La sphère «ultracatholique» fabrique de faux graphiques pour défendre les prêtres pédophiles

C’est un graphique destiné à frapper les esprits, qui connaît un certain succès sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines, notamment dans les sphères « ultracatholiques ». Un cas d’école pour ce qui est de manipuler les chiffres.

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Sur la foi d’un rapport officiel dont l’adresse Internet est rappelée sous le graphe, l’idée est de montrer que les abus sexuels commis sur des enfants par des prêtres catholiques américains sont bien peu de chose, en nombre, par rapport à d’autres professions qui sont au contact d’enfants.

1. Un graphique qui circule depuis 2006 aux Etats-Unis

Voici la version américaine, qui circule depuis 2011 outre-Atlantique dans les mêmes cercles réactionnaires, par exemple ce blog :

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Cette étude et le comparatif fait par son auteure, Charol Shakeshaft, qui avait dit en 2006 que « les abus sexuels sur les élèves des écoles [publiques] sont sans doute 100 fois plus importants que les abus commis par des prêtres [catholiques] », avaient déjà fait couler beaucoup d’encre aux Etats-Unis.

Une estimation basse

La Conférence épiscopale américaine a fourni des chiffres plus récents, évoquant 16 787 personnes s’étant signalées comme victimes d’abus sexuels de la part de prêtres entre 1950 et 2012. Soit 270 par an.

Il ne s’agit là, comme pour le chiffre du graphique, que de personnes qui ont, souvent des dizaines d’années après les faits, eu le courage de se signaler auprès des autorités ecclésiastiques. C’est donc selon toute probabilité une estimation basse.

L’église américaine a, chaque année depuis 2003, dédommagé des victimes, sans qu’on sache toujours combien ont bénéficié de ces dédommagements. Une totalisation partielle donne environ 13 000 bénéficiaires entre 2002 et 2009.

Le Monde

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