Pour Christian Estrosi, il y a une différence entre kippa et voile

Christian Estrosi, grand expert es religions. Le président les Républicains de la région Paca, qui a appelé les juifs à ne pas avoir « peur » de porter la kippa, a fait dimanche 17 janvier une « différence » entre port de la kippa, pas « un comportement communautariste » selon lui, et port du voile.

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« Comportement communautariste ? »

Ces déclarations font suite à l’agression antisémite du lundi 11 janvier à Marseille, qui a suscité un vif débat sur le port (ou non) de la kippa. Tandis que le président du Consistoire israélite de la cité phocéenne « incitait » les juifs de la ville à « enlever la kippa dans cette période trouble, jusqu’à des jours meilleurs », d’autres instances représentatives – mais aussi des politiques – ont exprimé leur désaccord.

« Les juifs ont toujours, pour ceux qui le souhaitaient, porté la kippa. Vous êtes en train de sous-entendre que c’est un comportement communautariste ? », a lancé le député-maire LR de Nice aux journalistes en se félicitant que les représentants en France « des trois grandes religions luttent contre le communautarisme ».

Interrogé pour savoir s’il mettait sur le même plan le port de la kippa et celui du voile, le président de la région Paca a dit faire une « différence », mais aussi assuré défendre « tout autant » les Français musulmans que juifs.

« Je ne connais pas de pays où le non-port de la kippa est sanctionné. Lorsque je débarque à Tel Aviv, personne ne m’oblige à porter la kippa. Le judaïsme est d’ailleurs la seule religion du Livre qui n’est pas prosélytiste », a déclaré ce membre du groupe d’amitié France-Israël de l’Assemblée nationale.

« Par contre, allez au Koweït, chez les grands amis de monsieur Hollande! Même si vous n’êtes pas une femme musulmane, au moment même où vous atterrissez en Arabie Saoudite, on impose aux femmes de porter le voile », a lancé M. Estrosi.

Mercredi, deux députés, Claude Goasguen (Les Républicains) et Meyer Habib (UDI), ont porté brièvement une kippa devant les caméras, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, en signe de solidarité avec la communauté juive après l’agression de Marseille.

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Huffington Post

Rony Brauman : entre le voile et la kippa, « il y a deux poids, deux mesures »

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Que pensez du port de la kippa ? Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières et professeur à l’université de Manchester était l’invité de David Abiker, ce samedi dans C’est arrivé cette semaine.

INTERVIEW – A Marseille, lundi, un adolescent de 15 ans frappait un enseignant qui portait la kippa. « C’est indiscutablement un acte d’hostilité envers la religion » juive, commente Rony Brauman, professeur à l’université de Manchester, au micro de David Abiker, samedi, dans C’est arrivé cette semaine.

L’intellectuel s’interroge cependant sur la signification sociale du port de la kippa, au delà de la signification religieuse. « On affirme une affiliation politique, un signe de fidélité à l’Etat d’Israël et c’est plus problématique, un signe allégeance à la politique de l’Etat d’Israël », pense Rony Brauman.
Exhibition de signe religieux. S’il ne « prête pas à cet ado une analyse politique », le spécialiste s’étonne « que la République, dans sa vision laïcarde, qui refoule les signes religieux hors de l’espace public, exhibe cette fois ce signe.

Quand une femme voilée se fait attaquer, il s’agit d’écarter ces signes religieux, c’est différent quand c’est un homme avec kippa qui se fait agresser. Il y a deux poids, deux mesures. »

« La République défend ce symbole plus que n’importe quel autre ? », demande David Abiker. « Oui, et les parlementaires qui sont arrivés à l’Assemblée nationale avec une kippa (Claude Gloasguen et Meyer Habib) font aussi partie de ces gens qui ont sifflé quand la mère d’une victime de Mehra est arrivée au parlement avec un foulard, poursuit le professeur.

Par ailleurs, ces parlementaires se présentent comme des amis intimes de Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Je me demande ce que les gens penseraient si des institutions musulmanes se faisaient les représentantes d’un Etat islamique en France. »

Europe1