Depuis lundi, le Valenciennois Franck Flament était jugé par la cour d’assises de Saint-Omer pour avoir violé à deux reprises une Berckoise de 17 ans qu’il avait fait venir chez lui en Angleterre, officiellement pour être jeune fille au pair. Il a été condamné à 13 ans de réclusion criminelle.
Deux femmes ont marqué cette deuxième journée de procès. La victime d’abord. Discrète, pudique et digne. La veille au soir, à l’issue d’une journée d’audience déjà très dense, cette jeune femme de 20 ans a raconté son histoire à la cour, avec une telle fluidité qu’on aurait dit qu’elle avait tout lâché dans un seul souffle. Un énième récit, déjà déballé devant les enquêteurs, le juge d’instruction, son avocate, les experts-psys,… et maintenant la cour. Tous ont souligné sa solidité psychique, ses capacités de résilience et son intelligence.
Combien elle a souffert, aussi. Mise en confiance pendant des mois par Franck Flament (qui lui téléphonait, lui envoyait des messages et s’était même présenté à sa famille), elle s’est rendue chez lui, en Angleterre pour être jeune fille au pair. Sans penser une seule seconde qu’elle se jetait dans la gueule du loup. Elle a compris que quelque chose clochait lorsqu’elle a vu qu’il n’y avait ni jouets, ni chambre d’enfant dans le logement.
Alors elle s’est sentie tétanisée. Comme l’a expliqué l’expert-psychologue Delannoy, elle s’est mise en mode « survie » : son corps a subi les viols et ne réagissait plus. Mais son esprit « restait conscient, lucide », et c’est ce qui l’a sauvée : elle a réussi à élaborer un stratagème, prétextant que sa mère était tombée malade, pour convaincre son agresseur de la ramener en France.
L’autre femme qui a marqué ce procès, c’est la compagne de Franck Flament. Compagne ou ex, on ne sait pas vraiment. Durant six ans de relation, cette jeune femme s’est mis des œillères. Le viol ? « Il m’a dit qu’il se sentait seul, que c’est pour ça qu’il avait fait venir cette jeune fille et que c’était un accident, qu’il avait trop bu. » Au président qui s’étonne de son aveuglement, elle répond, pleine de soupirs et de larmes : « C’est probablement parce que j’étais amoureuse et que l’amour rend aveugle. » Lors de la suspension d’audience, Franck Flament ne cesse de chercher son regard.
LES FAITS
En 2013, une Berckoise de 17 ans répond à une petite annonce sur Internet pour devenir jeune fille au pair en Angleterre. Elle entre en contact avec Franck Flament, un Valenciennois d’une trentaine d’années installé à East Grinstead, dans le Sussex. Il se présente comme marié et père d’un enfant prénommé Allan. Lorsque la jeune fille, mise en confiance, se rend dans cette « famille » pour un séjour de découverte, les 29 et 30 juillet, elle se retrouve seule face à Franck Flament, qui la viole à deux reprises. Elle parvient à lui faire croire que sa mère est tombée malade pour justifier son retour immédiat en France. Elle dépose plainte au commissariat de Berck dans la nuit du 30 au 31 juillet.
La Voix Du Nord