Syrie : une ONG porte plainte contre Lafarge pour financement de Daesh
Cinq mois après les révélations du Monde sur Lafarge, l’ONG Sherpa a déposé plainte à Paris contre le cimentier français notamment pour financement du terrorisme. Le quotidien avait publié en juin une enquête sur «les troubles arrangements» de Lafarge avec l’organisation Etat islamique.
La plainte avec constitution de partie civile a été déposée mardi auprès du doyen des juges d’instruction, au nom de Sherpa, association spécialisée dans la «défense de victimes de crimes économiques», du Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’Homme (ECCHR) et de onze anciens employés du groupe en Syrie, pour obtenir l’ouverture d’une information judiciaire.
Elle vise des faits de financement du terrorisme, complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mise en danger, exploitation abusive du travail et négligence.
Comment le cimentier Lafarge a travaillé avec Daesh en Syrie

La cimenterie du groupe français Lafarge à Jalabiya, dans le nord de la Syrie, a payé des taxes à l’organisation Etat islamique entre 2013 et 2014, afin de continuer à fonctionner pendant la guerre. Inaugurée en 2010, la cimenterie de Jalabiya, dans le nord-est de la Syrie, était le fleuron du cimentier français au Proche-Orient. Mais l’année suivante, la guerre civile a éclaté. La direction de l’usine a cherché à la faire fonctionner le plus longtemps possible dans un environnement dangereux et instable.
- Financement indirect de l’organisation djihadiste
A partir de 2013, la présence de l’organisation Etat islamique (EI) dans la région a contraint la cimenterie à négocier des droits de passage aux checkpoints tenus par les djihadistes pour ses camions. Il a aussi fallu se fournir auprès des négociants en pétrole, dont les champs étaient tenus par l’EI. Pendant un peu plus d’un an, Lafarge a ainsi indirectement financé l’organisation djihadiste. Jusqu’à ce que l’EI s’empare du site le 19 septembre 2014 et que Lafarge cesse ses activités.
- L’usine abrite désormais les forces spéciales occidentales
En février 2015, le site est pris par la milice kurde des YPG, soutenue par la coalition internationale contre l’EI. Désormais, la cimenterie désaffectée sert de base aux forces spéciales occidentales, françaises, américaines et britanniques, qui soutiennent discrètement les forces kurdo-arabes dans leur offensive en cours contre les djihadistes à Manbij et Rakka.
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