Alain de Benoist, idéologue d’extrême droite, accueilli à bras ouverts à Sciences Po

alain_de_benoist

Qui le reconnaît, dans la file d’attente soigneusement filtrée de la rue Saint-Guillaume ? Personne. Alain de Benoist a 72 ans, et la nouvelle droite, dont il était la figure de proue à la fin des années 1970, n’est plus de la première fraîcheur. « Ça me rajeunit : la dernière fois que j’étais venu, je n’étais pas à la place du prof », s’est d’ailleurs amusé l’idéologue devant la cinquantaine de personnes qui s’entassaient, mercredi soir 20 avril, dans l’une des salles de Sciences Po Paris, afin de l’écouter plancher deux heures durant sur « Modernité, libéralisme et pensée unique » – trois de ses « fléaux » préférés.(…)

Alain de Benoist dénonce les « génuflexions » imposées devant l’« idéologie des droits de l’homme » (thème de l’un de ses récents livres publié chez Pierre-Guillaume de Roux), fustige l’« expertocratie » et « l’idéologie du même », moque les « pulsions universalistes » qui voudraient que « les hommes soient partout semblables », soupire devant les « bêtises » de Najat Vallaud-Belkacem sur la théorie du genre. « Des femmes qui sont des hommes comme les autres… On verra, l’idéal, quand la majorité des femmes seront des éboueures et que les hommes feront le ménage ! »(…)

Alain de Benoist donne le signal du départ, sous des tonnerres d’applaudissements, en saluant Nuit debout : « Le peuple se lève tôt, il n’a pas les moyens de se transformer en noctambule. » Pas un mot sur le Hidjab Day, qui a occupé les médias à défaut d’avoir conquis « la Péniche » (le hall de l’institution parisienne), et réuni moins de fans que l’idéologue un étage plus haut.

L’orateur s’éclipse pour dîner, encore tout surpris, selon un proche, que son intervention n’ait pas été annulée. « On a besoin de fond », expliquent les étudiants pour justifier l’invitation. « Les associations étudiantes ont une grande liberté dans l’organisation d’événements », note de son côté l’administration de Sciences Po, prévenue en bonne et due forme.

Le Monde

Tout commentaire à caractère raciste, diffamatoire ou incitant à la haine envers quelconque communauté sera supprimé et pourra donner lieu à des poursuites judiciaires, conformément à la législation en vigueur.