Dans une lettre anonyme, des gendarmes reprochent au colonel Bonneau la non-intervention du GIGN au Bataclan le 13 novembre. La force d’élite avait en fait reçu l’ordre de rester en réserve dans l’éventualité d’autres attentats.
Un « chef incompétent », « pas à la hauteur », « incapable de fédérer les 380 militaires qu’il commande ». La charge est lourde. Elle vise nommément le colonel Hubert Bonneau, le patron du GIGN, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale. Dans un courrier que s’est procuré le Canard Enchaîné, des egendarmes anonymes l’attaquent sans concession sur sa gestion des attentats du 13 novembre.
Ce soir-là, la force d’élite de la gendarmerie n’est pas intervenue au Bataclan. Elle est restée stationnée à moins de deux kilomètres de la salle de spectacle. « Nous n’avons jamais connu pire commandement que l’actuel. Il ne fait preuve d’aucune initiative. On n’avait pas besoin d’attendre les ordres de Beauvau pour intervenir », écrivent-ils, se disant « scandalisés » et « traumatisés ».
« Une discipline collective »
Au Bataclan, c’est la BRI qui est intervenue dès 22h20, épaulée par le Raid présent sur place à l’initiative de son patron, Jean-Michel Fauvergue. Les unités d’élite des forces de l’ordre se repartissent en effet géographiquement les théâtres d’opération: Paris correspond à la zone d’intervention de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), le Raid couvrant la banlieue et les zones urbaines de province et le GIGN les zones rurales.
Le 13 novembre, le colonel Hubert Bonneau est « mis en alerte à 22h26 » et reçoit de la direction des opérations et de d’emploi de la gendarmerie « l’ordre d’engagement » à 22h40. Les gendarmes du GIGN quittent leur base de Satory à Versailles et arrivent à Paris entre 23h20 et 23h40.
« J’ai reçu l’ordre de me rendre à la caserne des Célestins (siège de l’état-major de la garde républicaine à Paris, NDLR). Dans une configuration aussi confuse, une discipline collective s’impose. Aussi, j’attends des ordres précis sur mon engagement.
Lorsque j’arrive à la caserne des Célestins, je ne dispose d’aucune information », a expliqué le colonel Bonneau à la commission d’enquête parlementaire sur les attentats. Les ordres viennent du cabinet du ministre de l’Intérieur. Comme il l’explique aux députés, ce soir-là, il n’a réussi à joindre ni le patron de la BRI Christophe Molmy, ni le préfet de police de Paris, Michel Cadot.
