Saccages, agressions, menaces… l’étrange impunité dont bénéficie l’extrême droite a Aix

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Des partis et mouvements de gauche et de défense des droits de l’homme s’inquiètent de l’absence de réponse judiciaire aux exactions de l’Action française

L’argument vaut un direct du gauche bien placé : « Si des syndicalistes mènent une action dans les locaux d’une organisation politique ou contre un siège social, cassent du matériel et cognent sur les gens, le quart d’heure d’après, ils sont en taule. »

C’est Luc Foulquier, du Parti communiste français (PCF) d’Aix-en-Provence, qui l’a asséné hier matin. Avec d’autres représentants d’associations et d’organisations syndicales et politiques locales – la Fédération syndicale unitaire (FSU), le Parti socialiste, la Ligue des droits de l’homme, Ensemble, Partit occitan – ils s’inquiètent de l’absence de réponses judiciaires aux exactions de l’Action française (AF).

Les diverses plaintes déposées contre ce groupuscule d’extrême droite n’ont toujours pas abouti. « Nous sommes dans une situation stupéfiante du point de vue du droit, estime David Tessier, de la FSU. C’est comme si l’extrême droite bénéficiait ici d’une forme d’impunité. »

Mais qu’est-il reproché à cette organisation royaliste très proche du Front national ? Rien moins que des rassemblements fracassants, une tentative d’incendie, des menaces de mort et des distributions de coups.

En novembre 2014, ses membres ont fait irruption dans les locaux aixois du PCF et blessé un militant des Jeunes communistes qui portera plainte – laquelle semble être toujours en cours de traitement (lire ci-dessous).

En décembre 2015, une conférence sur la montée de l’extrême droite est perturbée à l’Institut d’études politiques d’Aix. Puis c’est la cérémonie des voeux du député socialiste Jean-David Ciot qui est la cible d’une quinzaine de militants d’AF en janvier dernier. Enfin, mi-mai, les locaux du PCF d’Aix ont de nouveau été attaqués.

« Nous avons écrit au procureur de la République, mais nous n’avons pas eu de réponse », confie Rémy Jean, du mouvement Ensemble. En attendant, « au marché, quand ils vendent leur torchon (journal, Ndlr), ils crient ‘Mort à la juiverie internationale !' », soutient David Tessier.

La Provence

« Islam hors de France » « Judaïsme politique », des cortèges d’extrême droite à Paris en l’honneur de Jeanne d’Arc

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Des catholiques intégristes de Civitas aux royalistes de l’Action française en passant par le Parti nationaliste français, divers mouvements d’extrême droite ont défilé dimanche à Paris à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc.

Civitas a rassemblé environ un millier de personnes, qui ont marché jusqu’à une statue de Jeanne d’Arc près du Jardin des Tuileries, derrière une figurante en armure et à cheval, en scandant des slogans tels que « Islam hors de France », « Libérons la nation du poison franc-maçon » ou « Laïcité perversité ».

Ils avaient auparavant applaudi des intervenants appelant à une « neuvième croisade ». Pierre Sidos, figure de l’extrême droite pétainistea lui évoqué avec nostalgie « l’Algérie française » et « l’occupation allemande », pendant laquelle « on ne fouillait pas les sacs des dames et on avait encore le droit d’être Français ».

Les manifestants ont par ailleurs hué l’évocation de la confession musulmane du nouveau maire de Londres, ainsi que le nom du ministre de l’Économie Emmanuel Macron, qui a lui-même rendu hommage à Jeanne d’Arc dimanche à Orléans, où il a estimé qu’elle avait « su rassembler la France ».

Un cortège distinct d’une centaine de manifestants, emmenés par le Parti nationaliste français, a lui aussi, dimanche matin, déposé des fleurs, aux cris de « bleu blanc rouge, la France aux Français », mais aussi « Hollande démission ».

Sur fond de drapeaux tricolores et d’autres représentant la croix celtique, des membres de partis européens d’extrême droite invités au défilé (Pegida, Aube dorée, Phalange espagnole…) ont dénoncé « l’immigration », « le judaïsme politique et la finance apatride« , le traité de Schengen (qui organise la libre-circulation des personnes en Europe), mais aussi « le honteux traité de Troyes » (qui faisait d’Henri V d’Angleterre l’héritier du trône de France en 1420).

Le Point