Un prêtre propose moins de viande à la cantine sur recommandations du Pape et la droite dénonce… «l’islam politique»

Le curé des Minguettes, Régis Charre, qui a évoqué la question lors d’un atelier public, dit avoir voulu simplement suivre les recommandations du Pape et son encyclique «Laudato si’», adressée aux catholiques en 2015, où François évoque largement les questions écologiques. Mais la droite locale a bien vite brandi l’épouvantail de «l’islam politique»…

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Au départ, c’était une belle réflexion spirituelle. Quand le père Régis Charre, le curé des Minguettes, a évoqué une option végétarienne dans les cantines de Vénissieux, en banlieue de Lyon, il ne pensait pas nourrir une polémique autour de l’islam.

Voilà ce qu’il a proposé devant une petite dizaine de femmes des Minguettes, et dont la presse locale s’est fait l’écho : les familles pourraient choisir pour leurs enfants un menu avec ou sans viande. Il suffirait de cocher la bonne case sur un formulaire et une option «végétarienne» serait ainsi offerte à la cantine.  L’an passé, le député Yves Jégo (UDI) avait tenté de généraliser le double menu à l’ensemble du territoire, grâce à un projet de loi, mais sa démarche n’avait pas abouti. De leur côté, certaines communes appliquent ce principe, en particulier Lyon. Dès lors, pourquoi pas Vénissieux, située au sud-est de la métropole ?

La droite locale agite l’épouvantail de «l’islam politique»

Dans la commune de 61 000 habitants, le débat a longtemps été compliqué sur le hachis parmentier. Depuis 2013 au moins, la maire (PC) Michèle Picard et son opposant (PS) Lotfi Ben Khelifa s’affrontent sur l’alimentation des cantines scolaires. Le deuxième réclame des plats de substitution quand la première s’y refuse, afin de ne pas «faire entrer le fait religieux» dans un établissement public, comme le résume le Progrès de Lyon, qui a suivi l’une des dernières joutes fin juin.

Depuis jeudi soir, la droite locale s’en mêle aussi, le conseiller d’opposition Christophe Girard (LR) dénonçant la position soutenue par le prêtre : «Le père Charre se fait l’apôtre d’une revendication qui relève à 99% de l’islam politique».

Le Pape François agite la réflexion sur l’écologie en 2015

Le halal, un faux débat. Avant-même que le représentant local des Républicains ne riposte, l’homme de foi se montrait prudent dans ses propos. Dans le boucan politique, il se tient à l’écart, officiellement non-partisan : «Est-ce à un prêtre d’émettre des propositions ? Je n’en suis pas certain. Disons simplement que je réfléchis… » 

C’est toute la cruauté de la simplification des idées et de l’air du temps, chargé en névroses sur la religion musulmane. Régis Charre plaçait ses motivations loin de la viande halal : dans un mélange d’écologie et de lutte contre les inégalités. Et aussi, de «fait religieux», mais pas celui auquel on pense.

En contestant l’escalope systématique du midi, le prêtre suit en réalité les prescriptions du Pape François. Sa «réflexion» correspond à l’encyclique Laudato si («Loué sois-tu») adressée par le chef des catholiques le 18 juin 2015, riche en références sur l’écologie et le réchauffement climatique, la lutte contre la pauvreté et les injustices sociales. «Ce texte était une révolution», selon le prêtre des Minguettes, puisque l’Eglise associait enfin «l’écologie environnementale» et «l’écologie des plus pauvres».

D’où la réflexion sur la consommation de viande. Le père Charre : «On ne peut pas, dans un pays riche, manger toute cette viande que ne peuvent pas s’offrir les pauvres – des pauvres qui d’ailleurs nous nourrissent… ». Le curé parle aussi des méfaits du steak sur «la santé». Mais sa motivation première réside bien dans «la question écologique».

Libe

Claude Goasguen (LR) : « Nous avons un problème avec les maghrébins »

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Claude Goasguen, député-maire LR du 16ème arrondissement de Paris, est sur LCP pour un débat, mercredi 14 septembre au soir. Le sujet de départ est « l’identité heureuse », thème de campagne d’Alain Juppé (le concept étant présenté comme un objectif à atteindre et non un constat) qui vaut à ce dernier des attaques plus ou moins honnêtes du camp de Nicolas Sarkozy. Claude Goasguen, député de Paris, soutien ce dernier, fait part de son scepticisme quant à cette « identité heureuse ».

« C’est un thème de campagne qui se défend, c’est le sien, c’est un thème centriste », dit-il avant de parler de son « inquiétude » face à une « communauté musulmane » qui ne prendrait pas forcément cette « direction » et qui serait surtout « trop absente » dans la dénonciation des attaques terroristes commises par Daech sur le sol français. Il explique d’abord :

Je ne suis pas sûr, pour connaître bien la communauté musulmane, que le chemin de la communauté musulmane soit sur la direction d’une identité heureuse. Je dirais même qu’elle m’inquiète de plus en plus, cette communauté musulmane. Elle est absente.C’est vrai qu’il y a des personnalités musulmanes qui viennent de temps en temps passer à la télévision. Mais des millions de musulmans – vous imaginez ce que ça représente pour des millions de musulmans, ce qui se passe en France en ce moment, quelle peut être leur réaction ? Est-ce que vous auriez, vous… par exemple si des catholiques venaient assassiner d’autres personnes en France, mais je serais le premier à descendre dans la rue pour sanctionner les catholiques en question vigoureusement.

Je pense bien que tous les musulmans ne sont pas favorables à l’islamisme, mais je trouve que leur réaction n’est pas encore assez forte.

La discussion se déplace alors sur la question de l’islam en France et Claude Goasguen regrette qu’il n’y ait « pas de clergé dans la religion sunnite ». Une réflexion qui s’inscrit dans le cadre de la relance de la Fondation pour l’islam de France que doit diriger Jean-Pierre Chevènement. Et Claude Goasguen enchaîne, évoquant un « schéma trentenaire » qui est celui de l’immigration qui n’aurait pas été pris assez au sérieux, aboutissant à ce qu’aujourd’hui, le pays ait « un problème avec les maghrébins » notamment au sujet de la guerre d’Algérie. Voici ce que le maire du 16e a dit :

Si on ne règle pas les problèmes, ça sera très difficile. Tout le monde veut l’identité heureuse, moi j’ai lu ‘La Comtesse de Ségur’ comme tout le monde, mais très franchement, y’aura un vaste travail à faire, il sera difficile. Le schéma, il est trentenaire en réalité. Nous n’avons pas voulu voir l’immigration avec les yeux qui étaient ceux des hommes politiques lucides. Nous avons un problème avec les maghrébins, incontestable. Cette affaire de la guerre d’Algérie a été très mal perçue par la communauté musulmane maghrébine de la troisième génération mais aussi par certains Français. Elle ressort. Aujourd’hui, il faut avoir le courage de l’aborder non pas dans la discrimination, mais franchement… [il est coupé].

Le Lab