
Existe-t-il de l’antisémitisme dans le cinéma français ?
Oui. Il y a, d’après des sondages, 30% de gens en France qui pensent que ces clichés antisémites sont véridiques. Ces 30% sont répartis dans toute la population, ils ne sont pas tous planqués dans le même bled.
Le Front national, qui est évoqué malicieusement dans le film, est-il plus dangereux pour les Juifs de France que l’islamo-gauchisme ?
Je pense que c’est pareil. Les gens en France ne se rendent pas compte que l’on ne peut pas fricoter, de près ou de loin, avec des gens dont l’ADN est terrible pour nous [les Juifs] et pour les autres en général. Les gens qui descendent dans la rue et qui crient « Juif de France dégage », c’est l’électorat du Front National. Je ne me vois pas donner ma voix à un parti dont l’électorat est antisémite. Maintenant, je ne pense pas du tout qu’ils soient plus dangereux que les islamo-gauchistes. Les antisémites qui se cachent derrière leur antisionisme, ont déjà fait la démonstration de leur antisémitisme. C’est ça le malaise d’un Juif de France aujourd’hui. Droite ou gauche ? …
La France a récemment voté à l’UNESCO en faveur d’une résolution antijuive et elle soutient l’étiquetage des produits israéliens. La diplomatie française est-elle antisémite ?
Je ne crois pas que cela soit de l’antisémitisme. Malgré l’étiquetage, la France est ferme contre les appels au boycott d’Israël. Mais je suis choqué de voir comment l’UNESCO a pu voter cette résolution. C’est du négationnisme dans toute sa splendeur. C’est aussi grave de dire que les Juifs n’ont aucun lien avec Jérusalem, que de dire les chambres à gaz n’ont pas existé.
Je ne comprends pas le vote de la France. D’une part, il y a une grande ignorance sur le conflit israélo-palestinien, et d’autre part, il y a une propagande arabo-palestinienne très, très bien orchestrée, et qui depuis un moment fait son chemin. Israël a manqué un train, celui de rétablir la vérité. Israël est toujours en guerre.
Cet État n’a pas le temps de gérer tout ça. Cela était une très grosse erreur. J’ai fait un film sur l’antisémitisme, pas sur le conflit israélo-palestinien. Dans ce conflit israélo-palestinien, au-delà d’un problème de territoire, il y a aussi de l’antisémitisme. Donc on comprend bien qu’aujourd’hui on essaye de se bagarrer contre la légitimité d’Israël. C’est ce que fait le mouvement BDS.
Les médias français, en particulier sur le traitement du conflit israélo-palestinien, ont-ils une part de responsabilité dans la montée de l’antisémitisme en France ?
Oui, bien sûr. Quand on titre « Un Palestinien succombe à ses blessures » et qu’on n’explique pas que c’est un terroriste, et bien, il y a peut-être un Merah qui va se lever pour aller « venger son frère » palestinien. À un moment, il faut que l’information soit juste.
Est-ce que vous pensez que ce film devrait être montré dans les écoles ?
Absolument ! J’espère bien qu’on le montrera dans les écoles.