Le privilège de Saint-Romain ou quand l’Église graciait les assassins

Alors que dans quatre jours la foire Saint-Romain doit s’ouvrir, retour sur une ancienne pratique dont la première mention remonte en 1210. Le pouvoir de gracier une fois l’an, un condamné avait été accordé à l’Église de Rouen après qu’un condamné à mort eut débarrassé la ville d’un monstre : la Gargouille, qui hantait les marais.
Depuis, chaque année, un condamné était choisi. Au cours d’une cérémonie, il devait, sur la Fierte, monument qui existe encore, place de la Haute Vieille Tour, soulever les reliques de Saint-Romain et, ainsi, gagnait de rester en vie.
Ce privilège dit du prisonnier était fort connu en Normandie et même au-delà, et on se bousculait pour en bénéficier. Mais il occasionna aussi des tensions avec le pouvoir royal, qui n’appréciait pas de partager une sienne prérogative, de même que vis-à-vis du clergé : la fête, devenue très populaire, était moins religieuse que célébrant le prisonnier. Elle dura néanmoins du début du XIIIe siècle à 1789.
En près de sept siècles, le privilège a permis de libérer au moins 15 voleurs, 6 violeurs, 9 infanticides, 3 faux monnayeurs et plus de 350 assassins. Sur cet usage de la grâce du prisonnier, un jeune lycéen de Yainville, Bruno Bertheuil et un de Duclair, Laurent Dutrait, ont, dans les années 1975 réalisé une étude que récompensa un deuxième prix national, remis alors par Jack Lang.