Les ancêtres de la vice-présidente du parti d’extrême droite AfD ont profité du nazisme
Les deux grands-pères de l’eurodéputée et vice-présidente du parti d’extrême droite AfD ont su chacun à leur manière tirer profit de l’arrivée au pouvoir d’Hitler.
D’elle, on a surtout retenu deux détails qui n’en sont pas: la vice-présidente de l’AfD, ce parti populiste qui se présente comme celui des «petits», des «laissés-pour-compte», est une aristocrate. Et elle incarne la ligne dure de cette formation politique née en 2013, qui se présentait au départ comme anti-euro, mais qui a rapidement orienté son discours vers une rhétorique anti-islam et anti-réfugiés. Début 2016, elle avait cru bon de déclarer sur Facebook que les gardes-frontières devraient tirer sur les réfugiés qui arrivent illégalement sur le sol allemand, y compris sur les femmes et les enfants, avant de faire marche-arrière et de présenter ses excuses.
Mais deux autres détails qui n’en sont pas non plus méritent d’être connus: les deux grands-pères de la vice-présidente de l’AfD étaient membres du NSDAP, et tous deux ont profité du nazisme pour redorer leur blason. Née duchesse d’Oldenbourg, Beatrix von Storch est issue d’une des grandes lignées de l’aristocratie du nord de l’Allemagne. Son grand-père paternel, Nicolas d’Oldenbourg (1897-1970), est le dernier grand-duc héréditaire de la maison Oldenbourg et était à ce titre prétendant au trône du grand-duché d’Oldenbourg. Mais l’instauration de la république de Weimar en 1918 brisera son destin tout tracé. Il perd ses privilèges, son titre de noblesse n’étant alors plus qu’une coquille vide.
Salutations chaleureuses et Heil hitler
Quinze ans plus tard, lorsque les nazis arrivent au pouvoir, il y voit une opportunité. Nicolas d’Oldenbourg s’engage dans la SA et profite de la guerre pour enrichir son clan en acquérant des terres dans les contrées d’Europe de l’Est annexées par l’Allemagne nazie, comme le prouve une lettre datée du 2 juin 1941 adressée à Heinrich Himmler. L’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht est alors imminente. Nicolas d’Oldenbourg écrit à Himmler, qui occupe à ce moment-là le poste de «commissaire du Reich pour le renforcement du caractère du peuple allemand»:
«Je vous serais très reconnaissant si vous pouviez m’indiquer si la possibilité d’acheter de plus grandes terres pourrait en principe m’être accordée à la fin de la guerre.»
Et signe: «Salutations chaleureuses et Heil Hitler.»
L’autorisation lui sera accordée dans la foulée. Le cas de Nicolas d’Oldenbourg n’est pas isolé, comme l’explique l’historien allemand Stephan Malinowski dans l’ouvrage Von König zum Führer («Du roi au führer»), paru en 2003, qui révèle les liens étroits qu’avait tissés la noblesse allemande avec les nazis et la façon dont celle-ci s’est enrichie durant le grand pillage que fut la Seconde Guerre mondiale.
«Avec l’effondrement de la monarchie, la noblesse a perdu des institutions traditionnelles-phares que sont l’orientation et la protection. […] Après le «départ» sans gloire de l’empereur et du dauphin, un vide est apparu, qui a été comblé avec une rapidité étonnante, y compris par la noblesse, avec des envies diffuses de führer. C’est au plus tard avec l’apparition de Mussolini que le discours omniprésent au sujet d’un « führer » s’est mué en recherche concrète d’un « dictateur » ou d’un « führer »», écrit Stephan Malinowski.
Rien ne prouve toutefois que Nicolas d’Oldenbourg se serait enrichi sur le dos des victimes de l’Holocauste.
Ministre des Finances sous le troisième Reich
L’autre grand-père de Beatrix von Storch, le comte Johann Ludwig Schwerin von Krosigk(1887-1977), a lui été un des grands organisateurs de l’entreprise d’extermination systématique des juifs menée par les nazis. Nommé ministre des Finances quelques mois avant la chute de la République de Weimar, le comte Schwerin von Krosigk conservera son poste lorsque Hitler deviendra en chancelier en 1933. Bien qu’il ne soit à cette époque pas encore encarté au NSDAP et que le ministre de la Propagande Joseph Goebbels le décrive comme «assez réservé» dans son journal intime, Johan Ludwig Schwerin von Krosigk appliquera dans le domaine des finances la politique anti-juive menée par le régime nazi, appliquant des lois fiscales discriminant les juifs et soutenant l’aryanisation des biens désignés comme juifs en donnant un cadre légal aux spoliations et aux expropriations massives qui ont lieu à travers le pays et dans les territoires occupés.
Après le suicide d’Hitler le 10 avril 1945, il prendra même sa place, formant un chancelant «gouvernement provisoire du Reich» qui sera dissous trois semaines plus tard. À l’issue du fameux «Procès des ministères», Johan Ludwig Schwerin von Krosigk sera condamné en 1949 à dix de prison pour avoir pillé les juifs déportés par l’entremise de l’administration fiscale nazie. Mais comme beaucoup d’autres criminels nazis, il bénéficiera d’une amnistie à peine deux ans plus tard, menant ensuite une carrière d’écrivain et d’éditorialiste.
De là à dire que Beatrix von Storch suit les traces de son grand-père.
en cherchant bien chez nous aussi il doit y avoir des grands pères de certains politiciens français qui soient des collabos ou des nazis,rien que dans la magistrature il doit y en avoir en foules
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