«Le prêtre m’a dit que si j’en parlais, j’irais en enfer». Becky Ianni avait 8 ans quand le curé de sa paroisse à Alexandria (Virginie), «un ami de la famille», l’a agressée sexuellement pendant deux ans. Elle n’a pu le dire que 40 ans plus tard.
Son cas est loin d’être isolé : depuis 1950, l’Eglise américaine a reçu des plaintes d’environ 17.000 victimes d’abus commis par environ 6.400 membres de son clergé entre 1950 à 1980. Mais ces chiffres sont «bien inférieurs» à la réalité, souligne Anne Barrett Doyle, co-directrice du site bishop-accountability.org qui recense ces données.
Des experts avaient évoqué au Vatican en 2012 le chiffre de 100.000 enfants victimes d’abus aux Etats-Unis
L’Eglise catholique américaine est même «à court d’argent parce qu’elle a dépensé des milliards de dollars en frais judiciaires et dommages et intérêts», affirme Massimo Faggioli, historien à la faculté de théologie de l’université Saint Thomas, dans le Minnesota.
Depuis les révélations du début des années 2000, elle a dépensé 3 milliards de dollars en procès ou thérapies, selon le site bishop-accountability.com. Neuf diocèses (sur 145) et trois archevêchés (sur 33) ont même déposé le bilan. Mais pour Jack M. Ruhl, spécialiste des finances de l’Eglise américaine et professeur de comptabilité à l’université de Western Michigan, l’institution n’est pas pour autant ruinée car elle reste «très fortunée, détentrice d’une énorme quantité de biens».
Le magazine The Economist avait évalué ses dépenses annuelles en 2010 à 170 milliards de dollars, soit davantage que le chiffre d’affaires de General Electric à la même époque (150 milliards).
