Pédophilie : le carnet secret du prêtre soupçonné d’agressions sexuelles

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Les victimes présumées de l’abbé Pierre de Castelet, l’ancien curé de Lorris mis en examen pour agressions sexuelles lors d’un camp d’été en juillet 1993 dans les Pyrénées sont en possession de son journal intime. Des mémoires entièrement codées qui restent à décrypter avant la fin de l’instruction.

L’abbé de Castelet, ancien prêtre du Mouvement Eucharistique des Jeunes dans le Loiret, ancien aumonier des scouts d’Europe, puis curé de Lorris, est mis en examen depuis 2012 pour agressions sexuelles. Trois victimes présumées ont porté plainte auprès de la justice. Les faits se seraient déroulés pendant un camp d’été dans les Pyrénées, en juillet 1993. Une animatrice du camp avait surpris l’abbé en train de se livrer à des agressions sexuelles. La hiérarchie de l’Eglise, informée, avait rappelé le prêtre mais selon les victimes, elle l’avait ensuite maintenu dans des fonctions qui le mettaient en contact direct avec des jeunes.

Un procès peut-être au printemps 2017

Aujourd’hui, ils sont trois hommes, d’environ 35 ans, à avoir porté plainte contre l’abbé Pierre de Castelet. C’est Jacques Blaquart, l’évêque actuel d’Orléans, qui avait révélé cette affaire de pédophilie présumée au sein du diocèse d’Orléans, lui qui a été le premier à mettre en place une cellule d’écoute pour les victimes. Aujourd’hui, d’autres sont identifiées selon les avocats, mais elles ne porteront pas plainte, ou bien le délai de prescription est écoulé. L’instruction, ouverte en 2012, serait sur le point d’être close, un procès pourrait avoir lieu au printemps. L’abbé, démis de toutes ses fonctions au printemps 2016, est aujourd’hui âgé de 65 ans.

Un carnet crypté à partir des chiffres du zodiaque

Avant la fin du mois de janvier 2017, la date envisagée pour une clôture de l’instruction, les victimes espèrent déchiffrer en partie un document qui les intrigue beaucoup. Un carnet entièrement crypté, à partir des chiffres du zodiaque, sans doute le journal intime de l’abbé Pierre de Castelet. Un document surprenant, d’environ 300 pages, qui couvre la période de 1993 à 2000. Le prêtre parle-t-il des agressions, donne-t-il des détails ? C’est ce que les victimes aimeraient savoir. Mais elles espèrent aussi savoir ce qui s’est dit, à l’époque, entre l’abbé et sa hiérarchie, les trois évêques qui se sont succédés au diocèse d’Orléans avant que Jacques Blaquart ne transmette les plaintes à la justice.

C’est bientôt la fin de l’information judiciaire, il nous reste peu de temps pour traduire quelques pages et pour comprendre comment la hiérarchie a protégé l’abbé de Castelet

Dès 1993, l’évêque en place était informé, puis ses successeurs. Monseigneur André Fort, évêque d’Orléans jusqu’en 2010, a été entendu au cours de l’instruction, sous le statut de témoin assisté, une plainte pour non-dénonciation déposée contre lui a été rejetée. L’abbé de Castelet a été reçu plusieurs fois, il était l’aumonier des scouts d’Europe. Et c’est bien sur le silence de l’Eglise jusqu’en 2011 que s’interrogent les victimes et c’est là-dessus qu’elles aimeraient avoir des explications. Seulement ce carnet intime est difficile à déchiffrer, et le temps est compté. « Pendant ces 17 années, des familles de victimes se sont manifestées » dit Olivier Savignac, le premier à avoir porté plainte. Il avait 13 ans lors de ce camp d’été. « Ce qui nous intéresse c’est la hiérarchie qui l’a protégé et qui l’a laissé auprès des jeunes, pour nous c’est grave. On espère aussi trouver de nouvelles pistes, de nouvelles victimes. Mais le carnet est codé, l’abbé s’était fabriqué son propre code, et nous sommes seuls face à ce carnet, seuls à tenter de le déchiffrer »

France Bleu

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