L’entourage de Donald Trump envisage de relancer le fichage des musulmans

Selon un de ses conseillers, son administration songe à réactiver un fichier ciblant les immigrants de certains pays, créé après le 11 septembre 2001. Durant sa campagne, le candidat a promis d’interdire l’accès du territoire américain aux musulmans, puis aux ressortissants de pays où sévit le « terrorisme islamiste ».

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«Le jour où ils créeront une base de données des musulmans, j’irai m’enregistrer comme musulman», a déclaré récemment Jonathan Greenblatt, le président de l’organisation antiraciste américaine Anti-Defamation League. Ces derniers jours, la phrase «First they came for the muslims» («D’abordils sont venus chercher les musulmans»), référence au poème antinazi de Martin Niemöller, est devenue très populaire sur Twitter.

La promesse d’une «base de données des musulmans» a été une des plus explosives de toute la campagne de Donald Trump, et on en sait un peu plus désormais sur ce qu’entend mettre en place la nouvelle administration: pour résumer, une politique qui existait déjà lors de la dernière décennie, a été jugée discriminatoire à l’époque par les organisations de protection des droits de l’homme et inefficace par l’administration qui l’appliquait.

Un système déjà en place après le 11-Septembre

Le secrétaire d’État du Kansas Kris Kobach, artisan de quelques-unes des lois sur l’immigration les plus restrictives des années 2000 et conseiller de Trump sur les questions d’immigration, a expliqué à l’agence Reuters que la nouvelle administration (dans laquelle il pourrait devenir ministre de la Justice) réfléchissait à réactiver le National security entry-exit registration system (NSEERS). Un système de contrôle des immigrants mis en place après le 11 septembre 2001, et qu’il avait lui-même contribué à façonner en tant que conseiller de l’administration Bush.

Le même système était imposé à des citoyens déjà présents sur le territoire avec un visa non-résident (tourisme, travail, étudiant…), qui devaient notamment signaler certains de leurs déplacements, comme leurs déménagements

Ce système créait un fichier avec une triple identification (empreintes digitales, photographie et interrogatoire poussé) pour des citoyens de 25 pays lors de leur entrée sur le territoire américain. Le même système était imposé à des citoyens des mêmes pays déjà présents sur le territoire avec un visa non-résident (tourisme, travail, étudiant…), qui devaient notamment signaler certains de leurs déplacements, comme leurs déménagements. Il ne ciblait pas explicitement les musulmans mais 24 des 25 pays cités étaient arabes, du Maghreb à l’Asie du Sud-Est en passant par le Moyen-Orient, le vingt-cinquième étant la Corée du Nord.

Selon NBC News, plus de 80.000 personnes avaient été fichées dans ce cadre. Aucune n’avait été poursuivie pour des faits de terrorisme, mais 13.000 personnes avaient été déportées pour violation des lois sur l’immigration. Le programme a été vidé de sa substance en 2011, mais n’a jamais été complètement abrogé.

Au mauvais souvenirs des camps d’internement

Comme l’explique The Hill, Trump avait beaucoup varié sur le sujet durant la campagne, donnant parfois l’impression qu’il voulait ficher tous les musulmans du pays ou interdire l’immigration de tous les pays à majorité musulmane. Quand un journaliste l’avait interrogé en lui demandant en quoi ce fichage différerait de celui des Juifs sous le nazisme, il avait eu une réponse évasive.

Et histoire d’ajouter aux craintes que suscitent ce genre de fichiers chez beaucoup de citoyens, les soutiens de Trump citent des exemples qui rappellent des périodes sombres de l’histoire des États-Unis: sur Fox News, Carl Higbie, le porte-parole d’un lobby pro-Trump, a défendu les intentions de l’administration en rapppelant que l’Amérique avait pratiqué des politiques du même genre pendant la Seconde Guerre mondiale vis-à-vis des personnes d’origine japonaise. 120.000 personnes avaient alors été internées dans des camps, dans ce que Ronald Reagan avait qualifié quarante ans plus tard de «grande injustice» de l’histoire américaine. Après les attentats de Paris, de nombreux politiques avaient appelé à la création de camps du même genre pour les immigrants du Moyen-Orient.

Slate

L’ancienne municipalité PS accusée d’avoir fiché les musulmans

Une perquisition a été menée hier matin à la mairie de Mantes-la-Ville, par les enquêteurs de la division des affaires économiques et financières de la police judiciaire de Versailles.

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A l’origine de cette visite des policiers : une plainte adressée anonymement au parquet, dénonçant un fichage des musulmans de la commune par l’ancienne municipalité socialiste. « D’après le courrier, l’idée était d’établir un fichier afin de préparer les élections municipales  (NDLR : de 2014), précise une source proche de l’affaire. Mais en spécifiant la religion des habitants, on tombe quand même dans le fichage ethnique ce qui est illégal ».

« Je tombe des nues ! Je n’ai jamais entendu parler d’un tel fichier que je n’aurais jamais toléré ni cautionné », martèle l’ancienne maire socialiste, Monique Brochot très surprise. « Durant les campagnes électorales il est fréquent de se procurer les listes électorales auprès de l’état civil pour ensuite démarcher des électeurs bien particuliers comme des commerçants, mais il est formellement interdit de les ficher par catégorie », se défend l’ancienne maire, battue en 2014 et désormais conseillère municipale d’opposition.

Un fauteuil que Monique Brochot a perdu au profit de Cyril Nauth (FN) lors de la dernière élection municipale, à l’issue d’une campagne à l’ambiance délétère entre les différents prétendants. La maire sortante avait notamment affronté la précédente maire socialiste, Annette Peulvast, dans une lutte fratricide. A la suite de cette défaite, la ville, bastion de gauche depuis des décennies, était devenue la première commune francilienne dirigée par le Front national.

« Des enquêteurs de la police judiciaire ont effectivement procédé à une perquisition pendant plusieurs heures dans les locaux de l’hôtel de ville à la recherche de documents. La seule chose que je peux vous dire c’est que les faits sur lesquels porte l’enquête concernent la majorité précédente », s’est de son côté contenté de confirmer l’édile frontiste.

Le Parisien