Jean-Marie Le Pen: «La dédiabolisation du FN est une foutaise»

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Le fondateur du Front national nous reçoit dans son bureau à l’étage.

«Trump l’a dit: c’était peut-être la dernière fois que les Américains de souche ont la possibilité d’être majoritaires», glisse Jean-Marie Le Pen, que cette Amérique-ci intéresse davantage. Et de poursuivre: «Trump n’a tenu aucun compte du risque de diabolisation et il a culbuté les uns après les autres les leaders du Parti républicain puis la candidate démocrate. Marine Le Pen a eu tort de baisser le ton sur un certain nombre de sujets qui justement sont en train de monter dans les opinions», analyse la figure historique du FN. «La dédiabolisation est une foutaise», répète-il afin de s’assurer qu’on a bien compris son message.

Soit, Jean-Marie Le Pen ne croit pas en la stratégie de sa fille Marine Le Pen. Et encore moins depuis qu’ils se sont brouillés. D’exclusion en demande de réintégration via les tribunaux, Jean-Marie Le Pen est à nouveau le président d’honneur du Front national. Il est certain par contre que le parti politique redessiné par la main de Marine Le Pen a éloigné l’encombrant personnage suite à un énième dérapage révisionniste. Stratégie payante, semble-t-il: les anciens militants regrettent «le contentieux» mais restent, tandis que de nouveaux sympathisants et cadres du FN rencontrés disent qu’ils n’auraient jamais adhéré au «parti de Jean-Marie».

La discussion s’anime avec un Jean-Marie Le Pen aux capacités intellectuelles toujours aussi vives. Il nous gratifie d’ailleurs d’une petite provocation maison. Son scénario de guerre civile en France? «Imaginez un accrochage à Mantes-la-Jolie entre policiers et jeunes. Trente policiers meurent. Les autres ripostent. Quinze morts. Deux jours après, deux cent mille types descendent sur les Champs-Elysées et ils passent à l’Elysée.» Continuons en citant Le Gorille de Brassens: «Gare au gorille… La suite serait délectable, malheureusement, je ne peux pas la dire.» La version de Jean-Marie Le Pen n’est en rien «délectable», car le président de la République meurt après la trentième fois. «Il paraît», rigole le «Menhir», guettant notre désapprobation.

Nous en sommes là dans les outrances avec le héros de l’extrême droite française, qui veut mettre en évidence la stratégie erronée de sa fille pour la présidentielle de 2017. «Pour l’emporter, il faut de la lucidité et du courage. Marine Le Pen doit dire la vérité et faire ce qu’attendent les Français. Trump a gagné en étant le diable!» Pour le fondateur du Front national, le «grand remplacement» – soit le fantasme de la substitution des populations autochtones par les descendants d’immigrés –, l’explosion démographique du continent africain tout comme la pression migratoire restent les enjeux majeurs sur lesquels Marine Le Pen doit mettre l’accent.

«Elle peut toujours revenir, nous sommes à quelques mois de la présidentielle. Si elle tirait les conséquences de ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, elle rétablirait au plus vite l’unité de son mouvement», lance encore Jean-Marie Le Pen qui, à demi-mot, juge les succès récents du Front national comme étant surtout la conséquence des circonstances. «Remarquez, dans ses discours, Marine Le Pen tient une ligne «Jeanmariste». Ces discours clés sont proches des miens!» souligne-t-il satisfait.

Pourtant, un autre lien perdure entre le père et la fille: l’argent. Via la structure de financement du FN qu’il continue à diriger – la Cotelec (pour «cotisation électorale») – Jean-Marie Le Pen a prêté six millions d’euros à sa fille «parricide» pour qu’elle puisse lancer sa campagne. Le montant de six millions (selon l’hebdomadaire Marianne), il ne le confirme pas. «Il se trouve que les banques prêtent à tout le monde, sauf au Front national. Je remplis donc une mission de service public. Il y a une seule candidate nationale. Et on l’empêche de se financer normalement. Mon devoir est de rétablir une certaine justice au-delà de mes sentiments personnels, qui ne jouent pas dans cette affaire. Je suis sincère», répond sans sourciller Jean-Marie Le Pen

TDG

4 réflexions sur “Jean-Marie Le Pen: «La dédiabolisation du FN est une foutaise»

  1. Valls a dit approximativement que l’élection de Trump révélait qu’il y a un besoin de frontière, de lutte contre l’immigration et de l’islamisme. Le grand remplacement, ils disent tous à peu près la meme chose.

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  2. On retrouve sur les sites identitaires des sources tout ce qu’il y a de plus traditionnel comme Wikipédia.
    -La diffusion de l’islam hors du monde arabo-musulman traditionnel s’explique aussi en partie par la croissance des flux migratoires à partir des pays de religion et de culture musulmane. C’est le cas dans les pays occidentaux où l’immigration de populations musulmanes s’est développée depuis les années 1950. Cette immigration semble toutefois avoir un impact aussi bien démographique, ethnique, religieux et politique dans les pays occidentaux.
    Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l’islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d’ici 2070.
    Cette croissance continue de l’islam s’explique par le fait que les musulmans sont en moyenne plus jeunes et ont plus d’enfants que les membres des autres religions.
    La théorie du grand remplacement est donc une théorie communément admise.
    Lorsque l’on retrouve sur les sites identitaires un meme contenu que sur une source traditionnelle on peut déduire de cette théorie qu’elle est une théorie communément admise.

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  3. Ce que dit le FN, nous devons le dire aussi.
    C’est ce que disent les autres partis.
    Pour résumer les autres partis sont suiveurs.
    J.M.le Pen a donc raison.
    Dédiaboliser le parti est une grosse erreur.
    Les autres partis se radicalisent, se diabolisent, ça démontre qu’il a la bonne tactique politique, qu’il a raison, le FN ne doit pas dédiaboliser,.

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    • Comme l’extreme droite, nos médias mainstream ethnicisent les travers d’individus.
      Les machisme est un travers culturel, religieux, quand on n’entend ça dans un 20Heures de France2 autant dire qu’ethniciser les travers d’individus comme le fait l’extreme droite est une pratique communément admise.
      Les thèses d’extreme droite ne sont pas en marge, elles sont véhiculées dans les médias traditionnels. Sont diffusées à heures de grande écoute et communément admises.

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