Des élus FN dénoncent une escroquerie fomentée par le Front National

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Lors d’une conférence de presse organisée ce mardi à Valenciennes, trois élus FN du Nord ont dénoncé une «escroquerie» de la part du mouvement. Tous trois candidats aux départementales de mars 2015, ils contestent l’usage au sein du parti d’un «kit de campagne» conçu par la société Riwal. Utilisé par le FN depuis plusieurs scrutins, ce kit est un lot de matériel comprenant affiches, bulletins de votes ou encore conception d’un site Internet.

Censé faciliter la vie des candidats, le système est pourtant au cœur d’une enquête judiciaire depuis avril 2014. Les juges du pôle financier cherchent notamment à déterminer si l’achat de ce kit était obligatoire pour la plupart des candidats FN, et si le prix de certaines prestations n’a pas été surévalué.

«On nous a dit dans une réunion que, si on ne prenait pas les kits, on ne serait pas candidats», assure Francis Boudrenghien, conseiller municipal FN à Anzin, qui dit avoir été contraint de commander un supplément d’affiches électorales.

De son côté, Jean-Luc Laurent, conseiller municipal de Valenciennes, critique le prix et le format des prestations du kit : «Lorsqu’il m’a été proposé, pour un montant total de 8 000 euros, j’ai voulu y prendre quelques pièces et en refuser d’autres. La prestation de l’expert-comptable, par exemple, était facturée 1 400 euros alors qu’un professionnel local ne me demandait que 600 euros pour le même travail. J’ai également refusé la facturation de 28 000 cartes postales, livrées si tardivement que je n’aurai pas eu le temps de les distribuer.»

Selon Jean-Luc Laurent, ces réticences lui auraient valu d’être sermonné par le responsable local du FN, Guy Cannie. Dans un échange de courriels entre les deux hommes, exhibé par M. Laurent, Guy Cannie qualifie le kit d’«obligatoire». Ce terme apparaît également sur des documents adressés aux candidats du FN lors des municipales de 2014.

Ces éléments pourraient tout de même renforcer dans leurs soupçons les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeck et Aude Buresi. Les deux magistrats se concentrent sur la campagne législative de 2012, lors de laquelle le système des kits était déjà en place. Dans la double hypothèse d’un achat obligatoire et «surfacturé», le système ferait un perdant : l’Etat lui-même, qui rembourse aux candidats leurs dépenses de campagne en vertu du code électoral. Et deux gagnants. La société Riwal d’une part : productrice du kit, elle est dirigée par le très radical Frédéric Chatillon, un ami de Marine Le Pen.

Le microparti Jeanne d’autre part : piloté par des proches de cette dernière, il propose aux candidats FN des prêts leur permettant d’acheter le kit, à un taux d’intérêt de 6,5%. Neuf personnes ont déjà été mises en examen, dont Frédéric Chatillon, le vice-président du FN Jean-François Jalkh, son trésorier Wallerand de Saint-Just, ainsi que Jeanne et le FN eux-mêmes en tant que personnes morales.

Libération

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