Martin, électeur FN : maintenant c’est «nous, les blancs» contre «eux, les Arabes»

Face à cette montée du parti d’extrême droite qui paraît aujourd’hui inexorable, il faut sortir de l’état de sidération pour revenir à l’essentiel : l’électeur du Front national. L’objectif de ce livre est aussi simple à énoncer qu’ambitieux à réaliser. Comprendre comment, et pourquoi, on choisit de glisser un bulletin FN dans l’urne. À l’issue d’entretiens avec des électeurs du parti frontiste, l’auteur décortique leur vie, y cherchant, pour chacun, les traces de cette inflexion politique… 

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La métamorphose mentale de Martin va s’accompagner d’un phénomène que je rencontrerai chez de nombreux autres électeurs du FN : la relecture complète de son passé à travers ses nouveaux yeux de frontiste, concrètement une racialisation de celui-ci.

Sur le terrain il va découvrir que le FN n’est pas perçu comme un parti comme les autres. Quand vous tendez un tract électoral, vous recueillez bien souvent des insultes. Les collages ont lieu la nuit pour éviter de croiser des adversaires politiques et même de simples passants qui pourraient devenir agressifs. L’accueil inamical n’effraie pas Martin, ce dernier trouve y trouvant même la preuve de la justesse de son combat.

« S’ils sont hostiles envers nous c’est qu’on fait des choses qui les dérangent »

Même si la parenthèse de l’activisme va rapidement se refermer, ces quelques mois de militantisme vont endurcir Martin, ses convictions récentes vont s’enraciner. La question de l’immigration va en particulier prendre une grande place dans son positionnement politique. Il est persuadé que la France est en train de subir une invasion, un « grand remplacement ». L’ignorance de Martin en matière d’histoire des migrations est un terrain fertile pour ce genre de fantasme.

« La France a 2 400 ans d’histoire écrite et n’a pas connu de grande migration depuis l’installation des Celtes au deuxième millénaire avant JC »

En plus de son ampleur, c’est l’origine de cette immigration qu’il pointe du doigt.

« Ce qui est regrettable de mon point de vue c’est qu’il y a une part très importante qui vient du Maghreb et d’Afrique. »

Accusant ces migrants d’être quasiment inintégrables du fait de leur culture et de leur religion, il décrit une France parsemée de territoires communautarisés, véritables corps étrangers au sein de la République où ce sont les règles de l’Islam qui font la loi. Dans cette vision fantasmée et apocalyptique d’une France totalement fragmentée, la guerre civile est vue comme un horizon probable.

« Si les choses continuent sur la dynamique actuelle, il y aura beaucoup de violence entre d’une part, les blancs, les Français de souche et d’autre part, une proportion importante des personnes venue de l’immigration extra Européenne, ce qui reproduira quelque chose de similaire avec ce qui s’est passé en Algérie. Si ça venait à se passer comme ça, si les Français de souche venaient à gagner, qu’il y ait une violence qui conduise à cette rémigration, ce serait au prix d’une très grande souffrance, ce ne serait pas souhaitable. Il vaudrait mieux tenter de tarir la source tant que c’est possible. »

Martin veut que le FN lui parle de ce qu’il voit… ou du moins de ce qu’il croit voir, de cette fracture raciale qui l’obsède.

« Je caricature un peu mais maintenant c’est « nous, les blancs » contre « eux, les Arabes. »

On est bien loin de l’idéal républicain. Si Martin ne se retrouve pas dans le discours d’un FN en pleine dédiabolisation, il a par contre de la « sympathie » pour celui décomplexé de la mouvance identitaire.

Atlantico

3 réflexions sur “Martin, électeur FN : maintenant c’est «nous, les blancs» contre «eux, les Arabes»

  1. Je me suis toujours demandé si c’était le français lambda qui copiait les discours d’intellectuels médiatisés ou si c’était les intellectuels qui reprenaient ceux du français lambda.
    Quoiqu’il en soit on peut juste en dire que la France ce n’est plus aujourd’hui que le café du commerce.

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  2. Je me souviens d’un J.F.Khan de Marianne (ou d’autres) qui disait, il faut donner la parole au fn pour mieux le combattre. Quelle farce. Il se fichait du monde en disant ça. On s’en doutait bien d’ailleurs. Il faut donner la parole aux racistes pour mieux les combattre. Quelle escroquerie.

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