Dans les rangs du Front national en Bretagne, on n’apprécie guère les militants qui posent trop de questions. Surtout quand il s’agit du financement de la campagne de Gilles Pennelle, le candidat frontiste briguant la tête de la région.
Patrick Le Fur prend la parole et exige que ceux qui ne respectent pas « les consignes » prennent la porte. « Je vais m’acharner à broyer cette machination« , promet-il, tapant du poing sur la table. Les cris et insultes fusent. « Fachos ! » hurlent de colère certains adhérents, qui quittent la salle.
L’objet de cette guerre interne : le financement de la campagne. Depuis avril, les cadres régionaux détaillent lors de réunions la stratégie de financement aux militants. « On voulait en savoir plus sur les prêts de colistiers dont parlait Gilles Pennelle. Il y avait des rumeurs. Nous, militants, nous exigions des explications », raconte Maximilien Ménand-Chambon, qui fait partie de ceux qui ont pris la porte le 26 juin.
« On nous demandait de prêter jusqu’à 10 000 euros pour être sur les listes« , raconte un candidat dans la liste du Morbihan qui préfère rester anonyme « par peur des représailles ». Même son de cloche chez deux frontistes de la liste du Finistère : « On m’a dit que plus on prêtait, plus on avait de chances d’être haut dans la liste, voire dans le trio de tête ».
En juin dernier, une assemblée générale en présence de Nicolas Bay – le secrétaire général du FN – a fini en pugilat. Selon un des militants présents ce jour-là, « on voulait des explications sur les prêts de colistiers. On a été mis à la porte violemment« . L’une d’entre eux, Magalie Lambert, accuse alors le numéro deux de la fédération du Morbihan de l’avoir agressée, lui occasionnant 50 jours d’arrêt de travail.