Nice: des mamans voilées obligées de surveiller leurs enfants de loin pour ne pas se faire verbaliser sur la plage

Assise à quelques mètres de la plage Saint-Hélène, Henda surveille de loin ses enfants qui profitent d’une Méditerranée couleur azur. À 44 ans, cette Grassoise a, comme souvent quand le ciel est clément, pris le bus jusqu’à Nice pour profiter de la mer. 

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Son petit garçon revient de la plage en courant, les cheveux et le corps entièrement trempés, elle sort immédiatement une serviette mauve de son sac et enroule Marwane dedans. Il est 15h ce jeudi, il fait un soleil de plomb, le thermomètre indique 29 degrés. Mais Henda ne ressent pas la chaleur sous son voile gris, vert et rose. «Oh j’ai l’habitude, vous savez», sourit celle qui porte le voile depuis plus de 10 ans.

La veille, Henda n’était pas sur un banc mais sur la plage, assise à quelques mètres de l’eau. Mais elle sait que si elle remet les pieds sur les galets, elle risque d’être verbalisée par les policiers municipaux qui appliquent l’arrêté municipal interdisant «sur la commune de Nice l’accès aux plages publiques, aux sites de mise à l’eau ainsi qu’à la baignade à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonne mœurs et de la laïcité».

«Ça me dérange et ça me rend folle de ne pas pouvoir surveiller mes enfants de plus près ou de mettre mes pieds dans l’eau, mais qu’est-ce qu’on peut faire?»

«Le regard des gens a changé depuis quelque temps, il y a de la peur»

Si elle ne comprend toujours pas pourquoi elle est vue comme une «menace» aux yeux de certains politiques, ne pas correctement veiller sur ses enfants la rend furieuse. «Ça me dérange et ça me rend folle de ne pas pouvoir surveiller mes enfants de plus près ou de mettre mes pieds dans l’eau, mais qu’est-ce qu’on peut faire?» Et elle n’a pas beaucoup plus confiance en l’avenir. «Le regard des gens a changé depuis quelque temps, il y a de la peur chez eux. Je le sens bien et je l’entends dans certains de leurs commentaires. J’en suis à me dire que si la prochaine décision c’est d’interdir le voile partout, alors je déménagerai.»

«On nous interdit la plage, et après? Les jardins publics et les cinémas?»

Pour Cheyma également, terminées les baignades à Nice. Cette maman de 25 ans d’un petit garçon en bas âge vit ici depuis ses 9 ans, et porte le voile depuis ses 18 ans. Elle s’est toujours baignée habillée à Nice ou sur la plage de Villeneuve-Loubet sans que cela ne gêne personne. «Aujourd’hui, on fait du burkini toute une affaire d’État comme si la vie des gens en dépendaitOn cherche des problèmes où il n’y en a pas, dit elle. On critique les femmes voilées en disant qu’elles sont soumises et oppressées mais ce sont ces lois ridicules qui nous oppressent en nous interdisant de nous vêtir comme on le souhaite, où on le souhaite.»

Depuis quelques jours, elle préfère se rendre près d’un lac où elle peut se reposer avec son fils et son mari. L’avenir s’écrit pour le moment en pointillés et pas forcément à Nice, même si imaginer une vie ailleurs est difficile. «On discute beaucoup avec mon époux de l’idée de partir, raconte la jeune maman. On nous interdit la plage, et après? On va nous interdire les jardins publics et les cinémas? J’ai peur pour l’avenir de mon enfant. Mais fuir, ça changera quoi? Toute ma famille est ici, je ne vais abandonner mes proches, dit-elle. Tout ce qu’il faut c’est garder espoir… mais jusqu’à quel prochain arrêté?»

Buzzfeed

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