtes jeune, belle et bien gaulée ». A StreetPress, Célia raconte sa soirée.

Argenteuil, mardi 8 décembre, 20 heures. – « Police ! Police ! » Célia, 20 piges est tranquillement posée dans sa chambre, en train d’envoyer des SMS quand elle entend des cris et des coups portés dans la porte du foyer. Les forces de l’ordre déboulent en trombe dans ce foyer pour femmes en grande précarité, géré par l’asso muslim Baytouna.

Quelques secondes plus tard, une quinzaine de policiers cagoulés, casqués pour certains, grimpent 4 à 4 les marches qui mènent à la chambre de Célia, seule ce soir-là dans le foyer. Arrivé à l’étage, un homme en bleu braque son arme dans sa direction. Les agents lui auraient intimé l’ordre de se mettre face au mur et lui arrachent son téléphone. Célia s’exécute :

« Je n’ai pas eu le temps d’enfiler mon Jilbab [un grand-voile islamique qui couvre la tête et le corps, ndlr], heureusement que j’étais habillée d’une robe dotée d’un voile intégré. J’ai pu me couvrir rapidement. »

Pendant près de 2h30, les forces de l’ordre retournent la maison. Célia nous raconte sa sale soirée et, elle l’assure, émaillée de commentaires sexistes et islamophobes. Car comme l’explique lui-même un agent, ils disent « ce qui leur passe par la tête ». Et c’est gratiné : « coquine », « bien gaulée », « tu as l’air con »

Perquisition et fouille au corps

Dans sa chambre, Célia est fouillée minutieusement par une policière. « Ils m’ont palpée à plusieurs reprises et m’ont arraché mon voile. » La situation est tendue :

« Ils se demandaient entre eux en criant “ y’a d’autres personnes? “ Je me suis retournée pour leur répondre que non, mais un policier m’a crié : “ face au mur “, en me poussant afin que je plaque bien ma tête contre la paroi. Sa collègue appuyait fortement sur mon dos afin que je reste immobile. »

Dans le pavillon, c’est le grand ménage de printemps : les affaires des 7 occupantes sont jetées au sol et 4 portes, fermées à clef, enfoncées à coup de bélier. Le contenu des ordinateurs et des téléphones portables est copié.

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Ambiance café du commerce

Pendant que les policiers jouent les fées du logis, Célia est conduite au rez-de-chaussée. 3e fouille au corps. D’un ton plus léger, la policière tient à préciser : « Je fais ça car c’est mon métier, je préfère vous le dire pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté. » Célia esquisse un sourire. Quelques flics entament la conversation. Sur un ton badin, ils auraient enchainé les punchlines :

« C’est du gâchis. Vous êtes jeune, belle et bien gaulée, vous pouvez vous en sortir ! »

Une autre policière, plus virulente, se serait lancée dans des commentaires sur la femme musulmane, forcément « soumise » : « Combien de femmes se sont battues pour leurs droits! Pourquoi vous portez le voile? » Célia commence à perdre patience et lance « qu’est-ce que ça peut vous faire ? » en guise de réponse :

Dans la pièce, c’est ambiance café du commerce. Le commissaire fait son entrée et aurait lancé en guise de vanne, à sa collègue : « Tu n’es pas encore convertie? » Et d’enchaîner : « Le commissaire m’a dit de toute façon, tu ne peux pas être à la fois policier et musulman, ce n’est pas possible. » Puis une autre :

« – Je suis sûr que t’es une petite coquine. – Pourquoi vous dites ça ? – Je dis ce qui me passe par la tête… »

22h30, la police plie bagage. « Au revoir, bonne soirée ! », lance sans rire un agent. Pour Virginie, co-fondatrice de l’asso, cette perquis’ va laisser des traces :

« C’est vraiment dur pour les filles, ce sont des femmes qui n’ont presque rien et le peu qu’elles ont, elles l’ont chez Baytouna. Et là ils ont tout saccagé ! Mais on reste combatifs, d’autant qu’on a reçu de nombreux soutiens de gens de toutes les confessions. Nous, on ne veut pas opposer les religions. »

La chambre de Célia après le passage de la police :

Street Press

Incitation à la haine des musulmans : l’homme arrêté avec 17 armes a été libéré

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Malgré la gravité des faits l’homme a été libéré, ce qui scandalise beaucoup d’internautes

Tu trouves 17 armes dans le domicile d’un musulman qui appelle à tuer les cathos. Tu le relâches en attendant son procès ? Je crois pas.

— NON (@VotezNon) 10 Décembre 2015


Perquisition chez un individu incitant a la haine des musulmans, 17 armes saisies et 4,9 kg de poudre noire

La brigade criminelle de la Sûreté départementale, assistée du Raid 06 a interpellé ce mardi un homme de 59 ans à son domicile de Cagnes-sur-Mer.

L’individu tenait des propos anti-musulmans inquiétants sur son compte Facebook. La  justice les a considérés comme une incitation à la haine raciale.

Lors de la perquisition, il a été saisi 4,9 kg de poudre noire, plus de 3 500 cartouches, et dix-sept armes, le suspect devra répondre de ses actes en juin prochain devant le tribunal.

Nice Matin

Perquisitions aveugles: la fabrique des prochains djihadistes ?

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Ce que permet un dispositif d’exception comme l’état d’urgence, c’est non seulement le contrôle des allées et des venues dans le territoire et aux frontières, mais aussi l’exécution de perquisitions sur ordre express du préfet, donc sans le contrôle d’un juge (entre autres mesures d’assignations à résidence, et de fermetures de lieux jugés sensibles).

C’est donc sans surprise que les assignations à résidence, et les perquisitions se multiplient. Bernard Cazeneuve pouvait se féliciter, mercredi 3 décembre, du nombre de 2235 perquisitions administratives effectuées depuis le début de l’application de l’état d’urgence. Sans surprise encore, toutes ces actions de police visent majoritairement ceux que nous nommerons, par souci pédagogique, « les musulmans un peu trop voyants ».

L’une des rares vertus de cette période aura été d’ouvrir une série de débats sur quelques points aveugles de notre conversation collective. Avec cette propension des autorités à viser « les musulmans un peu trop voyants »

Les termes des ordres publiés sur les réseaux sociaux laissent voir qu’elles sont parfois menées au domicile de certaines personnes sur la seule base juridique qu’elles sont « radicalisées ». C’est la doctrine du filet: on ratisse, et même si on ratisse trop large, il y en aura forcément un dans le lot qu’il fallait ramasser. Sauf que pour un véritable terroriste arrêté, on en fabrique des dizaines d’autres qui n’étaient pas prédestinés à le devenir.

Il suffit de lire les témoignages pour comprendre ce que cette période va donner. Depuis quelques jours, certains racontent ce qu’ils ont vécu sur Twitter, photos à l’appui. Ici un jeune empoigné violemment dans la rue, mains dans le dos, plaqué contre le mur, à se faire hurler dessus par des gabarits tous plus intimidants les uns que les autres. Il porte une barbe et se trouvait au mauvais endroit après les heurts place de la République.

Là, une femme portant le voile intégral (on ne sait même pas si elle le porte dans la rue), voyant arriver chez elle une troupe de huit policiers, qui la palpent en rigolant devant ses enfants, qui retournent tout l’appartement, et qui partent en laissant le dessin d’un pénis sur une prière collée à sa porte.

Prime à l’ignorance: cette femme, se revendiquant d’un salafisme ultra-orthodoxe, est aussi bien connue pour son activisme anti État-Islamique (EI). Ce que l’on pourrait comprendre si l’on se donnait la peine de connaître un minimum ces différents courants qui structurent un univers de pensée salafiste loin d’être homogène.

On imagine déjà un interlocuteur djihadiste convaincu: « tu vois, je t’avais dit que ton Islam politique ne te protègerait pas: la seule façon de protéger les Musulmans c’est de prendre les armes. » Remercions le Ministère de l’Intérieur français pour cette campagne publicitaire gratuite au bénéfice d’une certaine compagnie de cars, dont les lignes entre l’Europe et la Turquie, rampe de lancement des combattants vers la Syrie, n’ont pas vraiment été désertées ces derniers mois.

Tandis qu’une perquisition mal ciblée pourrait manquer une vraie cache d’armes, elle pourrait aussi transformer un gamin perdu en partisan convaincu de l’EI.

Dans un état de droit, en tous cas, non. Est ce qu’on pense vraiment que ces scènes brutales, telles qu’elles sont décrites, photos à l’appui, vont rendre ces gens plus républicains, alors qu’ils les subissent sans rien avoir à se reprocher que leurs opinions?

Est ce qu’un énarque fort instruit, quelque part, dans un bureau, s’est vraiment dit que de mettre à sac l’appartement de religieux ultra-orthodoxes allait les convertir à la laïcité et faire d’eux d’impeccables patriotes?

Les choses, finalement, sont assez simples à prédire: ce que nous faisons, par ces actions de police de masse, aveugles, ce n’est ni plus ni moins que de planter les graines de la prochaine génération de djihadistes. A chaque perquisition arbitraire, à chaque assignation à résidence injustifiée, on envoie des charrettes de gamins en Syrie, avec la bénédiction des autorités de ce pays.

Huffington Post

Cinq perquisitions administratives mais six portes enfoncées par erreur

photo-d-archive-le-progres-1449259321La dernière perquisition en date a été menée le matin du mardi 24 novembre dans le quartier de « Guitard » au Puy-en-Velay. Elle a été entachée d’un « couac » puisqu’avant de fouiller l’appartement qu’ils ciblaient, les policiers se sont trompés d’étage dans l’immeuble et ont forcé la porte d’un appartement voisin… La perquisition menée finalement dans le logement ciblé n’a, par ailleurs, rien donné.

Le week-end précédent, dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 novembre, quatre perquisitions avaient déjà été réalisées à La Chomette, Bains et au Puy-en-Velay par les gendarmes. Ces derniers cherchaient un individu signalé en voiture dans les bois du secteur du Puy-en-Velay, le week-end des attentats, armé d’une kalachnikov.

L’arme en question avait été retrouvée : il s’agissait d’une réplique de AK-47 destinée à la pratique de l’airsoft. Une réplique de Beretta a également été découverte. En revanche, lors des perquisitions, le père du suspect a été placé en garde à vue quelques heures avant d’être relâché : un chargeur de pistolet-mitrailleur très ancien avait été découvert à son domicile.

Le Progres

Une chrétienne pose avec une kalachnikov lors d’un séjour au Liban, la police débarque

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Soupçonné d’être en lien avec une entreprise terroriste, un jeune couple brestois a fait l’objet d’une perquisition administrative le 24 novembre. Il dénonce la violence de ce type de procédure. Rien de suspect n’a été trouvé.

Sabrina, Brestoise de 19 ans, se souviendra longtemps du mardi 24 novembre. Il est 6 h du matin quand la jeune femme est réveillée en sursaut. « Ouvrez ou on défonce la porte ! », entend-elle. Avec son compagnon, ils s’exécutent quand ils comprennent que c’est la police.

« Ils sont entrés à six ou sept, et ont été dans toutes les pièces, pour voir si des personnes étaient cachées. » Il s’agit en fait d’une perquisition administrative, procédure décidée par le préfet dans le cadre de l’état d’urgence.

Le couple le comprend au bout de quelques minutes. « Ils nous ont dit que quelqu’un les avait contactés pour leur dire qu’on pouvait être en lien avec une entreprise terroriste », raconte, l’air sidéré, Sabrina.

Ce qui a pu donner du crédit à cette information ? « Mon compagnon est Franco-libanais. L’an passé, on est allé six mois au Liban. » De ce séjour, les enquêteurs ont gardé une photo de la jeune femme, une Kalachnikov dans les bras…

Fouille intensive

« Lors d’une balade dans les montagnes, on a fait une halte chez des habitants. Il y avait un AK-41 sur le canapé. C’est plutôt fréquent là-bas, car la situation est compliquée… Comme on ne voit pas ça en France, j’ai demandé à mon compagnon de me prendre en photo, et je l’ai envoyée par texto à quelques amis », assure Sabrina. Elle n’a aucune idée de comment elle est parvenue aux services de l’État. « En dehors de ça, ils ne se sont pas renseignés sur nous. On est chrétiens ! Ils ont d’ailleurs pris en photo deux bibles, une en français, l’autre en arabe, qu’ils ont cru être un coran. » 

Ouest France

Un octogénaire musulman s’évanouit après une perquisition brutale pour… du bicarbonate de soude

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Alors que les perquisitions s’enchaînent en France depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence, une famille musulmane de Strasbourg a vécu une mésaventure, voyant son domicile perquisitionné par les forces spéciales, qui n’y ont rien trouvé.

Recherchant des armes et de la drogue, le RAID, la police judiciaire et la Brigade de recherches et d’intervention (BRI) ont perquisitionné un appartement de Strasbourg, n’hésitant pas à user de la méthode forte. Alors qu’un père de famille, âgé d’environ 80 ans, s’évanouit lorsqu’il entend des détonations faisant exploser sa porte, il est menotté au sol par les forces antiterroristes. Sa fille, âgée de 46 ans et déficiente mentale, subit le même traitement.

A l’origine de la perquisition, deux frères issus de cette famille sont contrôlés à deux reprises à la frontière tunisienne, puis à la frontière suisse, peu après les attentats de Paris. Prise pour de la drogue, une fiole de bicarbonate de soude retrouvée sur eux attire l’attention.

S’ils les laissent à chaque fois regagner la France, les douaniers gardent cependant des soupçons, et lancent une enquête. Celle-ci aboutit finalement à la perquisition musclée du domicile de leur père, ordonnée par le parquet de Strasbourg. Mais malgré les dégâts matériels et psychologiques occasionnés par celle-ci, les policiers rentrent bredouilles.

Estimant la mesure absurde, l’un des frères rapporte au site d’information Rue 89 que son frère utilisait uniquement la substance suspecte «pour des problèmes d’estomac». Celui-ci estime qu’«ils ont été arrêtés au faciès», notamment parce qu’ils «portent la barbe».

RT

Perquisition administrative chez des maraîchers bio « Ils s’attendaient à quoi, des légumes piégés ? »

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La ferme d’Elodie et Julien, à mi-chemin entre Périgueux et Angoulême, figure dans une plaquette de l’office de tourisme au chapitre « vente directe de fruits et légumes ». Il faut croire qu’on la trouve aussi dans les petits papiers du préfet de Dordogne.

Mardi matin à 7h20, depuis sa chambre avec vue sur l’arrière de la maison, un ami hébergé par le couple entend des claquements de portières et aperçoit la lumière de lampes torches. C’est une perquisition administrative. « Quand on est descendus, les gendarmes étaient déjà dans la cuisine », raconte Elodie, 36 ans. Elle ne sait pas si l’ami «  a ouvert ou s’ils sont entrés tout seuls », de toute façon « la porte était ouverte ». Devant elle et son compagnon Julien, 34 ans, s’alignent « une dizaine » de gendarmes de Nontron, Ribérac et Verteillac.

Comme les maraîchers bio demandent des explications, les forces de l’ordre invoquent l’état d’urgence et leur montrent un ordre de perquisition signé par le préfet Christophe Bay (voir ci-dessous). Selon ce papier, faisant référence aux attentats du 13 novembre et à « la gravité de la menace terroriste sur le territoire national », « il existe des raisons sérieuses de penser » que chez eux « peuvent se trouver des personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste ». « Ils s’attendaient à quoi, des légumes piégés ? », plaisante Elodie après coup. Installés depuis trois ans et demi en Dordogne, Julien et sa compagne ont une fille de deux ans, vendent des légumes de saison à la Biocoop et le samedi au marché.

« Le G8, les manifestations pour l’environnement, ça ne vous dit rien ? »

Pendant deux heures quarante, les gendarmes fouillent chaque pièce en regardant « dans les placards, les coffres, la bibliothèque, les recoins, les boîtes », détaille Elodie. Ils semblent « très intéressés par les petits carnets, les coupures de presse. Les livres moins. » Et demandent quelle surface fait la ferme, s’il y a des appentis. L’un d’eux prend les choses particulièrement au sérieux. « Il nous dit : “le G8, les sommets européens, les manifestations pour l’environnement, ça ne vous dit rien ?” et mentionne aussi la Cop21. Visiblement, la perquisition a un rapport avec nos activités militantes. »

« Ils nous parlent d’extrême gauche et sous-entendent qu’on est islamistes ? »

« On parle de quoi là ? Ils nous parlent d’extrême gauche et d’un coup sous-entendent qu’on est islamistes ? On ne sait pas ce qu’ils cherchent. » Pour seule réponse, les habitants récoltent un « voyez ça avec le préfet, nous on exécute les ordres ».

A 10 heures, après avoir fait signer un compte-rendu de perquisition reconnaissant qu’ils n’ont rien trouvé, les gendarmes repartent comme ils sont venus. Les maraîchers pensent quand même « qu’il faut que ça se sache ».

1233 perquisitions, 165 interpellations, 142 gardes à vue, 230 armes saisies

Sur l’ensemble du territoire, on dénombrait mardi 1233 perquisitions administratives, conduisant à 165 interpellations, dont 142 gardes à vue, et la saisie de 230 armes. Un certain nombre d’abus et de bizarreries sont déjà signalés : citons par exemple une fillette de 6 ans blessée à Nice, un TGV évacué pour un film d’action, un trompettiste retenu sans motif Gare du Nord, un restaurant investi par la police en plein service… Au point que les recensions de ces dérapages ont été systématisées par La Quadrature du Net et remplissent les pages des journaux.

Basta Mag

Des policiers se plaignent des perquisitions de « communication » ordonneés par le préfet

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« On ne fait pas mouche à tous les coups, loin de là. Le principe de ces perquisitions , c’est de taper large » justifie le préfet, Yannick Blanc. La liste des objectifs est établie lors de réunions avec tous les services.

Cela n’empêche pas un nombre croissant de policiers de douter de l’utilité de ces opérations très consommatrices en temps et en effectifs. « C’est de la communication », commente un haut responsable policier à Paris.Et le risque de dommages collatéraux n’est jamais très loin.

A Nice, vendredi 20 novembre, une fillette de 6 ans a été légèrement blessée lors d’une perquisition administrative menée dans le centre. Victime de « plaies multiples superficielles au cou et à l’oreille gauche », elle a été hospitalisée quelques heures. Les policiers, qui sont intervenus peu avant 5 heures du matin, avaient enfoncé la mauvaise porte.

Le Monde

Perquisitions abusives, arrestations injustifiées : les abus de l’état d’urgence

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Mickaël, 27 ans, regardait un film d’action dans le TGV Marseille-Rennes, vendredi 20 novembre, en compagnie d’un autre homme. Mal lui en a pris, selon Sud-Ouest : en gare de Massy (Essonne), la police évacue le train et lui saute dessus pour l’arrêter. Des passagers auraient trouvé suspects son comportement et son aspect : le jeune homme est barbu et il portait des gants. Choqué, il a été libéré au bout de quatre heures.

Cette histoire n’est qu’un exemple des nombreux cas relevés cette semaine par la presse locale : la France est en état d’urgence. Un état administratif qui donne aux forces de l’ordre de larges moyens d’action. Mais aussi un état collectif prompt à l’emballement.

Une fillette de 6 ans blessée

Autre histoire édifiante, celle que raconte La Voix du Nord sur ce jeune homme, dont le père de 67 ans a été interpellé manu militari, mardi 17 novembre, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Sophiane avait accompagné son père à la préfecture la veille pour une démarche administrative. Les forces de l’ordre l’auraient alors repéré prenant des photos, ce qu’il dément. Résultat : la police enfonce la porte du domicile familial, fouille l’appartement de fond en comble, et arrête son père, qui passe la nuit en garde à vue.

A Quévrechain, dans le Nord, Fatima et sa fille ont subi une brusque perquisition de nuit au motif qu’un homme, que les autorités suspectaient de détenir des armes de guerre, avait habité dans la maison par le passé. La jeune fille raconte les lasers dans l’appartement, la porte qui vole en éclats, sa mère de 43 ans menottée… pour une perquisition qui n’a rien donné.

Les victimes des bavures sont parfois très jeunes et impressionnables : à Nice (Alpes-Maritimes), une petite fille de 6 ans a été blessée par des éclats au cou, lors d’une perquisition jeudi. A 4 h 30 du matin, les policiers d’élite du RAID enfoncent la porte de l’appartement familial, plaquent le père au sol. Les voisins évoquent des tirs dans les serrures, que la police dément, mais c’est bien par des éclats de bois qu’a été blessée la fillette, touchée alors qu’elle dormait dans la chambre d’à côté. Et le tout pour rien : la police s’est trompée de porte, elle visait en fait le voisin. Hospitalisée, la petite fille n’a rien de grave et la police a reconnu une « erreur rare ».

Le musicien Ibrahim Maalouf retenu sans motif

Ibrahim Maalouf, trompettiste français renommé, qui a rendu un hommage aux victimes des attentats sur le plateau du « Grand Journal » de Canal+ le 16 novembre, a raconté au site spécialisé Clique avoir été retenu plusieurs heures par des policiers, gare du Nord à Paris, avant de monter dans un train Eurostar pour Londres.

Le natif de Beyrouth (Liban) aurait alors appris que son passeport avait fait l’objet d’un signalement auprès de l’organisme de coopération policière Interpol. Papiers confisqués, interrogatoire… Une fois relâché, il raconte sur son compte Facebook sa mésaventure relayée aussitôt sur Le Parisien, qui impute la responsabilité à la douane au lieu de la police. Le musicien prend ensuite son train, avant d’être invité à en descendre par « trois agents de la douane », fâchés d’avoir été associés à l’épisode. S’il dit comprendre l’attitude de la police face au signalement d’Interpol (dont il ne saisit pas la raison), Ibrahim Maalouf reproche aux douaniers d’avoir « dépassé les limites en [le] traitant comme un terroriste potentiel devant tout un wagon juste parce qu’un journaliste a écrit par erreur qu’ils [l]’avaient arrêté ».

« Acharnement contre un lieu sacré »

Les riverains de la mosquée d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), eux, sont scandalisés par l’état du bâtiment laissé par la police après sa perquisition musclée, dans la nuit du 16 au 17 novembre. Un des responsables de la mosquée a assuré avoir proposé les clés à la police, qui a refusé, « préférant forcer la porte ». Un adjoint au maire d’Aubervilliers, Sofienne Karroumi, a posté sur sa page Facebook des photos des dégradations subies par le lieu de culte, qu’il qualifie d« acharnement contre un lieu sacré ».

Ces personnes pourront-elles obtenir réparation ? En théorie, elles peuvent porter plainte pour violation de domicile et voie de fait, sans garantie, bien entendu, d’obtenir réparation. Il est même possible, si les dommages causés ont été reconnus par la police, d’invoquer la responsabilité de l’Etat, et d’adresser les factures au ministère. Dans certains cas, les forces de police ou les préfectures ont déjà indiqué qu’elles indemniseraient les personnes concernées.

Le Monde