« Salah Abdeslam fréquentait les casinos. En revanche, les mosquées… »

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Glandouille, fête, shit : du côté de Molenbeek, Salah Abdeslam est longtemps passé pour un « sorteur ». Au lendemain des attentats du 13 novembre, sa petite amie, Yasmina, confessera aux policiers belges :

« Durant les trois quarts de sa vie, il sortait en boîte. Il ne priait même pas à l’heure. »

Mais le jeune homme n’allait pas qu’en boîte de nuit… Il était aussi un habitué des salles de jeux. Interrogé sur la pratique religieuse du terroriste, un de ses amis répondra :

« Je sais qu’il fréquentait les casinos, mais les mosquées… »

En Belgique, chaque passage de joueur est enregistré et filmé. Les enquêteurs ont donc une connaissances précises des allées et venues de Salah Abdeslam dans les casinos du pays. La première date de septembre 2010. Il vient d’avoir 21 ans, l’âge légal pour pénétrer dans un établissement de jeu. Très vite, il devient un mordu.

Selon nos informations, l’intéressé aurait ainsi franchi les sas de sécurité une centaine de fois en 2012. Le Twenty One Game, un petit casino situé chaussée de Gand à Molenbeek, est son spot favori. A l’époque, il lui arrive de s’y rendre aux petites heures du matin, entre 5 et 6 heures.

Les derniers secrets de Salah Abdeslam, un djihadiste si différent des autres

Après quelques mois de pause, il reprend en 2015 la route des machines à sous. Cette année-là, il va une cinquantaine de fois au Golden Palace et au Zenith, deux salles de jeux du centre de Bruxelles. L’homme n’a rien d’un flambeur. L’un des salariés du Golden Palace nous confie :

« Il misait 10 ou 20 balles, surtout sur des machines à 50 centimes. Je l’avais d’ailleurs croisé dans d’autres casinos. Il n’a jamais posé de problème et venait parfois tout seul. »

Il lui arrive aussi de venir accompagné. On retrouvera tous ses potes de jeu dans le dossier du 13 novembre : Mohammed Amri, Hamza Attou, Ali Oulkadi. Ou encore Ahmed Dahmani, un copain d’enfance de Salah arrêté en Turquie le 16 novembre alors qu’il tentait de gagner la Syrie. Ce dernier a été repéré à 17 reprises dans une salle de jeux en 2015.

Salah Abdeslam se rend aussi souvent au casino avec un certain Ismaïl T., proche du grand banditisme. Sa dernière virée dans un casino remonte au 8 novembre 2015 vers 22 heures. Cinq jours avant les attentats.

L’Obs

Après les attentats, la soirée shit et McDo de Salah Abdeslam avec des lycéens

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Le 13 novembre, comme bien des vendredis, Tom* squatte avec ses copains la cage d’escalier d’une des tours de la Cité Vauban à Châtillon, dans les Hauts-de-Seine. La petite bande de lycéens fume, discute, fait des allers-retours au McDonald’s situé juste en bas pour se ravitailler.

Le soir des attentats de Paris, vers 1 heure du matin, un inconnu débarque au neuvième étage, connu pour être un lieu de trafic de shit. A la main, il tient un menu acheté au McDonald’s, et cherche un endroit calme pour manger et se reposer. Il est « sympa » et passera une partie de la nuit à fumer et discuter avec les lycéens, raconte Tom, que « l’Obs » a retrouvé et longuement interrogé.

Eux ne savent pas qu’il s’appelle Salah Abdeslam, et qu’il vient de renoncer (ou d’échouer) à activer sa ceinture d’explosifs en même temps que son frère et ses amis de Molenbeek. Cet épisode surréaliste contribue à épaissir encore le mystère qui entoure le seul membre vivant des commandos de Paris.

Les joints tournent

Tom, 17 ans et élève en première, se souvient :

« On mangeait notre McDo avec deux copains quand on l’a vu arriver vers 1 heure du matin. Il avait l’air d’un mec normal, qui n’a rien à faire. On a commencé à discuter, il était sympa, alors il est resté avec nous. »

« Il voulait manger puis dormir je crois, alors il a demandé à un gars du McDo d’en bas de lui indiquer un endroit calme. »

A moins que le petit voyou de Molenbeek n’ait demandé un endroit où acheter de quoi fumer du shit. Abdeslam n’a pas très faim et propose ses frites à ses nouveaux amis. Les joints tournent, les têtes aussi. Tom explique encore :

« Il nous a beaucoup parlé de lui, il nous a raconté qu’il travaillait dans la maintenance des trams en Belgique. Il nous a parlé de sa fiancée, il nous a dit qu’il allait bientôt se marier. »

Salah évoque en fait une vie révolue. Il a été licencié de la Stib (les transports bruxellois) en 2011. Trois jours avant les attentats, il a dit au revoir à sa petite amie.

Salah reste de marbre

Au cours de la discussion, les portables des lycéens ne cessent de vibrer : des alertes sur le bilan des victimes qui s’alourdit tout au long de la nuit. Salah ne laisse rien paraître. Il reste de marbre en regardant, derrière l’épaule d’un des lycéens, la vidéo amateur montrant les terroristes du Bataclan tirer sur les forces de l’ordre. Ni exalté, ni atterré, juste « curieux », se souvient Tom.

Vers 4 heures, la petite bande lève le camp. Salah se met en boule, dans un coin, pour dormir. Ses deux copains belges viendront le chercher au petit matin pour l’exfiltrer vers Bruxelles. Ils seront arrêtés plusieurs fois aux barrages mis en place par les autorités après les attentats, mais ne seront pas interpellés.

Deux jours plus tard, les lycéens découvriront, éberlués, le visage de leur étrange compagnon d’une nuit sur un avis de recherche.

L’Obs