Un maghrébin tabassé par des nationalistes d’extrême droite, le parquet rejette le motif « raciste »

Le parquet d’Agen requiert le renvoi devant le tribunal correctionnel des quatre auteurs présumés de la double agression du 23 juin 2013 au festival rock de la Prairie à Agen. L’avocat d’une des victimes enrage.

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Pour les violences exercées entre autres à l’encontre d’un Français d’origine algérienne dans la nuit du 23 au 24 juin 2013 à Agen, le magistrat du parquet d’Agen en charge du dossier demande le renvoi des quatre agresseurs présumés devant le tribunal correctionnel pour violences aggravées. Mais des trois circonstances aggravantes, l’une a été laissée de côté, celle de l’appartenance de la victime à une ethnie ou à une nation.

«Il ne faut pas perdre de vue», précise Me Briat, l’avocat de la seule victime partie civile, «la plainte initiale, et la qualification pénale initiale». Pour le parquet encore, rien ne permet d’affirmer noir sur blanc que les deux agressions ont un caractère raciste.

3e voie

Pourtant, les agresseurs présumés accompagnés ce soir-là de deux jeunes femmes sont identifiés comme appartenant au mouvement nationaliste d’extrême-droite 3e voie. Une dizaine d’affiches vantant les thèses de ce groupuscule nationaliste est retrouvée lors d’une perquisition au domicile de l’un des mis en examen.

Croix gammée

À des degrés divers, chacun et chacune ne conteste pas l’appartenance à cette ligne de conduite à l’extrême droite. Jugé en mars en cour d’assises pour un braquage commis en 2012 au Lidl de Casteljaloux, l’un des protagonistes de ce soir-là à la Prairie reconnaît aussi avoir appartenu à cette mouvance. Devant les jurés, il décrit ses tatouages : croix gammée, soleil noir «qui rappelle les camps de concentration» ou encore un badge avec Hitler en arrière-plan.

Ce soir-là, le Français d’origine algérienne et un ami venu assister au concert «mais pas à l’aspect politique du festival» veulent se rendre au club «Le Saint-Barth» par le quai qui longe Garonne. Ils sont roués de coups, l’un plus que l’autre, et se retrouvent au commissariat.

«Fissures» aux vertèbres

Le plus touché des deux — il se fera par la suite appelé Icham pour se protéger — bénéficie finalement d’une ITT de 30 jours. «Il a maigri, est devenu agoraphobe», précise son avocat Me Briat. Le corps médical relève des «fissures» sur les vertèbres C4 à C6. Les coups de matraque et de poing américain, sans parler des coups de pied, ont laissé des traces.

La Depeche

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