Abattoir du Vigan: Bardot demande la déchéance de nationalité du ministre Stéphane Le Foll

Brigitte Bardot est remontée. La défenseuse des animaux s’est fendue d’une lettre ouverte au ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll ce mardi, après la publication d’images choc tournées au sein de l’abattoir intercommunal du Vigan, dans le Gard.

bardot-e1450195686544.jpg

Dans la vidéo publiée sur le site de l’association L214, les employés s’amusent à torturer les animaux avant qu’ils ne soient tués. Intolérable, pour Brigitte Bardot.

« Vous devriez avoir honte de votre inaction face aux scandales que nous dénonçons et contre lesquels vous ne faites rien! (…) Par votre inaction, vous êtes complice, coupable, méprisable« … écrit B.B. « C’est vous qui devriez être déchu de votre nationalité, vous qui tuez la France et le monde rural! »

Brigitte Bardot ne mâche pas ses mots et renvoie le ministre à ses obligations. « Vous n’avez pas le droit de vous taire, pas le droit d’être lâche et de mépriser toutes ces bêtes sur le dos desquelles vous vous bâfrez. »

Nice Matin

La déchéance de nationalité des français de naissance déjà applicable depuis 1945

Capture d’écran 2016-02-09 à 22.08.10.png

Il est déjà possible de déchoir de la nationalité des djihadistes français de naissance, plaident plusieurs juristes et spécialistes de droit. Et les textes qui le permettent ont été appliqués de nombreuses fois depuis 1945.

C’est une information qui est passée presque inaperçue pendant des jours dans le débat sur la déchéance de nationalité: oui, il est déjà possible de déchoir des Français de naissance, point n’est besoin de voter une nouvelle loi, et a fortiori une loi constitutionnelle, affirment plusieurs juristes et spécialistes de la nationalité. Il a été souvent répété, au contraire, qu’on ne peut pas déchoir de leur nationalité des Français de naissance, mais seulement des Français qui ont acquis la nationalité française. Et il a été aussi dit et répété que de telles déchéances n’ont plus été opérées depuis Vichy. Ces deux informations ne sont pas strictement vraies si l’on en croit les travaux de Jules Lepoutre, doctorant en droit public à l’université de Lille, qui a fouillé les archives du droit de la nationalité.

Des déchéances de nationalité ont bien été prononcées pour des Français de naissance, du moins si l’on entend par déchéance de nationalité les trois critères suivants, explique le chercheur: une privation de la nationalité, à titre de sanction et à l’initiative de l’autorité publique. Entre 1949 et 1967, environ 523 déchéances de personnes de nationalité française ont été prononcées, parmi lesquelles on trouve «de nombreux Français de naissance», même si ces derniers n’étaient pas majoritaires.

Débat focalisé sur l’article 25 du code civil

Pourquoi les a-t-on oubliées? Pourquoi ces déchéances de nationalité ne sont-elles jamais citées? Et pourquoi affirme-t-on, alors, qu’on ne peut pas déchoir des Français de naissance?

Parce que d’une part, explique Jules Lepoutre, ces déchéances là n’ont pas été appelées «déchéance de nationalité». On les nommait «libérations d’office des liens d’allégeance».

Il existe d’autres articles du Code civil permettant de déchoir de la nationalité, particulièrement l’article 23-7, affirme Jules Lepoutre.

Déchoir un djihadiste prendrait «quinze jours»

Comme Jules Lepoutre, l’historien spécialiste de la nationalité Patrick Weil, qui a signé avec ce dernier une tribune dans Le Monde et une autre dans Libération, juge également que «même si cette disposition n’a plus été utilisée par la suite, elle reste présente dans notre droit».

Les deux chercheurs citent un texte du Conseil d’Etat du  20 mars 1964 et avancent que l’institution «a dégagé des situations dans lesquelles le défaut de loyalisme de l’individu peut être retenu pour le priver de sa nationalité, par exemple « l’entretien avec des organismes […] étrangers de relations incompatibles avec sa qualité de citoyen français »», un défaut de loyalisme qui «s’applique à n’en pas douter au Français qui se comporte comme un terroriste au service de Daech» et permettrait peut-être même de ne rien changer du tout à la loi.

Des conclusions auxquelles aboutit aussi le magistrat Charles Prats dans Le Figaro, qui affirme qu’on peut actuellement déchoir de sa nationalité un djihadiste en quinze jours:

«Le droit permet aujourd’hui de retirer la nationalité française à tous les individus prêtant leur concours d’une manière ou d’une autre à Daech, qu’ils soient binationaux ou seulement français. Et ce, sans même qu’il n’y ait besoin d’une condamnation judiciaire pour acte de terrorisme.»

Slate

Converti à l’islam, cet ancien catholique demande le statut d’apatride

Dans le contexte d’opposition entre ceux qui sont en faveur de la déchéance de nationalité et ceux qui y sont opposés, Thomas Marchal a choisi d’ouvrir une troisième voie.

Capture d’écran 2016-02-09 à 15.51.30.png

Ce natif de Rodez, âgé de vingt-trois ans, a en effet pris la décision, il y a deux semaines, de solliciter auprès des pouvoirs publics l’apatridie, afin de rompre avec son pays et, plus globalement, avec un système dans lequel il ne trouve pas sa place, sans que sa démarche trouve son origine dans une quelconque rancœur. «Je suis né en France, j’aime le peuple français mais la francophonie ne constitue pas l’ensemble de mon identité, qui est bien plus grande que ça», explique-t-il.

Ce sentiment, le jeune homme, aux questionnements constants («déjà tout petit, je m’interrogeais sur le but de la vie, sur la mort»), en a réellement pris conscience lors de sa conversion religieuse, qui l’a vu passer d’une «tradition chrétienne mais sans conviction» à l’islam. «Le Coran a pour moi apporté des réponses, il y a plusieurs siècles», explique-t-il. Se sentant aujourd’hui victime d’un «manque de tolérance» et d’une certaine incompréhension, y compris de la part de certains de ses proches, celui qui a passé quatre mois dans les geôles marocaines au début de l’année 2015, après avoir été soupçonné de préparer des attentats terroristes, et avant d’être innocenté, recherche aujourd’hui «le bien-être intérieur», grandement lié, selon lui, à une absence d’appartenance à une nation en particulier. «J’aimerais être un citoyen du monde entier et que l’on puisse tous vivre en paix», lâche-t-il.

«Il faut revenir à des choses plus simples, plus essentielles, et pour moi, les notions de nationalité et de frontière n’ont plus de valeur. C’est pour ça qu’en tant que musulman, j’ai envie de vivre à La Mecque ou à Médine mais que j’aimerais également, par la suite, aller à Jérusalem.»

La Depeche

La déchéance de nationalité s’étendra aux crimes et « délits les plus graves»

Devant la Commission des lois, le premier ministre a donné des gages à la droite en annonçant que la déchéance de nationalité concernerait les crimes et «les délits les plus graves». Afin de ne pas stigmatiser les binationaux, tous les Français, y compris les mononationaux, pourront être déchus de certains de leurs droits civiques.

XVM1a091a02-c4e7-11e5-96dd-17c9136537b3

Il a présenté son compromis. En renonçant à la référence à la binationalité et en étendant la sanction aux «délits les plus graves» en plus des seuls crimes, Manuel Valls a ménagé la gauche et la droite sur la question épineuse de la déchéance de nationalité. Devant la Commission des lois, mercredi matin, le premier ministre est venu défendre la nouvelle rédaction de l’article 2 du projet de loi de révision constitutionnelle, qui porte sur cette sanction polémique. «Aucune référence à la binationalité ne figurera dans le texte constitutionnel, ni a priori dans la loi ordinaire», a-t-il annoncé, répondant ainsi à une exigence de la gauche, et notamment du Parti socialiste, qui s’était ému du risque de rupture d’égalité devant la loi.

Sur cette question, Manuel Valls a fait savoir qu’il ratiferait la Convention de 1954 interdidant la création d’apatrides et qu’il s’en tiendrait à la loi du 16 mars 1998. «Seuls les principes (…) qui proscrivent la création de nouveaux apatrides devront continuer à figurer dans notre droit positif», a-t-il dit. Tous les Français condamnés pour terrorisme, y compris ceux qui ne possédent que la nationalité française, pourront être déchus de certains de leurs droits civiques (droit de vote, éligibilité…), comme le prévoit actuellement le code pénal.

Dans le même temps, le chef du gouvernement a indiqué que la déchéance de nationalité concernerait «les crimes certes, mais sans doute aussi les délits les plus graves», prenant en compte une demande du parti Les Républicains. Il a ensuite précisé la notion de «délits les plus graves»: «l’association de malfaiteurs, le financement direct du terrorisme ou l’entreprise terroriste individuelle, tous punis d’une peine de 10 ans d’emprisonnement».

L’examen de ce texte doit débuter le 5 février à l’Assemblée nationale. L’article 2 sur la déchéance de nationalité devrait être étudié le lundi suivant, le 8, avant un vote solennel les 9 ou 10 février. Si la majorité des députés votent la réforme constitutionnelle, elle sera alors soumise au vote du congrès, réunissant l’ensemble des députés et sénateurs.

Le Figaro

Déchéance de nationalité – Marc Trevidic : «Sommes-nous prêts à recevoir les terroristes des autres?»

4905871

Ancien juge antiterroriste, aujourd’hui vice-président au tribunal de grande instance de Lille, Marc Trevidic juge avec sévérité le projet d’extension de déchéance de nationalité aux binationaux nés en France. Pour ce magistrat expérimenté, cette réforme ne fera que créer des problèmes supplémentaires. 

Comment jugez-vous le projet annoncé par le gouvernement ?

« Il y a déjà des questions pratiques. Comment expulser un individu qui a toujours vécu en France ? Une autre nation a-t-elle à gérer quelqu’un né chez nous ? Imaginons qu’un autre pays, par exemple le Maroc, vote un texte similaire. Une personne y aura passé toute sa vie et, d’un seul coup, le Maroc nous l’envoie car également français. On n’exporte pas un terroriste ! Que se passera t’il si l’Algérie, les Etats-Unis nous adressent des déchus ? Allons-nous les accepter ? Le Royaume-Uni est en train de réfléchir à une réforme analogue. Que va-t-il advenir des franco-britanniques dans cette situation ? En réalité, c’est faire beaucoup de bruit pour rien et risquer, vraiment, de fabriquer des apatrides. »

Y-a-t-il une efficacité apportée, ici, dans la lutte antiterroriste ?

« Je ne la vois pas ! Une telle mesure, très certainement inapplicable, ne peut pas avoir de caractère dissuasif. Sa mise en oeuvre consommerait énormément d’énergie. Cette réforme créera davantage de problème qu’elle n’en réglerait. Encore une fois, quelle sera la réaction de la France si l’autre nation auquel un suspect est rattaché refuse de le recevoir ? N’oublions pas, non plus, qu’on ne peut pas expulser un individu vers un pays où sa sécurité est en danger. Pour cette raison, la Grande Bretagne a du garder Abu Qutada (Arrêté en 2005, ce Jordanien a finalement été expulsé en… 2013). Notre pays ne doit pas se considérer seule dans une bulle. »

Une telle mesure peut elle entraîner des dérives ?

« Le pays est encore sous le coup de l’émotion due aux attentats de novembre. En même temps, la définition du terrorisme est très floue. Il concerne également l’atteinte aux biens. Les Moudjahidinne du peuple iraniens ont été considérés comme terroristes ou pas en fonction des enjeux de notre politique étrangère. Enfin, l’état d’urgence, aujourd’hui, permet d’assigner à résidence des… écologistes. Je suis très surpris de voir la rapidité avec laquelle on range nos principes au placard. Que se passera-t-il, demain, si un régime autoritaire qualifie très largement des opposants de « terroristes » ? »

La Voix Du Nord