Quand l’ancien patron de la DGSI demandait à NKM: «Tu me tues Rachida et Fillon»

« Le Monde » a eu accès aux écoutes judiciaires réalisées au printemps 2013 sur le portable l’ex-numéro 1 des renseignements…

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Des methodes peu orthodoxes mises à jour. Aujourd’hui dans le privé, l’ancien numéro du renseignement intérieur sous Sarkozy, Bernard Squarcini, aurait continué pendant longtemps à s’agiter pour aider ses proches, après son départ forcé en 2012. Le 28 septembre dernier, l’ancien patron de la Direction Centrale du renseignement intérieur (DCRI) a ainsi été mis en examen par les juges du pôle financier, pour, notamment, « trafic d’influence » et « détournement de fonds publics ». Le Monde révèle aujourd’hui avoir eu accès à l’enquête des juges et aux écoutes judiciaires pratiquées en mars et avril 2013 sur le téléphone portable du « Squale ».

Et cette enquête met au jour un « système de renseignement parallèle, délictueux, au croisement des mondes économiques, politiques et policiers ».

L’affaire Cahuzac

Quand éclate l’affaire Cahuzac, en avril 2013, des doutes naissent quant à la connaissance des comptes du ministre par François Hollande. Michel Gaudin, ancien directeur général de la police devenu directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, demande alors au Squale : « On ne peut pas récupérer une note là » ? Bernard Squarcini répond qu’il va « essayer » et estime que « bien sûr », « ils étaient au courant ».

Au printemps 2016, lors d’une perquisition, la dite note est retrouvée dans un coffre loué par le « Squale » à la banque. Sans aucune preuve, elle affirme que l’argent placé en Suisse, qui « n’appartiendrait pas qu’à Monsieur Cahuzac » aurait servi à un financement illicite du PS et de DSK. « Il est question que Monsieur Hollande aurait été mis au courant des problèmes de Monsieur Cahuzac et qu’il aurait refusé sa démission avant les aveux officiels », poursuit cette note aux accusations lourdes que « rien ne vient étayer », rappelle le quotidien.

« Tu me tues Rachida et Fillon »

Plus loin, les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme reviennent sur un autre échange daté de mars 2013 entre Bernard Squarcini, aujourd’hui au service de Bernard Arnault, LVMH et Nathalie Kosciusko-Morizet. Celle qui est aujourd’hui candidate à la primaire de la droite et du centre devait constituer les listes municipales avant la bataille pour la mairie de Paris. Lors de ces élections, le « Squale » tente de ménager les intérêts du couple Tibéri aux dépens de deux de ses ennemis, Rachida Dati et François Fillon.

« Bon, allez, tu me tues Rachida et Fillon », lance-t-il à NKM. Et cette dernière de lui répondre : « Je vais te dire, le meilleur moyen de la tuer, c’est d’éteindre (…) Et Fillon, c’est pareil, faut pas le tuer publiquement, faut l’éteindre. » S’en suit alors un échange moqueur sur l’identité du père de l’enfant de Rachida Dati, sur lequel la DCRI version Squarcini avait enquêté. « C’est vraiment une… », balance NKM, sans terminer sa phrase.

Une fiche S effacée

Mais les relations de l’ex-chef du renseignement lui auraient également permis d’aider des proches moins connus. En octobre 2015, souligne de son côté L’Obs, Bernard Squarcini apprend que le milliardaire russe Andreï Skoch est fiché S. Ce dernier, proche de la mafia et des trafiquants d’armes selon la presse russe, souhaite voir son nom effacé du fichier S. Une demande légale mais rarement accordée.

Pourtant, en décembre 2015, la 18e fortune de Russie n’est plus considérée comme une menace à la sûreté de l’Etat. Selon L’Obs, une enquête est toujours en cours, alors que Bernard Squarcini affirme ne pas être impliqué.

Toujours le « chef » du renseignement

Bernard Squarcini semble avoir gardé de nombreux amis au siège de la DGSI (direction générale de la Sécurité intérieure, ex-DCRI). Ainsi, un major qui l’appelle toujours « chef » a scruté les environs de la station de ski de Courchevel, en Savoie, où séjournait la famille Arnault pendant les vacances. « Ce n’est pas un voyou, ma hiérarchie était au courant », tente de défendre le major.

Au vu de l’enquête du Monde, comme il l’a dit lui-même en garde à vue, Bernard Squarcini a bien « gardé un esprit identique que celui qui [l]’accompagnait en [s] a qualité de haut fonctionnaire ».

20 Minutes

Il gifle et insulte une avocate : un commissaire de la DGSI condamné à une amende

Les faits se seraient déroulés lors de l’interrogatoire d’un client de l’avocate. Le policier a annoncé qu’il comptait faire appel de cette décision.

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Un commissaire de police a été condamné à 3 000 euros d’amende, mardi 6 septembre, pour avoir giflé une avocate lors d’une garde à vue au siège de la Direction centrale du renseignement intérieur. L’homme compte d’ores et déjà faire appel de la sanction.

Le tribunal correctionnel de Nanterre l’a pourtant déclaré coupable de « violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique sur un avocat dans l’exercice de ses fonctions », en acceptant que cette condamnation ne figure pas au bulletin numéro 2 de son casier judiciaire. Seulement, le policier de 58 ans nie les faits. En plus de l’amende, il a en outre été condamné à verser près de 9 000 euros de dommages et intérêts à l’avocate pour son préjudice – douleur, arrêt de travail, dépenses de santé – et un euro à l’ordre des avocats des Hauts-de-Seine, également partie civile. Le commissaire, dont l’identité est protégée en raison de ses fonctions à la DGSI, « va faire appel du jugement », a réagi son avocat, Me Thibault de Montbrial. De son côté, le conseil de l’avocate n’a pas souhaité faire de commentaires.

Le policier l’aurait giflée et traitée de « petite conne »

Le procureur avait requis fin juin deux mois d’emprisonnement avec sursis et 3 000 euros d’amende à l’encontre du policier, estimant qu’il « y a des témoins » et que « les faits sont médicalement constatés ». La scène s’était déroulée le 1er avril 2014, à huis clos, au quatrième sous-sol des locaux du service antiterroriste et de contre-espionnage à Levallois-Perret. Interrogé sur l’identité du kamikaze qui avait perpétré un attentat à l’aéroport de Bourgas, en Bulgarie, en 2012, le client de l’avocate avait décidé de garder le silence.

Après deux auditions par des capitaines, leur supérieur, commissaire très bien noté, avait emmené l’homme et son avocate dans une pièce adjacente pour tenter de l’inciter à parler. L’avocate raconte que le policier en avait profité pour assurer à son client qu’il ne risquait pas d’être mis en cause. Inquiète des « pressions » induites par cet entretien informel, elle avait souhaité que cette remarque soit consignée dans la procédure et le commissaire l’avait alors, selon elle, giflée et traitée de « petite conne ».

L’accusé est aujourd’hui « un des plus grands flics de France »

Son client, seul témoin de la scène, affirme avoir vu la gifle. Les deux capitaines racontent avoir entendu du brouhaha puis trouvé l’avocate hors de la pièce « les bras ballants ». Le policier raconte pour sa part avoir expliqué au gardé à vue que « s’il n’avait rien à se reprocher, il avait intérêt à s’expliquer » puis, excédé par le « ton de mépris » de l’avocate, avoir quitté la pièce en claquant la porte. Il maintient qu’il n’a « pas levé la main sur elle ».

L’avocate de 40 ans, qui souhaite garder l’anonymat, s’était vu prescrire 20 jours d’incapacité totale de travail pour des raisons psychologiques. Un médecin avait aussi noté une « gêne discrète » dans la rotation de sa tête. L’IGPN, la police des polices, avait été saisie. Aucune mesure disciplinaire n’avait été prise à l’encontre du commissaire au moment de sa mise en examen. Selon son avocat, il est aujourd’hui « un des plus grands flics de France ».

Le Point

Le commissaire de la DGSI accusé d’avoir giflé une avocate sera jugé le 28 juin

Mis en examen après une enquête interne, le fonctionnaire comparaîtra pour violences volontaires. Il serait également impliqué dans une autre affaire.

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 Alors qu’il est censé occuper de nouvelles responsabilités au centre d’écoute de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Boullay-les-Troux, en remplacement de Paul-Antoine Tomi parti rejoindre la préfecture de police, le commissaire G., 58 ans, vient d’apprendre que le parquet de Nanterre le renvoie devant le tribunal correctionnel le 28 juin.

Une information confirmée par le cabinet du procureur. En avril 2014, il avait été accusé par une avocate de l’avoir giflée et insultée durant l’audition de son client dans les bureaux de la centrale du Renseignement à Levallois. L’auxiliaire de justice s’était vue prescrire 20 jours d’ITT. L’enquête de l’IGPN, la police des polices, a corroboré la version de la robe noire. Une confrontation a même été organisée entre les deux protagonistes.

Ancien inspecteur, ce cadre de la DGSI est devenu commissaire au choix. Il a effectué une partie de sa carrière au sein du service antiterroriste du 36, quai des Orfèvres, puis à la direction de la Sûreté du territoire.

Seconde affaire de violence

Le mois dernier, le commissaire G. a de nouveau usé de ses poings à l’encontre d’une syndicaliste venue plaider la cause de son compagnon, agent de la sécurité intérieure, comme elle. La discussion s’est terminée en pugilat.

Plusieurs sources évoquent une ITT de 60 jours. Et les faits seraient susceptibles de poursuites pénales. Selon nos informations, aucune plainte n’a été déposée, mais un arrangement à l’amiable a été négocié. Sous le couvert de l’article 25 du décret du 9 mai 1995 sur le statut des fonctionnaires de police, qui permet une mutation dite dans l’intérêt du service, le couple a obtenu son départ dans le sud-ouest de la France ainsi qu’il en avait émis le vœu.

Aucun des trois protagonistes de ce dernier événement n’a fait l’objet d’un retrait d’habilitation secret-défense. Rappelons qu’au sein de la DGSI, des policiers ont déjà été déshabilités après un conseil de discipline pour avoir par exemple roulé dans un couloir de bus…

La DGSI a été prévenue en juin 2015 qu’Abaaoud préparait une attaque contre la France

141 jours exactement avant l’attaque du 13 novembre, Nicolas, un Français revenu de Syrie, avait prévenu la DGSI qu’un certain Abdelhamid Abaaoud était en train de monter une opération « visant la France ».

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Le 24 juin 2015, quatre mois et vingt jours avant les attentats de Paris qui ont provoqué la mort de 130 personnes et blessé plusieurs centaines d’autres, un homme avait averti qu’un carnage se préparait. En France et en Belgique. Il ne savait pas où ni quand. Mais il affirmait qu’Abaaoud, un djihadiste belge qui s’était illustré sur les réseaux sociaux en traînant les corps de victimes derrière un 4×4 en Syrie, avait reçu un permis de tuer en Europe.

Nicolas, 31 ans, rentrait de Syrie. Après seize mois passés à Raqqa et dans la plaine de Fallouja, dégoûté parce qu’il y avait vu et vécu, du moins c’est ce qu’il affirme, il s’était rendu aux autorités turques, qui l’avaient immédiatement remis à la France.

Ce qui devait être un ­débriefing de routine pour les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) s’est transformé en macabre prédiction. Les hommes du renseignement qui ­enchaînent ce type d’interrogatoire de returners ont-ils pris au sérieux ce jeune « repenti » hâbleur qui prétendait avoir des informations cruciales et proposait de les monnayer contre sa liberté?

Le JDD